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  1. Exploration des brouillons
  2. #01
  3. LRT_01_01_00213
  • Facsimilé 
  • Tapuscrit corrigé
  • Tapuscrit

I. 213

barquessans que jamais pourtant le courant ne l'emportât au large. Son

séjour prolongé dans l'eau ne semblait pas encore avoir altéré son état,

et, immobile à la surfaceà quelques mètres de moi, le poil noir et mouillé

de son dos luisant sous les derniers rayons du soleil, il donnait l'impression

d'être debout dans l'eau, en suspension, les pattes recroquevillées dans le

vide pendant entre deux eaux. Ses fines moustaches étaient encore dressées,

raides et pathétiques, et, hors de sa gueule, émergeant à peinehors 

de l'eau et complètement désagrégée à présent, décarcassée et les yeux

arrachés, pendait la tête de poisson décomposée dont les restes épars et

rosâtres demeuraient accrochés au fragment de fil de pêche.

 Je reprends. La première idée qui m'était venue, quand j'avais découvert

le chat mort dans le port, était que la tête de poisson décomposée qui pendait

hors de sa gueule était ce qui restait d'un appât de ligne morte qui, bercé

par les vagues et porté par des courants contradictoires, était revenu

flotter à proximité du bord de la jetée de sorte que le chat était tombé

accidentellement dans le port en voulant s'en emparer. Rien en effet ne

pouvait mettre en doute qu'il se fût agi d'un accident, et si plusieurs

choses me parurent troublantes par la suite, tout laissaitme semblait-il <d1> 

à penser à ce moment-là que lorsque j'avais découvert le chat mort dans le

port, c'était la première fois que je le voyais. Car je n'avais [d1]évidemmentbien sûr 

jamais vu ce chat auparavant, selon toute vraisemblance, une seule fois

peut-être, mais sans doute sans témoin, qui se promenait à la tombée de la

nuit sur le terre-plein meuble et relativement solide que les algues séchées

formaient dans l'enceinte du port --- et qui s'était enfui dès que j'avais

tenté de l'approcher.

 En me rendant dans le port, le lendemain matin, je remarquai que la

vieille Mercedes grise n'était plus sur la place du village, et je ne

parvenais pas à savoir depuis quand elle était partie car dans mon souvenir

elle était restée toute la journée d'hier garée sur la place, je me rappelais

même l'avoir encore vue la veille à onze heures du soir quand j'étais

sorti de l'hôtel. Le temps était couvert ce matin, quelques grands nuages

I. 213

barquessans que jamais pourtant le courant ne l'emportât au large. Son

séjour prolongé dans l'eau ne semblait pas encore avoir altéré son état,

et, immobile à la surfaceà quelques mètres de moi, le poil noir et mouillé

de son dos luisant sous les derniers rayons du soleil, il donnait l'impression

d'être debout dans l'eau, en suspension, les pattes recroquevillées dans le

vide pendant entre deux eaux. Ses fines moustaches étaient encore dressées,

raides et pathétiques, et, hors de sa gueule, émergeant à peinehors 

de l'eau et complètement désagrégée à présent, décarcassée et les yeux

arrachés, pendait la tête de poisson décomposée dont les restes épars et

rosâtres demeuraient accrochés au fragment de fil de pêche.

 Je reprends. La première idée qui m'était venue, quand j'avais découvert

le chat mort dans le port, était que la tête de poisson décomposée qui pendait

hors de sa gueule était ce qui restait d'un appât de ligne morte qui, bercé

par les vagues et porté par des courants contradictoires, était revenu

flotter à proximité du bord de la jetée de sorte que le chat était tombé

accidentellement dans le port en voulant s'en emparer. Rien en effet ne

pouvait mettre en doute qu'il se fût agi d'un accident, et si plusieurs

choses me parurent troublantes par la suite, tout laissaitme semblait-il  

à penser à ce moment-là que lorsque j'avais découvert le chat mort dans le

port, c'était la première fois que je le voyais. Car je n'avais évidemment 

jamais vu ce chat auparavant, selon toute vraisemblance, une seule fois

peut-être, mais sans doute sans témoin, qui se promenait à la tombée de la

nuit sur le terre-plein meuble et relativement solide que les algues séchées

formaient dans l'enceinte du port --- et qui s'était enfui dès que j'avais

tenté de l'approcher.

 En me rendant dans le port, le lendemain matin, je remarquai que la

vieille Mercedes grise n'était plus sur la place du village, et je ne

parvenais pas à savoir depuis quand elle était partie car dans mon souvenir

elle était restée toute la journée d'hier garée sur la place, je me rappelais

même l'avoir encore vue la veille à onze heures du soir quand j'étais

sorti de l'hôtel. Le temps était couvert ce matin, quelques grands nuages

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  • Tapuscrit corrigé
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I. 213

barquessans que jamais pourtant le courant ne l'emportât au large. Son

séjour prolongé dans l'eau ne semblait pas encore avoir altéré son état,

et, immobile à la surfaceà quelques mètres de moi, le poil noir et mouillé

de son dos luisant sous les derniers rayons du soleil, il donnait l'impression

d'être debout dans l'eau, en suspension, les pattes recroquevillées dans le

vide pendant entre deux eaux. Ses fines moustaches étaient encore dressées,

raides et pathétiques, et, hors de sa gueule, émergeant à peinehors 

de l'eau et complètement désagrégée à présent, décarcassée et les yeux

arrachés, pendait la tête de poisson décomposée dont les restes épars et

rosâtres demeuraient accrochés au fragment de fil de pêche.

 Je reprends. La première idée qui m'était venue, quand j'avais découvert

le chat mort dans le port, était que la tête de poisson décomposée qui pendait

hors de sa gueule était ce qui restait d'un appât de ligne morte qui, bercé

par les vagues et porté par des courants contradictoires, était revenu

flotter à proximité du bord de la jetée de sorte que le chat était tombé

accidentellement dans le port en voulant s'en emparer. Rien en effet ne

pouvait mettre en doute qu'il se fût agi d'un accident, et si plusieurs

choses me parurent troublantes par la suite, tout laissaitme semblait-il <d1> 

à penser à ce moment-là que lorsque j'avais découvert le chat mort dans le

port, c'était la première fois que je le voyais. Car je n'avais [d1]évidemmentbien sûr 

jamais vu ce chat auparavant, selon toute vraisemblance, une seule fois

peut-être, mais sans doute sans témoin, qui se promenait à la tombée de la

nuit sur le terre-plein meuble et relativement solide que les algues séchées

formaient dans l'enceinte du port --- et qui s'était enfui dès que j'avais

tenté de l'approcher.

 En me rendant dans le port, le lendemain matin, je remarquai que la

vieille Mercedes grise n'était plus sur la place du village, et je ne

parvenais pas à savoir depuis quand elle était partie car dans mon souvenir

elle était restée toute la journée d'hier garée sur la place, je me rappelais

même l'avoir encore vue la veille à onze heures du soir quand j'étais

sorti de l'hôtel. Le temps était couvert ce matin, quelques grands nuages

I. 213

barquessans que jamais pourtant le courant ne l'emportât au large. Son

séjour prolongé dans l'eau ne semblait pas encore avoir altéré son état,

et, immobile à la surfaceà quelques mètres de moi, le poil noir et mouillé

de son dos luisant sous les derniers rayons du soleil, il donnait l'impression

d'être debout dans l'eau, en suspension, les pattes recroquevillées dans le

vide pendant entre deux eaux. Ses fines moustaches étaient encore dressées,

raides et pathétiques, et, hors de sa gueule, émergeant à peinehors 

de l'eau et complètement désagrégée à présent, décarcassée et les yeux

arrachés, pendait la tête de poisson décomposée dont les restes épars et

rosâtres demeuraient accrochés au fragment de fil de pêche.

 Je reprends. La première idée qui m'était venue, quand j'avais découvert

le chat mort dans le port, était que la tête de poisson décomposée qui pendait

hors de sa gueule était ce qui restait d'un appât de ligne morte qui, bercé

par les vagues et porté par des courants contradictoires, était revenu

flotter à proximité du bord de la jetée de sorte que le chat était tombé

accidentellement dans le port en voulant s'en emparer. Rien en effet ne

pouvait mettre en doute qu'il se fût agi d'un accident, et si plusieurs

choses me parurent troublantes par la suite, tout laissaitme semblait-il  

à penser à ce moment-là que lorsque j'avais découvert le chat mort dans le

port, c'était la première fois que je le voyais. Car je n'avais évidemment 

jamais vu ce chat auparavant, selon toute vraisemblance, une seule fois

peut-être, mais sans doute sans témoin, qui se promenait à la tombée de la

nuit sur le terre-plein meuble et relativement solide que les algues séchées

formaient dans l'enceinte du port --- et qui s'était enfui dès que j'avais

tenté de l'approcher.

 En me rendant dans le port, le lendemain matin, je remarquai que la

vieille Mercedes grise n'était plus sur la place du village, et je ne

parvenais pas à savoir depuis quand elle était partie car dans mon souvenir

elle était restée toute la journée d'hier garée sur la place, je me rappelais

même l'avoir encore vue la veille à onze heures du soir quand j'étais

sorti de l'hôtel. Le temps était couvert ce matin, quelques grands nuages

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