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  1. Exploration des brouillons
  2. #01
  3. LRT_01_01_00189
  • Facsimilé 
  • Tapuscrit corrigé
  • Tapuscrit

I. 189

barques. Son séjour prolongé dans l'eau ne semblait pas encore avoir altéré

son état, et, immobile à la surface, le poil noir et mouillé de son dos

luisant sous les derniers rayons du soleil, il donnait l'impression d'être

debout dans l'eau, en suspension, les pattes recroquevillées dans le vide

pendant entre deux eaux. Ses fines moustaches étaient encore dressées, raides

et pathétiques, et, hors de sa gueule, émergeant à peine de l'eau et com-

plètement désagragée à présent, décarcassée et les yeux arrachés, pendait

la tête de poisson décomposée dont les restes épars et rosâtres demeuraient

accrochés au fragment de fil de pêche.

 Je reprends. La première idée qui m'était venue, quand j'avais découvert

le chat mort dans le port, était que la tête de poisson décomposée qui pendait

hors de sa gueule était ce qui restait d'un appât de ligne morte, qui, bercé

par les vagues et porté par des courants contradictoires, était revenu

flotter à proximité du bord de la jetée de sorte que le chat était tombé

accidentellement dans le port en voulant s'en emparer. Rien en effet ne

pouvait mettre en doute qu'il se fût agi d'un accident, et si plusieurs

choses me parurent troublantes par la suite, tout laissait évidemment à

penser à ce moment-là que lorsque j'avais découvert le chat mort dans le

port, c'était la première fois que je le voyais. Car je n'avais jamais vu

ce chat auparavant, selon toute vraisemblance, une seule fois peut-être,

mais sans doute sans témoin, qui se promenaitdans le port à la tombée de la nuitsur 

le terre plein meuble et relativement solide que les algues séchées for- 

maient dans l'enceinte du port  --- et qui s'était enfui dès que j'avais

tenté de l'approcher.                                                ???  après le coucher du soleil 

 En me rendant dans le port, le lendemain matin, je remarquai que la

vieille Mercedes grise n'était plus sur la place du village, et je ne

parvenais pas à savoir depuis quand elle était partie car dans mon souvenir

elle était restée <d1>toute la journée d'hier [d1]garée sur la place, je me rappelais

même l'avoir encore vue la veille à onze heures du soir quand j'étais

sorti de l'hôtel. Le temps était couvert ce matin, quelques grands nuages

gris assombrissaient le ciel au-dessus du village, et le cadavre du chat

I. 189

barques. Son séjour prolongé dans l'eau ne semblait pas encore avoir altéré

son état, et, immobile à la surface, le poil noir et mouillé de son dos

luisant sous les derniers rayons du soleil, il donnait l'impression d'être

debout dans l'eau, en suspension, les pattes recroquevillées dans le vide

pendant entre deux eaux. Ses fines moustaches étaient encore dressées, raides

et pathétiques, et, hors de sa gueule, émergeant à peine de l'eau et com-

plètement désagragée à présent, décarcassée et les yeux arrachés, pendait

la tête de poisson décomposée dont les restes épars et rosâtres demeuraient

accrochés au fragment de fil de pêche.

 Je reprends. La première idée qui m'était venue, quand j'avais découvert

le chat mort dans le port, était que la tête de poisson décomposée qui pendait

hors de sa gueule était ce qui restait d'un appât de ligne morte, qui, bercé

par les vagues et porté par des courants contradictoires, était revenu

flotter à proximité du bord de la jetée de sorte que le chat était tombé

accidentellement dans le port en voulant s'en emparer. Rien en effet ne

pouvait mettre en doute qu'il se fût agi d'un accident, et si plusieurs

choses me parurent troublantes par la suite, tout laissait évidemment à

penser à ce moment-là que lorsque j'avais découvert le chat mort dans le

port, c'était la première fois que je le voyais. Car je n'avais jamais vu

ce chat auparavant, selon toute vraisemblance, une seule fois peut-être,

mais sans doute sans témoin, qui se promenait à la tombée de la nuitsur 

le terre plein meuble et relativement solide que les algues séchées for- 

maient dans l'enceinte du port  --- et qui s'était enfui dès que j'avais

tenté de l'approcher.                                                 

 En me rendant dans le port, le lendemain matin, je remarquai que la

vieille Mercedes grise n'était plus sur la place du village, et je ne

parvenais pas à savoir depuis quand elle était partie car dans mon souvenir

elle était restée toute la journée d'hier garée sur la place, je me rappelais

même l'avoir encore vue la veille à onze heures du soir quand j'étais

sorti de l'hôtel. Le temps était couvert ce matin, quelques grands nuages

gris assombrissaient le ciel au-dessus du village, et le cadavre du chat

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I. 189

barques. Son séjour prolongé dans l'eau ne semblait pas encore avoir altéré

son état, et, immobile à la surface, le poil noir et mouillé de son dos

luisant sous les derniers rayons du soleil, il donnait l'impression d'être

debout dans l'eau, en suspension, les pattes recroquevillées dans le vide

pendant entre deux eaux. Ses fines moustaches étaient encore dressées, raides

et pathétiques, et, hors de sa gueule, émergeant à peine de l'eau et com-

plètement désagragée à présent, décarcassée et les yeux arrachés, pendait

la tête de poisson décomposée dont les restes épars et rosâtres demeuraient

accrochés au fragment de fil de pêche.

 Je reprends. La première idée qui m'était venue, quand j'avais découvert

le chat mort dans le port, était que la tête de poisson décomposée qui pendait

hors de sa gueule était ce qui restait d'un appât de ligne morte, qui, bercé

par les vagues et porté par des courants contradictoires, était revenu

flotter à proximité du bord de la jetée de sorte que le chat était tombé

accidentellement dans le port en voulant s'en emparer. Rien en effet ne

pouvait mettre en doute qu'il se fût agi d'un accident, et si plusieurs

choses me parurent troublantes par la suite, tout laissait évidemment à

penser à ce moment-là que lorsque j'avais découvert le chat mort dans le

port, c'était la première fois que je le voyais. Car je n'avais jamais vu

ce chat auparavant, selon toute vraisemblance, une seule fois peut-être,

mais sans doute sans témoin, qui se promenaitdans le port à la tombée de la nuitsur 

le terre plein meuble et relativement solide que les algues séchées for- 

maient dans l'enceinte du port  --- et qui s'était enfui dès que j'avais

tenté de l'approcher.                                                ???  après le coucher du soleil 

 En me rendant dans le port, le lendemain matin, je remarquai que la

vieille Mercedes grise n'était plus sur la place du village, et je ne

parvenais pas à savoir depuis quand elle était partie car dans mon souvenir

elle était restée <d1>toute la journée d'hier [d1]garée sur la place, je me rappelais

même l'avoir encore vue la veille à onze heures du soir quand j'étais

sorti de l'hôtel. Le temps était couvert ce matin, quelques grands nuages

gris assombrissaient le ciel au-dessus du village, et le cadavre du chat

I. 189

barques. Son séjour prolongé dans l'eau ne semblait pas encore avoir altéré

son état, et, immobile à la surface, le poil noir et mouillé de son dos

luisant sous les derniers rayons du soleil, il donnait l'impression d'être

debout dans l'eau, en suspension, les pattes recroquevillées dans le vide

pendant entre deux eaux. Ses fines moustaches étaient encore dressées, raides

et pathétiques, et, hors de sa gueule, émergeant à peine de l'eau et com-

plètement désagragée à présent, décarcassée et les yeux arrachés, pendait

la tête de poisson décomposée dont les restes épars et rosâtres demeuraient

accrochés au fragment de fil de pêche.

 Je reprends. La première idée qui m'était venue, quand j'avais découvert

le chat mort dans le port, était que la tête de poisson décomposée qui pendait

hors de sa gueule était ce qui restait d'un appât de ligne morte, qui, bercé

par les vagues et porté par des courants contradictoires, était revenu

flotter à proximité du bord de la jetée de sorte que le chat était tombé

accidentellement dans le port en voulant s'en emparer. Rien en effet ne

pouvait mettre en doute qu'il se fût agi d'un accident, et si plusieurs

choses me parurent troublantes par la suite, tout laissait évidemment à

penser à ce moment-là que lorsque j'avais découvert le chat mort dans le

port, c'était la première fois que je le voyais. Car je n'avais jamais vu

ce chat auparavant, selon toute vraisemblance, une seule fois peut-être,

mais sans doute sans témoin, qui se promenait à la tombée de la nuitsur 

le terre plein meuble et relativement solide que les algues séchées for- 

maient dans l'enceinte du port  --- et qui s'était enfui dès que j'avais

tenté de l'approcher.                                                 

 En me rendant dans le port, le lendemain matin, je remarquai que la

vieille Mercedes grise n'était plus sur la place du village, et je ne

parvenais pas à savoir depuis quand elle était partie car dans mon souvenir

elle était restée toute la journée d'hier garée sur la place, je me rappelais

même l'avoir encore vue la veille à onze heures du soir quand j'étais

sorti de l'hôtel. Le temps était couvert ce matin, quelques grands nuages

gris assombrissaient le ciel au-dessus du village, et le cadavre du chat

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