I. 352
ressortaient de la pénombre les lumières orangées d'un aquarium encastré
dans le mur où quelques poissons évoluaient en silence dans un décor de
roches miniatures et de mousses marines. Je passai sans bruit derrière le
comptoir et me mis à chercher le registre de l'hôtel, que je trouvai sur
une étagère, un grand registre en cuir noir granuleux, que je feuilletai
un instant dans la pénombre, avant de le poser sur le comptoir pour consulter
les dernières pages à la lueur de mon briquet. Comme je le pensais, car
je me souvenais très bien que lorsque j'étais arrivé à l'hôtel, le patron
m'avait certes demandé mon passeport, mais l'avait à peine ouvert et me
l'avait rendu tout de suite, mon nom n'avait pas été enregistre dans le
registre de l'hôtel.
Il ne faisait pas encore jour quand je quittai l'hôtel le lendemain
matin, et l'atmosphère du village était tout emplie d'une fin de nuit
bleutée, avec une lune d'aube très blanche dans le ciel, qui s'inscrivait
au-dessus des lignes régulières que traçaient les fils des poteaux télé-
graphiques. Sur la place du village silencieuse, je remarquai tout de suite
la vieille Mercedes grise que j'avais aperçue la veille dans le jardin
des Biaggi et je m'approchai de la voiture pour examiner un instant
l'intérieur. Les sièges étaient très abîmés, défoncés pratiquement, le
cuir complètement élimé par endroits, et une entaille d'une dizaine de
centimètres qui laissait émerger une sorte de mousse synthétique jaunâtre
crevait en son centre le revêtement du siège du conducteur. Sur la ban-
quette arrière, une veste froissée reposait parmi un désordre de vieux
journaux et de matériel de pêche, de cannes et de palangrottes, de plombs,
de sachets d'hameçons et de bouteilles en plastique. Il avait plu cette
nuit et, tout près de là, sur le sol de la place, je remarquai une grande
flaque d'eau immobile dans la pénombre, qui reflétait faiblement les arbres
et les toits des maisons avoisinantes. Un léger souffle de vent la faisait
parfois frissonner et la surface de l'eau était alors parcourue par une
onde de frémissements qui brouillait un instant les reflets. Puis, lentement,
les reflets se recomposaient à la surface, et je me rendis compte qu'au centre
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ressortaient de la pénombre les lumières orangées d'un aquarium encastré
dans le mur où quelques poissons évoluaient en silence dans un décor de
roches miniatures et de mousses marines. Je passai sans bruit derrière le
comptoir et me mis à chercher le registre de l'hôtel, que je trouvai sur
une étagère, un grand registre en cuir noir granuleux, que je feuilletai
un instant dans la pénombre, avant de le poser sur le comptoir pour consulter
les dernières pages à la lueur de mon briquet. Comme je le pensais, car
je me souvenais très bien que lorsque j'étais arrivé à l'hôtel, le patron
m'avait certes demandé mon passeport, mais l'avait à peine ouvert et me
l'avait rendu tout de suite, mon nom n'avait pas été enregistre dans le
registre de l'hôtel.
Il ne faisait pas encore jour quand je quittai l'hôtel le lendemain
matin, et l'atmosphère du village était tout emplie d'une fin de nuit
bleutée, avec une lune d'aube très blanche dans le ciel, qui s'inscrivait
au-dessus des lignes régulières que traçaient les fils des poteaux télé-
graphiques. Sur la place du village silencieuse, je remarquai tout de suite
la vieille Mercedes grise que j'avais aperçue la veille dans le jardin
des Biaggi et je m'approchai de la voiture pour examiner un instant
l'intérieur. Les sièges étaient très abîmés, défoncés pratiquement, le
cuir complètement élimé par endroits, et une entaille d'une dizaine de
centimètres qui laissait émerger une sorte de mousse synthétique jaunâtre
crevait en son centre le revêtement du siège du conducteur. Sur la ban-
quette arrière, une veste froissée reposait parmi un désordre de vieux
journaux et de matériel de pêche, de cannes et de palangrottes, de plombs,
de sachets d'hameçons et de bouteilles en plastique. Il avait plu cette
nuit et, tout près de là, sur le sol de la place, je remarquai une grande
flaque d'eau immobile dans la pénombre, qui reflétait faiblement les arbres
et les toits des maisons avoisinantes. Un léger souffle de vent la faisait
parfois frissonner et la surface de l'eau était alors parcourue par une
onde de frémissements qui brouillait un instant les reflets. Puis, lentement,
les reflets se recomposaient à la surface, et je me rendis compte qu'au centre
I. 352
ressortaient de la pénombre les lumières orangées d'un aquarium encastré
dans le mur où quelques poissons évoluaient en silence dans un décor de
roches miniatures et de mousses marines. Je passai sans bruit derrière le
comptoir et me mis à chercher le registre de l'hôtel, que je trouvai sur
une étagère, un grand registre en cuir noir granuleux, que je feuilletai
un instant dans la pénombre, avant de le poser sur le comptoir pour consulter
les dernières pages à la lueur de mon briquet. Comme je le pensais, car
je me souvenais très bien que lorsque j'étais arrivé à l'hôtel, le patron
m'avait certes demandé mon passeport, mais l'avait à peine ouvert et me
l'avait rendu tout de suite, mon nom n'avait pas été enregistre dans le
registre de l'hôtel.
Il ne faisait pas encore jour quand je quittai l'hôtel le lendemain
matin, et l'atmosphère du village était tout emplie d'une fin de nuit
bleutée, avec une lune d'aube très blanche dans le ciel, qui s'inscrivait
au-dessus des lignes régulières que traçaient les fils des poteaux télé-
graphiques. Sur la place du village silencieuse, je remarquai tout de suite
la vieille Mercedes grise que j'avais aperçue la veille dans le jardin
des Biaggi et je m'approchai de la voiture pour examiner un instant
l'intérieur. Les sièges étaient très abîmés, défoncés pratiquement, le
cuir complètement élimé par endroits, et une entaille d'une dizaine de
centimètres qui laissait émerger une sorte de mousse synthétique jaunâtre
crevait en son centre le revêtement du siège du conducteur. Sur la ban-
quette arrière, une veste froissée reposait parmi un désordre de vieux
journaux et de matériel de pêche, de cannes et de palangrottes, de plombs,
de sachets d'hameçons et de bouteilles en plastique. Il avait plu cette
nuit et, tout près de là, sur le sol de la place, je remarquai une grande
flaque d'eau immobile dans la pénombre, qui reflétait faiblement les arbres
et les toits des maisons avoisinantes. Un léger souffle de vent la faisait
parfois frissonner et la surface de l'eau était alors parcourue par une
onde de frémissements qui brouillait un instant les reflets. Puis, lentement,
les reflets se recomposaient à la surface, et je me rendis compte qu'au centre
I. 352
ressortaient de la pénombre les lumières orangées d'un aquarium encastré
dans le mur où quelques poissons évoluaient en silence dans un décor de
roches miniatures et de mousses marines. Je passai sans bruit derrière le
comptoir et me mis à chercher le registre de l'hôtel, que je trouvai sur
une étagère, un grand registre en cuir noir granuleux, que je feuilletai
un instant dans la pénombre, avant de le poser sur le comptoir pour consulter
les dernières pages à la lueur de mon briquet. Comme je le pensais, car
je me souvenais très bien que lorsque j'étais arrivé à l'hôtel, le patron
m'avait certes demandé mon passeport, mais l'avait à peine ouvert et me
l'avait rendu tout de suite, mon nom n'avait pas été enregistre dans le
registre de l'hôtel.
Il ne faisait pas encore jour quand je quittai l'hôtel le lendemain
matin, et l'atmosphère du village était tout emplie d'une fin de nuit
bleutée, avec une lune d'aube très blanche dans le ciel, qui s'inscrivait
au-dessus des lignes régulières que traçaient les fils des poteaux télé-
graphiques. Sur la place du village silencieuse, je remarquai tout de suite
la vieille Mercedes grise que j'avais aperçue la veille dans le jardin
des Biaggi et je m'approchai de la voiture pour examiner un instant
l'intérieur. Les sièges étaient très abîmés, défoncés pratiquement, le
cuir complètement élimé par endroits, et une entaille d'une dizaine de
centimètres qui laissait émerger une sorte de mousse synthétique jaunâtre
crevait en son centre le revêtement du siège du conducteur. Sur la ban-
quette arrière, une veste froissée reposait parmi un désordre de vieux
journaux et de matériel de pêche, de cannes et de palangrottes, de plombs,
de sachets d'hameçons et de bouteilles en plastique. Il avait plu cette
nuit et, tout près de là, sur le sol de la place, je remarquai une grande
flaque d'eau immobile dans la pénombre, qui reflétait faiblement les arbres
et les toits des maisons avoisinantes. Un léger souffle de vent la faisait
parfois frissonner et la surface de l'eau était alors parcourue par une
onde de frémissements qui brouillait un instant les reflets. Puis, lentement,
les reflets se recomposaient à la surface, et je me rendis compte qu'au centre