I. 32
que nous avions ficelée tant bien que mal sur la galerie de la voiture, un
vieux diesel dont il n'avait pas coupé le moteur et qui continuait
de ronronner au ralenti sur la place, puis il m'avait indiqué la direction
du seul hôtel du village, qui se trouvait non loin de là, en bordure du port.
J'avais remis d'aplomb la poussette de mon fils et, laissant mes valises
à l'abandon à côté d'un banc, j'avais pris la direction de l'hôtel, mon
fils devant moi dans la poussette, qui ne se préoccupait de rien, absorbé
qu'il était dans la contemplation de son phoque en peluche, qu'il tournait
et retournait entre ses mains pour l'examiner à l'infini sous toutes les
coutures. L'entrée de l'hôtel présentait un petit perron fleuri, au haut
duquel s'ouvrait une double porte vitrée, et je pris la poussette à bout
de bras pour gravir les quelques marches du perron. J'avais à peine poussé
la porte de l'hôtel que je me trouvai en présence d'un homme accroupi par
terre dans l'entrée, une serpillière à la main, qui, sans se relever, con-
sidéra avec méfiance la poussette que je tenais à bout de bras devant lui.
Ne sachant trop où la poser tant le sol semblait propre et entretenu avec
soin, je gardai la poussette dans les mains et, comme je lui demandais s'il
serait possible d'avoir une chambre pour la nuit, mon fils lâcha le phoque,
qui alla rebondir sur la tête de l'hôtellier avant de tomber par terre (je
le savais, je le savais).
MLa chambrequ'on m'avait attribuéese trouvait au deuxième étage de l'hôtel, dans une partie un
peu retirée de la bâtisse. Les murs, humides et sales,étaient tapissés d'un vieux tissu orange
qui semblait avoir été judicieusement assorti aux nuances plus sombres des
différentes fleurs brunes du couvre-lit et des rideaux. A côté du grand lit
à barreaux qui occupait le centre de la pièce, sur la petite carpette rapiécée
qui faisait figure de descente de lit, j'avais monté le lit de voyage de
mon fils, qui consistait en un assemblage de tubes métalliques jaunes et
creux qui s'emboîtaient les uns dans les autres pour composer une structure
rigide rectangulaire, sorte de petit centre Pompidou qui servait de nid naturel
à une confortable enveloppe de tissu multicolore dans laquelle mon filsj'avais disposé des coussins.
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que nous avions ficelée tant bien que mal sur la galerie de la voiture, un
vieux diesel dont il n'avait pas coupé le moteur et qui continuait
de ronronner au ralenti sur la place, puis il m'avait indiqué la direction
du seul hôtel du village, qui se trouvait non loin de là, en bordure du port.
J'avais remis d'aplomb la poussette de mon fils et, laissant mes valises
à l'abandon à côté d'un banc, j'avais pris la direction de l'hôtel, mon
fils devant moi dans la poussette, qui ne se préoccupait de rien, absorbé
qu'il était dans la contemplation de son phoque en peluche, qu'il tournait
et retournait entre ses mains pour l'examiner à l'infini sous toutes les
coutures. L'entrée de l'hôtel présentait un petit perron fleuri, au haut
duquel s'ouvrait une double porte vitrée, et je pris la poussette à bout
de bras pour gravir les quelques marches du perron. J'avais à peine poussé
la porte de l'hôtel que je me trouvai en présence d'un homme accroupi par
terre dans l'entrée, une serpillière à la main, qui, sans se relever, con-
sidéra avec méfiance la poussette que je tenais à bout de bras devant lui.
Ne sachant trop où la poser tant le sol semblait propre et entretenu avec
soin, je gardai la poussette dans les mains et, comme je lui demandais s'il
serait possible d'avoir une chambre pour la nuit, mon fils lâcha le phoque,
qui alla rebondir sur la tête de l'hôtellier avant de tomber par terre (je
le savais, je le savais).
Ma chambrese trouvait au deuxième étage de l'hôtel, dans une partie un
peu retirée de la bâtisse. Les mursétaient tapissés d'un vieux tissu orange
qui semblait avoir été judicieusement assorti aux nuances plus sombres des
différentes fleurs brunes du couvre-lit et des rideaux. A côté du grand lit
à barreaux qui occupait le centre de la pièce, sur la petite carpette rapiécée
qui faisait figure de descente de lit, j'avais monté le lit de voyage de
mon fils, qui consistait en un assemblage de tubes métalliques jaunes et
creux qui s'emboîtaient les uns dans les autres pour composer une structure
rigide rectangulaire, sorte de petit centre Pompidou qui servait de nid naturel
à une confortable enveloppe de tissu multicolore dans laquelle mon fils
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que nous avions ficelée tant bien que mal sur la galerie de la voiture, un
vieux diesel dont il n'avait pas coupé le moteur et qui continuait
de ronronner au ralenti sur la place, puis il m'avait indiqué la direction
du seul hôtel du village, qui se trouvait non loin de là, en bordure du port.
J'avais remis d'aplomb la poussette de mon fils et, laissant mes valises
à l'abandon à côté d'un banc, j'avais pris la direction de l'hôtel, mon
fils devant moi dans la poussette, qui ne se préoccupait de rien, absorbé
qu'il était dans la contemplation de son phoque en peluche, qu'il tournait
et retournait entre ses mains pour l'examiner à l'infini sous toutes les
coutures. L'entrée de l'hôtel présentait un petit perron fleuri, au haut
duquel s'ouvrait une double porte vitrée, et je pris la poussette à bout
de bras pour gravir les quelques marches du perron. J'avais à peine poussé
la porte de l'hôtel que je me trouvai en présence d'un homme accroupi par
terre dans l'entrée, une serpillière à la main, qui, sans se relever, con-
sidéra avec méfiance la poussette que je tenais à bout de bras devant lui.
Ne sachant trop où la poser tant le sol semblait propre et entretenu avec
soin, je gardai la poussette dans les mains et, comme je lui demandais s'il
serait possible d'avoir une chambre pour la nuit, mon fils lâcha le phoque,
qui alla rebondir sur la tête de l'hôtellier avant de tomber par terre (je
le savais, je le savais).
MLa chambrequ'on m'avait attribuéese trouvait au deuxième étage de l'hôtel, dans une partie un
peu retirée de la bâtisse. Les murs, humides et sales,étaient tapissés d'un vieux tissu orange
qui semblait avoir été judicieusement assorti aux nuances plus sombres des
différentes fleurs brunes du couvre-lit et des rideaux. A côté du grand lit
à barreaux qui occupait le centre de la pièce, sur la petite carpette rapiécée
qui faisait figure de descente de lit, j'avais monté le lit de voyage de
mon fils, qui consistait en un assemblage de tubes métalliques jaunes et
creux qui s'emboîtaient les uns dans les autres pour composer une structure
rigide rectangulaire, sorte de petit centre Pompidou qui servait de nid naturel
à une confortable enveloppe de tissu multicolore dans laquelle mon filsj'avais disposé des coussins.
I. 32
que nous avions ficelée tant bien que mal sur la galerie de la voiture, un
vieux diesel dont il n'avait pas coupé le moteur et qui continuait
de ronronner au ralenti sur la place, puis il m'avait indiqué la direction
du seul hôtel du village, qui se trouvait non loin de là, en bordure du port.
J'avais remis d'aplomb la poussette de mon fils et, laissant mes valises
à l'abandon à côté d'un banc, j'avais pris la direction de l'hôtel, mon
fils devant moi dans la poussette, qui ne se préoccupait de rien, absorbé
qu'il était dans la contemplation de son phoque en peluche, qu'il tournait
et retournait entre ses mains pour l'examiner à l'infini sous toutes les
coutures. L'entrée de l'hôtel présentait un petit perron fleuri, au haut
duquel s'ouvrait une double porte vitrée, et je pris la poussette à bout
de bras pour gravir les quelques marches du perron. J'avais à peine poussé
la porte de l'hôtel que je me trouvai en présence d'un homme accroupi par
terre dans l'entrée, une serpillière à la main, qui, sans se relever, con-
sidéra avec méfiance la poussette que je tenais à bout de bras devant lui.
Ne sachant trop où la poser tant le sol semblait propre et entretenu avec
soin, je gardai la poussette dans les mains et, comme je lui demandais s'il
serait possible d'avoir une chambre pour la nuit, mon fils lâcha le phoque,
qui alla rebondir sur la tête de l'hôtellier avant de tomber par terre (je
le savais, je le savais).
Ma chambrese trouvait au deuxième étage de l'hôtel, dans une partie un
peu retirée de la bâtisse. Les mursétaient tapissés d'un vieux tissu orange
qui semblait avoir été judicieusement assorti aux nuances plus sombres des
différentes fleurs brunes du couvre-lit et des rideaux. A côté du grand lit
à barreaux qui occupait le centre de la pièce, sur la petite carpette rapiécée
qui faisait figure de descente de lit, j'avais monté le lit de voyage de
mon fils, qui consistait en un assemblage de tubes métalliques jaunes et
creux qui s'emboîtaient les uns dans les autres pour composer une structure
rigide rectangulaire, sorte de petit centre Pompidou qui servait de nid naturel
à une confortable enveloppe de tissu multicolore dans laquelle mon fils