I. 136
il se penchait en avant pour essayer de s'emparer de quelque objet échoué
sur la plage, et je lui tendais à mesure tout ce qu'il convoitait, des
morceaux de bois morts rejetés par la marée qui avaient pris des formes
de talismans bizarres, des galets, des brindilles, une vieille sandale en
plastique, aussi, à laquelle il semblait tenir tout particulièrement.
De retour dans la chambre d'hôtel, je passais des heures allongé sur
le lit à barreaux qui occupait le centre de la pièce. Je ne faisais rien,
je n'attendais rien de particulier. Les murs, autour de moi, étaient
humides et sales, tapissés d'un vieux tissu orange assorti aux fleurs
sombres du couvre-lit et des rideaux. J'avais installé le lit de mon fils
dans la chambre près du radiateur, un petit lit de voyage d'à peine un
mètre de hauteur qui consistait en un assemblage de tubes métalliques
jaunes et creux qui s'emboîtaient les uns dans les autres pour composer
un châssis rectangulaire, sorte de petit centre Pompidou posé là sur
le parquet à côté de mes sacs et de mes valises. Parfois, pendant que
mon fils dormait, je me levais sans bruit et faisais quelques pas en
chaussettes dans la pénombre de la chambre. Une des fenêtres donnait
sur le port, et, de l'autre, plus petite et légèrement en hauteur, je
pouvais voir la route, une parcelle de route déserte qui bordait un
enclos livré aux mauvaises herbes, où, à côté d'un figuier désséché qui
ployait sous le poids de ses branches mortes, un âne solitaire broutait
du fenouil entre divers détritus, des vieilles planches, des pneus
abandonnés, une barque retournée qui pourrissait sur place.
Souvent, le matin très tôt, aux toutes premières heures du jour,
je quittais l'hôtel et me rendais dans le port. Il faisait à peine
jour dehors, et la place du village endormie et déserte était tout
emplie d'une atmosphère de fin de nuit bleutée, avec une lune d'aube
très blanche dans le ciel, qui s'inscrivait au-dessus des lignes
régulières que traçaient les fils des poteaux télégraphiques. Les
eaux du port, lisses et transparentes, étaient presque immobiles, et,
poussant devant moi la voiture d'enfant de mon fils, je longeais en
silence la petite jetée de pierres où quelques barques tanguaient
imperceptiblement le long de leurs amarres dans un bruit régulier de
clapotement d'eau très faible et de grincement de cordes.
I. 136
il se penchait en avant pour essayer de s'emparer de quelque objet échoué
sur la plage, et je lui tendais à mesure tout ce qu'il convoitait, des
morceaux de bois morts rejetés par la marée qui avaient pris des formes
de talismans bizarres, des galets, des brindilles, une vieille sandale en
plastique, aussi, à laquelle il semblait tenir tout particulièrement.
De retour dans la chambre d'hôtel, je passais des heures allongé sur
le lit à barreaux qui occupait le centre de la pièce. Je ne faisais rien,
je n'attendais rien de particulier. Les murs, autour de moi, étaient
humides et sales, tapissés d'un vieux tissu orange assorti aux fleurs
sombres du couvre-lit et des rideaux. J'avais installé le lit de mon fils
dans la chambre près du radiateur, un petit lit de voyage d'à peine un
mètre de hauteur qui consistait en un assemblage de tubes métalliques
jaunes et creux qui s'emboîtaient les uns dans les autres pour composer
un châssis rectangulaire, sorte de petit centre Pompidou posé là sur
le parquet à côté de mes sacs et de mes valises. Parfois, pendant que
mon fils dormait, je me levais sans bruit et faisais quelques pas en
chaussettes dans la pénombre de la chambre. Une des fenêtres donnait
sur le port, et, de l'autre, plus petite et légèrement en hauteur, je
pouvais voir la route, une parcelle de route déserte qui bordait un
enclos livré aux mauvaises herbes, où, à côté d'un figuier désséché qui
ployait sous le poids de ses branches mortes, un âne solitaire broutait
du fenouil entre divers détritus, des vieilles planches, des pneus
abandonnés, une barque retournée qui pourrissait sur place.
Souvent, le matin très tôt, aux toutes premières heures du jour,
je quittais l'hôtel et me rendais dans le port. Il faisait à peine
jour dehors, et la place du village endormie et déserte était tout
emplie d'une atmosphère de fin de nuit bleutée, avec une lune d'aube
très blanche dans le ciel, qui s'inscrivait au-dessus des lignes
régulières que traçaient les fils des poteaux télégraphiques. Les
eaux du port, lisses et transparentes, étaient presque immobiles, et,
poussant devant moi la voiture d'enfant de mon fils, je longeais en
silence la petite jetée de pierres où quelques barques tanguaient
imperceptiblement le long de leurs amarres dans un bruit régulier de
clapotement d'eau très faible et de grincement de cordes.
I. 136
il se penchait en avant pour essayer de s'emparer de quelque objet échoué
sur la plage, et je lui tendais à mesure tout ce qu'il convoitait, des
morceaux de bois morts rejetés par la marée qui avaient pris des formes
de talismans bizarres, des galets, des brindilles, une vieille sandale en
plastique, aussi, à laquelle il semblait tenir tout particulièrement.
De retour dans la chambre d'hôtel, je passais des heures allongé sur
le lit à barreaux qui occupait le centre de la pièce. Je ne faisais rien,
je n'attendais rien de particulier. Les murs, autour de moi, étaient
humides et sales, tapissés d'un vieux tissu orange assorti aux fleurs
sombres du couvre-lit et des rideaux. J'avais installé le lit de mon fils
dans la chambre près du radiateur, un petit lit de voyage d'à peine un
mètre de hauteur qui consistait en un assemblage de tubes métalliques
jaunes et creux qui s'emboîtaient les uns dans les autres pour composer
un châssis rectangulaire, sorte de petit centre Pompidou posé là sur
le parquet à côté de mes sacs et de mes valises. Parfois, pendant que
mon fils dormait, je me levais sans bruit et faisais quelques pas en
chaussettes dans la pénombre de la chambre. Une des fenêtres donnait
sur le port, et, de l'autre, plus petite et légèrement en hauteur, je
pouvais voir la route, une parcelle de route déserte qui bordait un
enclos livré aux mauvaises herbes, où, à côté d'un figuier désséché qui
ployait sous le poids de ses branches mortes, un âne solitaire broutait
du fenouil entre divers détritus, des vieilles planches, des pneus
abandonnés, une barque retournée qui pourrissait sur place.
Souvent, le matin très tôt, aux toutes premières heures du jour,
je quittais l'hôtel et me rendais dans le port. Il faisait à peine
jour dehors, et la place du village endormie et déserte était tout
emplie d'une atmosphère de fin de nuit bleutée, avec une lune d'aube
très blanche dans le ciel, qui s'inscrivait au-dessus des lignes
régulières que traçaient les fils des poteaux télégraphiques. Les
eaux du port, lisses et transparentes, étaient presque immobiles, et,
poussant devant moi la voiture d'enfant de mon fils, je longeais en
silence la petite jetée de pierres où quelques barques tanguaient
imperceptiblement le long de leurs amarres dans un bruit régulier de
clapotement d'eau très faible et de grincement de cordes.
I. 136
il se penchait en avant pour essayer de s'emparer de quelque objet échoué
sur la plage, et je lui tendais à mesure tout ce qu'il convoitait, des
morceaux de bois morts rejetés par la marée qui avaient pris des formes
de talismans bizarres, des galets, des brindilles, une vieille sandale en
plastique, aussi, à laquelle il semblait tenir tout particulièrement.
De retour dans la chambre d'hôtel, je passais des heures allongé sur
le lit à barreaux qui occupait le centre de la pièce. Je ne faisais rien,
je n'attendais rien de particulier. Les murs, autour de moi, étaient
humides et sales, tapissés d'un vieux tissu orange assorti aux fleurs
sombres du couvre-lit et des rideaux. J'avais installé le lit de mon fils
dans la chambre près du radiateur, un petit lit de voyage d'à peine un
mètre de hauteur qui consistait en un assemblage de tubes métalliques
jaunes et creux qui s'emboîtaient les uns dans les autres pour composer
un châssis rectangulaire, sorte de petit centre Pompidou posé là sur
le parquet à côté de mes sacs et de mes valises. Parfois, pendant que
mon fils dormait, je me levais sans bruit et faisais quelques pas en
chaussettes dans la pénombre de la chambre. Une des fenêtres donnait
sur le port, et, de l'autre, plus petite et légèrement en hauteur, je
pouvais voir la route, une parcelle de route déserte qui bordait un
enclos livré aux mauvaises herbes, où, à côté d'un figuier désséché qui
ployait sous le poids de ses branches mortes, un âne solitaire broutait
du fenouil entre divers détritus, des vieilles planches, des pneus
abandonnés, une barque retournée qui pourrissait sur place.
Souvent, le matin très tôt, aux toutes premières heures du jour,
je quittais l'hôtel et me rendais dans le port. Il faisait à peine
jour dehors, et la place du village endormie et déserte était tout
emplie d'une atmosphère de fin de nuit bleutée, avec une lune d'aube
très blanche dans le ciel, qui s'inscrivait au-dessus des lignes
régulières que traçaient les fils des poteaux télégraphiques. Les
eaux du port, lisses et transparentes, étaient presque immobiles, et,
poussant devant moi la voiture d'enfant de mon fils, je longeais en
silence la petite jetée de pierres où quelques barques tanguaient
imperceptiblement le long de leurs amarres dans un bruit régulier de
clapotement d'eau très faible et de grincement de cordes.