I. 187
et j'étais resté toute l'après-midi dans ma chambre. Trois jours maintenant
s'étaient écoulés depuis mon arrivée, et je commençais à m'étonner de ne
pas encore les avoir croisés dans le village, même si je prenais soin de
prendre une direction opposée à celle de leur maison chaque fois que jesortais
quittais l'hôtel. Un soir, pourtant, que je m'étais attardé dans la salle
à mangerde l'hôtel de l'hôtel après le dîner, finissant ma demi-bouteille de vin blanc
en échangeant quelques mots avec le patron, j'avais fini par me décider
à leur faire une visite, très brève, m'imaginais-je, juste pour leur signaler
ma présence.
La maison des Biaggi se trouvait légèrement en dehors du village sur le
bord de la route qui montait vers le hameau voisin. Elle était isolée de
l'extérieur par un mur de pierres, assez haut, qu'envahissait un enchevêtrement
de lierre désséché, qui formait un réseau touffus de racines noueuses et
grisâtres dont les ramifications grimpaient le long du mur. Quelques grands
arbres, des tamaris et des pins, étaient plantés dans le jardin laissé à
l'abandon que l'on apercevait à travers la grille, et où, ça et là, sur le
sol, de frêles marguerites avaient poussé au petit bonheur la chance parmi
les herbes hautes et les chardons. La nuit était tombée et les contours de
la villa se dessinaient dans l'ombre derrière les grilles de la propriété.
C'était une villa de construction récente, basse et allongée, devant laquelle
s'étendait une terrasse en tomettes où quelques meubles de jardin en fer blanc
avaient été abandonnés dehors à côté d'un parasol énigmatique qui reposait
par terre, à moitié ouvert et déglingué, tandis que des jarres de terre cuite
qui contenaient les restes bleuâtres et désséchés de corymbes d'hortensias
s'élevaient de chaque côté de la grande porte-fenêtre. Une vieille Mercedes
grisedont l'aile avant était accidentée était garée sur le petit chemin de graviers qui conduisait au garage.
Je n'avais jamais vu cette voiture auparavant, et j'étais en train de me
demander ce qu'ele faisait là lorsque je crus entendre un bruit derrière
la maison, du côté de la remise très exactement, comme le bruit de la chute
d'un râteau immédiatement suivi de pas précipités. Je prêtai l'oreille atten-
tivement, mais tout était silencieux. Il n'y avait aucun bruit autour de
moi, si ce n'est le murmure régulier de la mer que l'on apercevait en contrebas
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et j'étais resté toute l'après-midi dans ma chambre. Trois jours maintenant
s'étaient écoulés depuis mon arrivée, et je commençais à m'étonner de ne
pas encore les avoir croisés dans le village, même si je prenais soin de
prendre une direction opposée à celle de leur maison chaque fois que je
quittais l'hôtel. Un soir, pourtant, que je m'étais attardé dans la salle
à mangerde l'hôtel après le dîner, finissant ma demi-bouteille de vin blanc
en échangeant quelques mots avec le patron, j'avais fini par me décider
à leur faire une visite, très brève, m'imaginais-je, juste pour leur signaler
ma présence.
La maison des Biaggi se trouvait légèrement en dehors du village sur le
bord de la route qui montait vers le hameau voisin. Elle était isolée de
l'extérieur par un mur de pierres, assez haut, qu'envahissait un enchevêtrement
de lierre désséché, qui formait un réseau touffus de racines noueuses et
grisâtres dont les ramifications grimpaient le long du mur. Quelques grands
arbres, des tamaris et des pins, étaient plantés dans le jardin laissé à
l'abandon que l'on apercevait à travers la grille, et où, ça et là, sur le
sol, de frêles marguerites avaient poussé au petit bonheur la chance parmi
les herbes hautes et les chardons. La nuit était tombée et les contours de
la villa se dessinaient dans l'ombre derrière les grilles de la propriété.
C'était une villa de construction récente, basse et allongée, devant laquelle
s'étendait une terrasse en tomettes où quelques meubles de jardin en fer blanc
avaient été abandonnés dehors à côté d'un parasol énigmatique qui reposait
par terre, à moitié ouvert et déglingué, tandis que des jarres de terre cuite
qui contenaient les restes bleuâtres et désséchés de corymbes d'hortensias
s'élevaient de chaque côté de la grande porte-fenêtre. Une vieille Mercedes
grise était garée sur le petit chemin de graviers qui conduisait au garage.
Je n'avais jamais vu cette voiture auparavant, et j'étais en train de me
demander ce qu'ele faisait là lorsque je crus entendre un bruit derrière
la maison, du côté de la remise très exactement, comme le bruit de la chute
d'un râteau immédiatement suivi de pas précipités. Je prêtai l'oreille atten-
tivement, mais tout était silencieux. Il n'y avait aucun bruit autour de
moi, si ce n'est le murmure régulier de la mer que l'on apercevait en contrebas
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et j'étais resté toute l'après-midi dans ma chambre. Trois jours maintenant
s'étaient écoulés depuis mon arrivée, et je commençais à m'étonner de ne
pas encore les avoir croisés dans le village, même si je prenais soin de
prendre une direction opposée à celle de leur maison chaque fois que jesortais
quittais l'hôtel. Un soir, pourtant, que je m'étais attardé dans la salle
à mangerde l'hôtel de l'hôtel après le dîner, finissant ma demi-bouteille de vin blanc
en échangeant quelques mots avec le patron, j'avais fini par me décider
à leur faire une visite, très brève, m'imaginais-je, juste pour leur signaler
ma présence.
La maison des Biaggi se trouvait légèrement en dehors du village sur le
bord de la route qui montait vers le hameau voisin. Elle était isolée de
l'extérieur par un mur de pierres, assez haut, qu'envahissait un enchevêtrement
de lierre désséché, qui formait un réseau touffus de racines noueuses et
grisâtres dont les ramifications grimpaient le long du mur. Quelques grands
arbres, des tamaris et des pins, étaient plantés dans le jardin laissé à
l'abandon que l'on apercevait à travers la grille, et où, ça et là, sur le
sol, de frêles marguerites avaient poussé au petit bonheur la chance parmi
les herbes hautes et les chardons. La nuit était tombée et les contours de
la villa se dessinaient dans l'ombre derrière les grilles de la propriété.
C'était une villa de construction récente, basse et allongée, devant laquelle
s'étendait une terrasse en tomettes où quelques meubles de jardin en fer blanc
avaient été abandonnés dehors à côté d'un parasol énigmatique qui reposait
par terre, à moitié ouvert et déglingué, tandis que des jarres de terre cuite
qui contenaient les restes bleuâtres et désséchés de corymbes d'hortensias
s'élevaient de chaque côté de la grande porte-fenêtre. Une vieille Mercedes
grisedont l'aile avant était accidentée était garée sur le petit chemin de graviers qui conduisait au garage.
Je n'avais jamais vu cette voiture auparavant, et j'étais en train de me
demander ce qu'ele faisait là lorsque je crus entendre un bruit derrière
la maison, du côté de la remise très exactement, comme le bruit de la chute
d'un râteau immédiatement suivi de pas précipités. Je prêtai l'oreille atten-
tivement, mais tout était silencieux. Il n'y avait aucun bruit autour de
moi, si ce n'est le murmure régulier de la mer que l'on apercevait en contrebas
I. 187
et j'étais resté toute l'après-midi dans ma chambre. Trois jours maintenant
s'étaient écoulés depuis mon arrivée, et je commençais à m'étonner de ne
pas encore les avoir croisés dans le village, même si je prenais soin de
prendre une direction opposée à celle de leur maison chaque fois que je
quittais l'hôtel. Un soir, pourtant, que je m'étais attardé dans la salle
à mangerde l'hôtel après le dîner, finissant ma demi-bouteille de vin blanc
en échangeant quelques mots avec le patron, j'avais fini par me décider
à leur faire une visite, très brève, m'imaginais-je, juste pour leur signaler
ma présence.
La maison des Biaggi se trouvait légèrement en dehors du village sur le
bord de la route qui montait vers le hameau voisin. Elle était isolée de
l'extérieur par un mur de pierres, assez haut, qu'envahissait un enchevêtrement
de lierre désséché, qui formait un réseau touffus de racines noueuses et
grisâtres dont les ramifications grimpaient le long du mur. Quelques grands
arbres, des tamaris et des pins, étaient plantés dans le jardin laissé à
l'abandon que l'on apercevait à travers la grille, et où, ça et là, sur le
sol, de frêles marguerites avaient poussé au petit bonheur la chance parmi
les herbes hautes et les chardons. La nuit était tombée et les contours de
la villa se dessinaient dans l'ombre derrière les grilles de la propriété.
C'était une villa de construction récente, basse et allongée, devant laquelle
s'étendait une terrasse en tomettes où quelques meubles de jardin en fer blanc
avaient été abandonnés dehors à côté d'un parasol énigmatique qui reposait
par terre, à moitié ouvert et déglingué, tandis que des jarres de terre cuite
qui contenaient les restes bleuâtres et désséchés de corymbes d'hortensias
s'élevaient de chaque côté de la grande porte-fenêtre. Une vieille Mercedes
grise était garée sur le petit chemin de graviers qui conduisait au garage.
Je n'avais jamais vu cette voiture auparavant, et j'étais en train de me
demander ce qu'ele faisait là lorsque je crus entendre un bruit derrière
la maison, du côté de la remise très exactement, comme le bruit de la chute
d'un râteau immédiatement suivi de pas précipités. Je prêtai l'oreille atten-
tivement, mais tout était silencieux. Il n'y avait aucun bruit autour de
moi, si ce n'est le murmure régulier de la mer que l'on apercevait en contrebas