I. 189
barques. Son séjour prolongé dans l'eau ne semblait pas encore avoir altéré
son état, et, immobile à la surface, le poil noir et mouillé de son dos
luisant sous les derniers rayons du soleil, il donnait l'impression d'être
debout dans l'eau, en suspension, les pattes recroquevillées dans le vide
pendant entre deux eaux. Ses fines moustaches étaient encore dressées, raides
et pathétiques, et, hors de sa gueule, émergeant à peine de l'eau et com-
plètement désagragée à présent, décarcassée et les yeux arrachés, pendait
la tête de poisson décomposée dont les restes épars et rosâtres demeuraient
accrochés au fragment de fil de pêche.
Je reprends. La première idée qui m'était venue, quand j'avais découvert
le chat mort dans le port, était que la tête de poisson décomposée qui pendait
hors de sa gueule était ce qui restait d'un appât de ligne morte, qui, bercé
par les vagues et porté par des courants contradictoires, était revenu
flotter à proximité du bord de la jetée de sorte que le chat était tombé
accidentellement dans le port en voulant s'en emparer. Rien en effet ne
pouvait mettre en doute qu'il se fût agi d'un accident, et si plusieurs
choses me parurent troublantes par la suite, tout laissait évidemment à
penser à ce moment-là que lorsque j'avais découvert le chat mort dans le
port, c'était la première fois que je le voyais. Car je n'avais jamais vu
ce chat auparavant, selon toute vraisemblance, une seule fois peut-être,
mais sans doute sans témoin, qui se promenaitdans le port à la tombée de la nuitsur
le terre plein meuble et relativement solide que les algues séchées for-
maient dans l'enceinte du port --- et qui s'était enfui dès que j'avais
tenté de l'approcher. ??? après le coucher du soleil
En me rendant dans le port, le lendemain matin, je remarquai que la
vieille Mercedes grise n'était plus sur la place du village, et je ne
parvenais pas à savoir depuis quand elle était partie car dans mon souvenir
elle était restée toute la journée d'hier garée sur la place, je me rappelais
même l'avoir encore vue la veille à onze heures du soir quand j'étais
sorti de l'hôtel. Le temps était couvert ce matin, quelques grands nuages
gris assombrissaient le ciel au-dessus du village, et le cadavre du chat
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barques. Son séjour prolongé dans l'eau ne semblait pas encore avoir altéré
son état, et, immobile à la surface, le poil noir et mouillé de son dos
luisant sous les derniers rayons du soleil, il donnait l'impression d'être
debout dans l'eau, en suspension, les pattes recroquevillées dans le vide
pendant entre deux eaux. Ses fines moustaches étaient encore dressées, raides
et pathétiques, et, hors de sa gueule, émergeant à peine de l'eau et com-
plètement désagragée à présent, décarcassée et les yeux arrachés, pendait
la tête de poisson décomposée dont les restes épars et rosâtres demeuraient
accrochés au fragment de fil de pêche.
Je reprends. La première idée qui m'était venue, quand j'avais découvert
le chat mort dans le port, était que la tête de poisson décomposée qui pendait
hors de sa gueule était ce qui restait d'un appât de ligne morte, qui, bercé
par les vagues et porté par des courants contradictoires, était revenu
flotter à proximité du bord de la jetée de sorte que le chat était tombé
accidentellement dans le port en voulant s'en emparer. Rien en effet ne
pouvait mettre en doute qu'il se fût agi d'un accident, et si plusieurs
choses me parurent troublantes par la suite, tout laissait évidemment à
penser à ce moment-là que lorsque j'avais découvert le chat mort dans le
port, c'était la première fois que je le voyais. Car je n'avais jamais vu
ce chat auparavant, selon toute vraisemblance, une seule fois peut-être,
mais sans doute sans témoin, qui se promenait à la tombée de la nuitsur
le terre plein meuble et relativement solide que les algues séchées for-
maient dans l'enceinte du port --- et qui s'était enfui dès que j'avais
tenté de l'approcher.
En me rendant dans le port, le lendemain matin, je remarquai que la
vieille Mercedes grise n'était plus sur la place du village, et je ne
parvenais pas à savoir depuis quand elle était partie car dans mon souvenir
elle était restée toute la journée d'hier garée sur la place, je me rappelais
même l'avoir encore vue la veille à onze heures du soir quand j'étais
sorti de l'hôtel. Le temps était couvert ce matin, quelques grands nuages
gris assombrissaient le ciel au-dessus du village, et le cadavre du chat
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barques. Son séjour prolongé dans l'eau ne semblait pas encore avoir altéré
son état, et, immobile à la surface, le poil noir et mouillé de son dos
luisant sous les derniers rayons du soleil, il donnait l'impression d'être
debout dans l'eau, en suspension, les pattes recroquevillées dans le vide
pendant entre deux eaux. Ses fines moustaches étaient encore dressées, raides
et pathétiques, et, hors de sa gueule, émergeant à peine de l'eau et com-
plètement désagragée à présent, décarcassée et les yeux arrachés, pendait
la tête de poisson décomposée dont les restes épars et rosâtres demeuraient
accrochés au fragment de fil de pêche.
Je reprends. La première idée qui m'était venue, quand j'avais découvert
le chat mort dans le port, était que la tête de poisson décomposée qui pendait
hors de sa gueule était ce qui restait d'un appât de ligne morte, qui, bercé
par les vagues et porté par des courants contradictoires, était revenu
flotter à proximité du bord de la jetée de sorte que le chat était tombé
accidentellement dans le port en voulant s'en emparer. Rien en effet ne
pouvait mettre en doute qu'il se fût agi d'un accident, et si plusieurs
choses me parurent troublantes par la suite, tout laissait évidemment à
penser à ce moment-là que lorsque j'avais découvert le chat mort dans le
port, c'était la première fois que je le voyais. Car je n'avais jamais vu
ce chat auparavant, selon toute vraisemblance, une seule fois peut-être,
mais sans doute sans témoin, qui se promenaitdans le port à la tombée de la nuitsur
le terre plein meuble et relativement solide que les algues séchées for-
maient dans l'enceinte du port --- et qui s'était enfui dès que j'avais
tenté de l'approcher. ??? après le coucher du soleil
En me rendant dans le port, le lendemain matin, je remarquai que la
vieille Mercedes grise n'était plus sur la place du village, et je ne
parvenais pas à savoir depuis quand elle était partie car dans mon souvenir
elle était restée toute la journée d'hier garée sur la place, je me rappelais
même l'avoir encore vue la veille à onze heures du soir quand j'étais
sorti de l'hôtel. Le temps était couvert ce matin, quelques grands nuages
gris assombrissaient le ciel au-dessus du village, et le cadavre du chat
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barques. Son séjour prolongé dans l'eau ne semblait pas encore avoir altéré
son état, et, immobile à la surface, le poil noir et mouillé de son dos
luisant sous les derniers rayons du soleil, il donnait l'impression d'être
debout dans l'eau, en suspension, les pattes recroquevillées dans le vide
pendant entre deux eaux. Ses fines moustaches étaient encore dressées, raides
et pathétiques, et, hors de sa gueule, émergeant à peine de l'eau et com-
plètement désagragée à présent, décarcassée et les yeux arrachés, pendait
la tête de poisson décomposée dont les restes épars et rosâtres demeuraient
accrochés au fragment de fil de pêche.
Je reprends. La première idée qui m'était venue, quand j'avais découvert
le chat mort dans le port, était que la tête de poisson décomposée qui pendait
hors de sa gueule était ce qui restait d'un appât de ligne morte, qui, bercé
par les vagues et porté par des courants contradictoires, était revenu
flotter à proximité du bord de la jetée de sorte que le chat était tombé
accidentellement dans le port en voulant s'en emparer. Rien en effet ne
pouvait mettre en doute qu'il se fût agi d'un accident, et si plusieurs
choses me parurent troublantes par la suite, tout laissait évidemment à
penser à ce moment-là que lorsque j'avais découvert le chat mort dans le
port, c'était la première fois que je le voyais. Car je n'avais jamais vu
ce chat auparavant, selon toute vraisemblance, une seule fois peut-être,
mais sans doute sans témoin, qui se promenait à la tombée de la nuitsur
le terre plein meuble et relativement solide que les algues séchées for-
maient dans l'enceinte du port --- et qui s'était enfui dès que j'avais
tenté de l'approcher.
En me rendant dans le port, le lendemain matin, je remarquai que la
vieille Mercedes grise n'était plus sur la place du village, et je ne
parvenais pas à savoir depuis quand elle était partie car dans mon souvenir
elle était restée toute la journée d'hier garée sur la place, je me rappelais
même l'avoir encore vue la veille à onze heures du soir quand j'étais
sorti de l'hôtel. Le temps était couvert ce matin, quelques grands nuages
gris assombrissaient le ciel au-dessus du village, et le cadavre du chat