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  1. Exploration des brouillons
  2. #01
  3. LRT_01_01_00181
  • Facsimilé 
  • Tapuscrit corrigé
  • Tapuscrit

I. 181

il se penchait en avant pour essayer de s'emparer de quelque objet échoué

sur la plage, et je lui tendais à mesure tout ce qu'il convoitait, des

morceaux de bois morts rejetés par la marée qui avaient pris des formes

de talismans bizarres, des galets, des brindilles, une vieille sandale en

plastique aussi, bien grosse et transparente, dont il embrassa fougueusement

la semelle pleine de sable en poussant des petits tayauts de joie.

 De retour dans la chambre d'hôtel, je passais des heures allongé sur

le lit à barreaux qui occupait le centre de la pièce. Je ne faisais rien,

je n'attendais rien de particulier. Les murs, autour de moi, étaient humides

et sales, tapissés d'un vieux tissu orange assorti aux fleurs sombres

du couvre-lit et des rideaux. J'avais installé le lit de voyage de mon fils

près de moi dans la chambre, un petit lit pliant assez pratique qui consistait

en un assemblage de tubes métalliques jaunes et creux qui s'emboîtaient

les uns dans les autres pour composer un châssis rectangulaire, sorte de

petit centre Pompidou qui se dressait là dans la pénombre de la chambre à

côté de mes sacs et de mes valises. Parfois, tandis que mon fils dormait

tranquillement, un petit bras replié en bouclier sur la poitrine et sa

vieille sandale en plastique précieusement posée à côté de lui au fond du

litcomme un trophée , je me levais et faisais quelques pas en chaussettes dans la chambre.

J'allais jusqu'à la fenêtre  et je soulevais le rideau, je regardais la

route, une parcelle de route déserte qui bordait un enclos livré aux mauvaises

herbes, où, au loin, à côté d'un figuier désséché qui ployait sous le poids

de ses branches mortes, un âne solitaire broutait du fenouil entre divers

détritus, des vieilles planches, des pneus abandonnés, une barque retournée

qui pourrissait sur place.

 C'était en quelque sorte pour voir les Biaggi que je m'étais rendu à Sasuelo, mais,

jusqu'à présent, poussé par une sorte de paresse mêlée d'appréhension, j'avais

toujours retardé le moment de leur rendre visite, évitant même les parages

de leur maison quand je me promenais dans le village. Le jour de mon arrivée

déjà, alors que je pensais passer chez eux sitôt installé à l'hôtel, j'avais

I. 181

il se penchait en avant pour essayer de s'emparer de quelque objet échoué

sur la plage, et je lui tendais à mesure tout ce qu'il convoitait, des

morceaux de bois morts rejetés par la marée qui avaient pris des formes

de talismans bizarres, des galets, des brindilles, une vieille sandale en

plastique aussi, bien grosse et transparente, dont il embrassa fougueusement

la semelle pleine de sable en poussant des petits tayauts de joie.

 De retour dans la chambre d'hôtel, je passais des heures allongé sur

le lit à barreaux qui occupait le centre de la pièce. Je ne faisais rien,

je n'attendais rien de particulier. Les murs, autour de moi, étaient humides

et sales, tapissés d'un vieux tissu orange assorti aux fleurs sombres

du couvre-lit et des rideaux. J'avais installé le lit de voyage de mon fils

près de moi dans la chambre, un petit lit pliant assez pratique qui consistait

en un assemblage de tubes métalliques jaunes et creux qui s'emboîtaient

les uns dans les autres pour composer un châssis rectangulaire, sorte de

petit centre Pompidou qui se dressait là dans la pénombre de la chambre à

côté de mes sacs et de mes valises. Parfois, tandis que mon fils dormait

tranquillement, un petit bras replié en bouclier sur la poitrine et sa

vieille sandale en plastique précieusement posée à côté de lui au fond du

lit , je me levais et faisais quelques pas en chaussettes dans la chambre.

J'allais jusqu'à la fenêtre  et je soulevais le rideau, je regardais la

route, une parcelle de route déserte qui bordait un enclos livré aux mauvaises

herbes, où, au loin, à côté d'un figuier désséché qui ployait sous le poids

de ses branches mortes, un âne solitaire broutait du fenouil entre divers

détritus, des vieilles planches, des pneus abandonnés, une barque retournée

qui pourrissait sur place.

 C'était en quelque sorte pour voir les Biaggi que je m'étais rendu à Sasuelo, mais,

jusqu'à présent, poussé par une sorte de paresse mêlée d'appréhension, j'avais

toujours retardé le moment de leur rendre visite, évitant même les parages

de leur maison quand je me promenais dans le village. Le jour de mon arrivée

déjà, alors que je pensais passer chez eux sitôt installé à l'hôtel, j'avais

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  • Tapuscrit corrigé
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I. 181

il se penchait en avant pour essayer de s'emparer de quelque objet échoué

sur la plage, et je lui tendais à mesure tout ce qu'il convoitait, des

morceaux de bois morts rejetés par la marée qui avaient pris des formes

de talismans bizarres, des galets, des brindilles, une vieille sandale en

plastique aussi, bien grosse et transparente, dont il embrassa fougueusement

la semelle pleine de sable en poussant des petits tayauts de joie.

 De retour dans la chambre d'hôtel, je passais des heures allongé sur

le lit à barreaux qui occupait le centre de la pièce. Je ne faisais rien,

je n'attendais rien de particulier. Les murs, autour de moi, étaient humides

et sales, tapissés d'un vieux tissu orange assorti aux fleurs sombres

du couvre-lit et des rideaux. J'avais installé le lit de voyage de mon fils

près de moi dans la chambre, un petit lit pliant assez pratique qui consistait

en un assemblage de tubes métalliques jaunes et creux qui s'emboîtaient

les uns dans les autres pour composer un châssis rectangulaire, sorte de

petit centre Pompidou qui se dressait là dans la pénombre de la chambre à

côté de mes sacs et de mes valises. Parfois, tandis que mon fils dormait

tranquillement, un petit bras replié en bouclier sur la poitrine et sa

vieille sandale en plastique précieusement posée à côté de lui au fond du

litcomme un trophée , je me levais et faisais quelques pas en chaussettes dans la chambre.

J'allais jusqu'à la fenêtre  et je soulevais le rideau, je regardais la

route, une parcelle de route déserte qui bordait un enclos livré aux mauvaises

herbes, où, au loin, à côté d'un figuier désséché qui ployait sous le poids

de ses branches mortes, un âne solitaire broutait du fenouil entre divers

détritus, des vieilles planches, des pneus abandonnés, une barque retournée

qui pourrissait sur place.

 C'était en quelque sorte pour voir les Biaggi que je m'étais rendu à Sasuelo, mais,

jusqu'à présent, poussé par une sorte de paresse mêlée d'appréhension, j'avais

toujours retardé le moment de leur rendre visite, évitant même les parages

de leur maison quand je me promenais dans le village. Le jour de mon arrivée

déjà, alors que je pensais passer chez eux sitôt installé à l'hôtel, j'avais

I. 181

il se penchait en avant pour essayer de s'emparer de quelque objet échoué

sur la plage, et je lui tendais à mesure tout ce qu'il convoitait, des

morceaux de bois morts rejetés par la marée qui avaient pris des formes

de talismans bizarres, des galets, des brindilles, une vieille sandale en

plastique aussi, bien grosse et transparente, dont il embrassa fougueusement

la semelle pleine de sable en poussant des petits tayauts de joie.

 De retour dans la chambre d'hôtel, je passais des heures allongé sur

le lit à barreaux qui occupait le centre de la pièce. Je ne faisais rien,

je n'attendais rien de particulier. Les murs, autour de moi, étaient humides

et sales, tapissés d'un vieux tissu orange assorti aux fleurs sombres

du couvre-lit et des rideaux. J'avais installé le lit de voyage de mon fils

près de moi dans la chambre, un petit lit pliant assez pratique qui consistait

en un assemblage de tubes métalliques jaunes et creux qui s'emboîtaient

les uns dans les autres pour composer un châssis rectangulaire, sorte de

petit centre Pompidou qui se dressait là dans la pénombre de la chambre à

côté de mes sacs et de mes valises. Parfois, tandis que mon fils dormait

tranquillement, un petit bras replié en bouclier sur la poitrine et sa

vieille sandale en plastique précieusement posée à côté de lui au fond du

lit , je me levais et faisais quelques pas en chaussettes dans la chambre.

J'allais jusqu'à la fenêtre  et je soulevais le rideau, je regardais la

route, une parcelle de route déserte qui bordait un enclos livré aux mauvaises

herbes, où, au loin, à côté d'un figuier désséché qui ployait sous le poids

de ses branches mortes, un âne solitaire broutait du fenouil entre divers

détritus, des vieilles planches, des pneus abandonnés, une barque retournée

qui pourrissait sur place.

 C'était en quelque sorte pour voir les Biaggi que je m'étais rendu à Sasuelo, mais,

jusqu'à présent, poussé par une sorte de paresse mêlée d'appréhension, j'avais

toujours retardé le moment de leur rendre visite, évitant même les parages

de leur maison quand je me promenais dans le village. Le jour de mon arrivée

déjà, alors que je pensais passer chez eux sitôt installé à l'hôtel, j'avais

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