I. 228
Je m'éloignai lentement sur la place, laissant derrière moi la flaque
d'eau qui reflétait mon absence inexplicable, et je pris la direction du
port, longeai la petite jetée silencieuse et déserte, où quelques barques
tanguaient imperceptiblement le long de leurs amarres dans un bruit
régulier de clapotement très doux et de grincement de cordes. Je m'assis
sur le quai à côté d'un amas de filets de pêche enchevêtrés qui reposaient
contre un muret de pierres et dont le réseau serré de mailles
recelait encore d'infimes fragmets de poissons décomposés, et demeurai
là dans la pénombre à regarder le jour se lever devant moi sur la baie de
Sasuelo. La mer était très sombre encore, qui frémissait à peine à l'horizon,
et, peu à peu, à mesure que le soleil s'élevait de l'autre côté de la
montagne, éclairant déjà le versant opposé derrière lequel se devinait
un halo de clarté isolée et lointaine, les barques du port qui continuaient
à se balancer doucement sous mes yeux commençaient à prendre des teintes
roses et orangées, tandis que les contours des quais, tout autour, des
filets de pêche et des rochers, des arbres et des fleurs, devenaient peu
à peu plus fermes et plus précis et finissaient lentement de se défaire
de l'empreinte bleutée de la nuit.[C'est ce matin-là,qu'un peu avant le
lever du soleilque j'avais découvert le chat mort dans le port.
De loin, j'avais d'abord pris la forme noire qui flottait entre les
barques pour quelque sac en plastique, une vieille couverture roulée en
boule peut-être, et je m'étais levé pour m'approcher du bord de la jetée,
intrigué par la préence de cette masse noire immobile à la surface. Le
cadavre du chat se trouvait à moins d'un mètre du bord, le corps lourde-
ment incliné vers le fond, les oreilles et une partie du dos émergeant
hors de l'eau. De la manière dont il était placé alors, il était impossible
de voir sa tête et ce n'est que lorsque le courant qui faisait très len-
tement dériver le corps à la surfacede l'eau fit légèrement pivoter l'animal
sur lui-même que je me rendis compte qu'hors de sa gueule pendait une
tête de poisson décomposée dont dépassait un fragment de fil de pêche,
qui me fit penser, un peu plus tard dans la journée --- sur le moment, je
l'avais simplement examiné distraitement, ce fragment de fil de pêche --- que
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Je m'éloignai lentement sur la place, laissant derrière moi la flaque
d'eau qui reflétait mon absence inexplicable, et je pris la direction du
port, longeai la petite jetée silencieuse et déserte, où quelques barques
tanguaient imperceptiblement le long de leurs amarres dans un bruit
régulier de clapotement très doux et de grincement de cordes. Je m'assis
sur le quai à côté d'un amas de filets de pêche enchevêtrés qui reposaient
contre un muret de pierres et dont le réseau serré de mailles
recelait encore d'infimes fragmets de poissons décomposés, et demeurai
là dans la pénombre à regarder le jour se lever devant moi sur la baie de
Sasuelo. La mer était très sombre encore, qui frémissait à peine à l'horizon,
et, peu à peu, à mesure que le soleil s'élevait de l'autre côté de la
montagne, éclairant déjà le versant opposé derrière lequel se devinait
un halo de clarté isolée et lointaine, les barques du port qui continuaient
à se balancer doucement sous mes yeux commençaient à prendre des teintes
roses et orangées, tandis que les contours des quais, tout autour, des
filets de pêche et des rochers, des arbres et des fleurs, devenaient peu
à peu plus fermes et plus précis et finissaient lentement de se défaire
de l'empreinte bleutée de la nuit.C'est ce matin-làqu'un peu avant le
lever du soleil j'avais découvert le chat mort dans le port.
De loin, j'avais d'abord pris la forme noire qui flottait entre les
barques pour quelque sac en plastique, une vieille couverture roulée en
boule peut-être, et je m'étais levé pour m'approcher du bord de la jetée,
intrigué par la préence de cette masse noire immobile à la surface. Le
cadavre du chat se trouvait à moins d'un mètre du bord, le corps lourde-
ment incliné vers le fond, les oreilles et une partie du dos émergeant
hors de l'eau. De la manière dont il était placé alors, il était impossible
de voir sa tête et ce n'est que lorsque le courant qui faisait très len-
tement dériver le corps à la surfacede l'eau fit légèrement pivoter l'animal
sur lui-même que je me rendis compte qu'hors de sa gueule pendait une
tête de poisson décomposée dont dépassait un fragment de fil de pêche,
qui me fit penser, un peu plus tard dans la journée --- sur le moment, je
l'avais simplement examiné distraitement, ce fragment de fil de pêche --- que
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Je m'éloignai lentement sur la place, laissant derrière moi la flaque
d'eau qui reflétait mon absence inexplicable, et je pris la direction du
port, longeai la petite jetée silencieuse et déserte, où quelques barques
tanguaient imperceptiblement le long de leurs amarres dans un bruit
régulier de clapotement très doux et de grincement de cordes. Je m'assis
sur le quai à côté d'un amas de filets de pêche enchevêtrés qui reposaient
contre un muret de pierres et dont le réseau serré de mailles
recelait encore d'infimes fragmets de poissons décomposés, et demeurai
là dans la pénombre à regarder le jour se lever devant moi sur la baie de
Sasuelo. La mer était très sombre encore, qui frémissait à peine à l'horizon,
et, peu à peu, à mesure que le soleil s'élevait de l'autre côté de la
montagne, éclairant déjà le versant opposé derrière lequel se devinait
un halo de clarté isolée et lointaine, les barques du port qui continuaient
à se balancer doucement sous mes yeux commençaient à prendre des teintes
roses et orangées, tandis que les contours des quais, tout autour, des
filets de pêche et des rochers, des arbres et des fleurs, devenaient peu
à peu plus fermes et plus précis et finissaient lentement de se défaire
de l'empreinte bleutée de la nuit.[C'est ce matin-là,qu'un peu avant le
lever du soleilque j'avais découvert le chat mort dans le port.
De loin, j'avais d'abord pris la forme noire qui flottait entre les
barques pour quelque sac en plastique, une vieille couverture roulée en
boule peut-être, et je m'étais levé pour m'approcher du bord de la jetée,
intrigué par la préence de cette masse noire immobile à la surface. Le
cadavre du chat se trouvait à moins d'un mètre du bord, le corps lourde-
ment incliné vers le fond, les oreilles et une partie du dos émergeant
hors de l'eau. De la manière dont il était placé alors, il était impossible
de voir sa tête et ce n'est que lorsque le courant qui faisait très len-
tement dériver le corps à la surfacede l'eau fit légèrement pivoter l'animal
sur lui-même que je me rendis compte qu'hors de sa gueule pendait une
tête de poisson décomposée dont dépassait un fragment de fil de pêche,
qui me fit penser, un peu plus tard dans la journée --- sur le moment, je
l'avais simplement examiné distraitement, ce fragment de fil de pêche --- que
I. 228
Je m'éloignai lentement sur la place, laissant derrière moi la flaque
d'eau qui reflétait mon absence inexplicable, et je pris la direction du
port, longeai la petite jetée silencieuse et déserte, où quelques barques
tanguaient imperceptiblement le long de leurs amarres dans un bruit
régulier de clapotement très doux et de grincement de cordes. Je m'assis
sur le quai à côté d'un amas de filets de pêche enchevêtrés qui reposaient
contre un muret de pierres et dont le réseau serré de mailles
recelait encore d'infimes fragmets de poissons décomposés, et demeurai
là dans la pénombre à regarder le jour se lever devant moi sur la baie de
Sasuelo. La mer était très sombre encore, qui frémissait à peine à l'horizon,
et, peu à peu, à mesure que le soleil s'élevait de l'autre côté de la
montagne, éclairant déjà le versant opposé derrière lequel se devinait
un halo de clarté isolée et lointaine, les barques du port qui continuaient
à se balancer doucement sous mes yeux commençaient à prendre des teintes
roses et orangées, tandis que les contours des quais, tout autour, des
filets de pêche et des rochers, des arbres et des fleurs, devenaient peu
à peu plus fermes et plus précis et finissaient lentement de se défaire
de l'empreinte bleutée de la nuit.C'est ce matin-làqu'un peu avant le
lever du soleil j'avais découvert le chat mort dans le port.
De loin, j'avais d'abord pris la forme noire qui flottait entre les
barques pour quelque sac en plastique, une vieille couverture roulée en
boule peut-être, et je m'étais levé pour m'approcher du bord de la jetée,
intrigué par la préence de cette masse noire immobile à la surface. Le
cadavre du chat se trouvait à moins d'un mètre du bord, le corps lourde-
ment incliné vers le fond, les oreilles et une partie du dos émergeant
hors de l'eau. De la manière dont il était placé alors, il était impossible
de voir sa tête et ce n'est que lorsque le courant qui faisait très len-
tement dériver le corps à la surfacede l'eau fit légèrement pivoter l'animal
sur lui-même que je me rendis compte qu'hors de sa gueule pendait une
tête de poisson décomposée dont dépassait un fragment de fil de pêche,
qui me fit penser, un peu plus tard dans la journée --- sur le moment, je
l'avais simplement examiné distraitement, ce fragment de fil de pêche --- que