I. 182
sans cesse différé le moment d'aller les trouver, et j'étais resté toute
l'après-midi dans ma chambre. Trois jours maintenant s'étaient écoulés
depuis mon arrivée, et je commençais à m'étonner de ne pas encore les avoir
croisés dans le village, même si je prenais soin de prendre une direction
opposée à celle de leur maison chaque fois que je quittais l'hôtel. Un soir,
pourtant, que je m'étais attardé dans la salle à manger de l'hôtel après
le dîner, finissant ma demi-bouteille de vin blanc en échangeant quelques
mots avec le patron, j'avais fini par me décider à leur faire une visite,
très brève, m'imaginais-je, juste pour leur signaler ma présence. [(et contre
toute attente, alors que j'étais remonté dans ma chambre pour essayer l'un
et l'autre devant la glace, je dus me rendre à l'évidence, les pulls ras
du cou m'allaient mieux que les pulls en V).|
La maison des Biaggi se trouvait légèrement en dehors du village sur le
bord de la route qui montait vers le hameau voisin. Elle était isolée de
l'extérieur par un mur de pierres, assez haut, qu'envahissait un enchevêtrement
de lierre désséché, qui formait un réseau touffus de racines noueuses et
grisâtres dont les ramifications grimpaient le long du mur. Quelques grands
arbres, des tamaris et des pins, étaient plantés dans le jardin laissé à
l'abandon que l'on apercevait à travers la grille, et où, çà et là, sur le
sol, de frêles marguerites avaient poussé au petit bonheur la chance parmi
les herbes hautes et les chardons. La nuit était tombée et les contours de
la villa se dessinaient dans l'ombre derrière les grilles de la propriété.
C'était une villa de construction récente, basse et allongée, devant laquelle
s'étendait une terrasse en tomettes où quelques meubles de jardin en fer blanc
avaient été abandonnés dehors à côté d'un parasol énigmatique qui reposait
par terre, à moitié ouvert et déglingué, tandis que des jarres de terre cuite
qui contenaient les restes bleuâtres et désséchés de corymbes d'hortensias
s'élevaient de chaque côté de la grande porte-fenêtre. Une vieille Mercedes
grise dont l'aile avant était accidentée était garée sur le petit chemin
de gravier qui conduisait au garage. Je n'avais jamais vu cette voiture
auparavant, et j'étais en train de me demander ce qu'elle faisait là lorsque
je crus entendre un bruit derrière la maison, du côté de la remise très
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sans cesse différé le moment d'aller les trouver, et j'étais resté toute
l'après-midi dans ma chambre. Trois jours maintenant s'étaient écoulés
depuis mon arrivée, et je commençais à m'étonner de ne pas encore les avoir
croisés dans le village, même si je prenais soin de prendre une direction
opposée à celle de leur maison chaque fois que je quittais l'hôtel. Un soir,
pourtant, que je m'étais attardé dans la salle à manger de l'hôtel après
le dîner, finissant ma demi-bouteille de vin blanc en échangeant quelques
mots avec le patron, j'avais fini par me décider à leur faire une visite,
très brève, m'imaginais-je, juste pour leur signaler ma présence (et contre
toute attente, alors que j'étais remonté dans ma chambre pour essayer l'un
et l'autre devant la glace, je dus me rendre à l'évidence, les pulls ras
du cou m'allaient mieux que les pulls en V).
La maison des Biaggi se trouvait légèrement en dehors du village sur le
bord de la route qui montait vers le hameau voisin. Elle était isolée de
l'extérieur par un mur de pierres, assez haut, qu'envahissait un enchevêtrement
de lierre désséché, qui formait un réseau touffus de racines noueuses et
grisâtres dont les ramifications grimpaient le long du mur. Quelques grands
arbres, des tamaris et des pins, étaient plantés dans le jardin laissé à
l'abandon que l'on apercevait à travers la grille, et où, çà et là, sur le
sol, de frêles marguerites avaient poussé au petit bonheur la chance parmi
les herbes hautes et les chardons. La nuit était tombée et les contours de
la villa se dessinaient dans l'ombre derrière les grilles de la propriété.
C'était une villa de construction récente, basse et allongée, devant laquelle
s'étendait une terrasse en tomettes où quelques meubles de jardin en fer blanc
avaient été abandonnés dehors à côté d'un parasol énigmatique qui reposait
par terre, à moitié ouvert et déglingué, tandis que des jarres de terre cuite
qui contenaient les restes bleuâtres et désséchés de corymbes d'hortensias
s'élevaient de chaque côté de la grande porte-fenêtre. Une vieille Mercedes
grise dont l'aile avant était accidentée était garée sur le petit chemin
de gravier qui conduisait au garage. Je n'avais jamais vu cette voiture
auparavant, et j'étais en train de me demander ce qu'elle faisait là lorsque
je crus entendre un bruit derrière la maison, du côté de la remise très
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sans cesse différé le moment d'aller les trouver, et j'étais resté toute
l'après-midi dans ma chambre. Trois jours maintenant s'étaient écoulés
depuis mon arrivée, et je commençais à m'étonner de ne pas encore les avoir
croisés dans le village, même si je prenais soin de prendre une direction
opposée à celle de leur maison chaque fois que je quittais l'hôtel. Un soir,
pourtant, que je m'étais attardé dans la salle à manger de l'hôtel après
le dîner, finissant ma demi-bouteille de vin blanc en échangeant quelques
mots avec le patron, j'avais fini par me décider à leur faire une visite,
très brève, m'imaginais-je, juste pour leur signaler ma présence. [(et contre
toute attente, alors que j'étais remonté dans ma chambre pour essayer l'un
et l'autre devant la glace, je dus me rendre à l'évidence, les pulls ras
du cou m'allaient mieux que les pulls en V).|
La maison des Biaggi se trouvait légèrement en dehors du village sur le
bord de la route qui montait vers le hameau voisin. Elle était isolée de
l'extérieur par un mur de pierres, assez haut, qu'envahissait un enchevêtrement
de lierre désséché, qui formait un réseau touffus de racines noueuses et
grisâtres dont les ramifications grimpaient le long du mur. Quelques grands
arbres, des tamaris et des pins, étaient plantés dans le jardin laissé à
l'abandon que l'on apercevait à travers la grille, et où, çà et là, sur le
sol, de frêles marguerites avaient poussé au petit bonheur la chance parmi
les herbes hautes et les chardons. La nuit était tombée et les contours de
la villa se dessinaient dans l'ombre derrière les grilles de la propriété.
C'était une villa de construction récente, basse et allongée, devant laquelle
s'étendait une terrasse en tomettes où quelques meubles de jardin en fer blanc
avaient été abandonnés dehors à côté d'un parasol énigmatique qui reposait
par terre, à moitié ouvert et déglingué, tandis que des jarres de terre cuite
qui contenaient les restes bleuâtres et désséchés de corymbes d'hortensias
s'élevaient de chaque côté de la grande porte-fenêtre. Une vieille Mercedes
grise dont l'aile avant était accidentée était garée sur le petit chemin
de gravier qui conduisait au garage. Je n'avais jamais vu cette voiture
auparavant, et j'étais en train de me demander ce qu'elle faisait là lorsque
je crus entendre un bruit derrière la maison, du côté de la remise très
I. 182
sans cesse différé le moment d'aller les trouver, et j'étais resté toute
l'après-midi dans ma chambre. Trois jours maintenant s'étaient écoulés
depuis mon arrivée, et je commençais à m'étonner de ne pas encore les avoir
croisés dans le village, même si je prenais soin de prendre une direction
opposée à celle de leur maison chaque fois que je quittais l'hôtel. Un soir,
pourtant, que je m'étais attardé dans la salle à manger de l'hôtel après
le dîner, finissant ma demi-bouteille de vin blanc en échangeant quelques
mots avec le patron, j'avais fini par me décider à leur faire une visite,
très brève, m'imaginais-je, juste pour leur signaler ma présence (et contre
toute attente, alors que j'étais remonté dans ma chambre pour essayer l'un
et l'autre devant la glace, je dus me rendre à l'évidence, les pulls ras
du cou m'allaient mieux que les pulls en V).
La maison des Biaggi se trouvait légèrement en dehors du village sur le
bord de la route qui montait vers le hameau voisin. Elle était isolée de
l'extérieur par un mur de pierres, assez haut, qu'envahissait un enchevêtrement
de lierre désséché, qui formait un réseau touffus de racines noueuses et
grisâtres dont les ramifications grimpaient le long du mur. Quelques grands
arbres, des tamaris et des pins, étaient plantés dans le jardin laissé à
l'abandon que l'on apercevait à travers la grille, et où, çà et là, sur le
sol, de frêles marguerites avaient poussé au petit bonheur la chance parmi
les herbes hautes et les chardons. La nuit était tombée et les contours de
la villa se dessinaient dans l'ombre derrière les grilles de la propriété.
C'était une villa de construction récente, basse et allongée, devant laquelle
s'étendait une terrasse en tomettes où quelques meubles de jardin en fer blanc
avaient été abandonnés dehors à côté d'un parasol énigmatique qui reposait
par terre, à moitié ouvert et déglingué, tandis que des jarres de terre cuite
qui contenaient les restes bleuâtres et désséchés de corymbes d'hortensias
s'élevaient de chaque côté de la grande porte-fenêtre. Une vieille Mercedes
grise dont l'aile avant était accidentée était garée sur le petit chemin
de gravier qui conduisait au garage. Je n'avais jamais vu cette voiture
auparavant, et j'étais en train de me demander ce qu'elle faisait là lorsque
je crus entendre un bruit derrière la maison, du côté de la remise très