• Accueil
  • Le projet
  • L'inventaire
  • Exploration des brouillons
  • Expérimentations
  • Créations
  • À propos
  1. Exploration des brouillons
  2. #02
  3. LRT_02_01_00044
  • Facsimilé 
  • Tapuscrit corrigé
  • Tapuscrit

II. 44

 La lune était presque entièrement voilée dans le ciel maintenant, et

la façade de l'hôtel demeurait silencieuse en face de moi, dont les murs

plâtreux étaient comme mangés d'efflorescences grisâtres. Sur le toit du

bâtiment, à côté de la grande antenne de télévision dirigée vers le pylône

émetteur de la montagne, s'élevait l'enseigne lumineuse de l'hôtel dont

les lettres de néon éteintes se dressaient à la verticale dans la nuit. Il

y avait une rangée de quatre volets identiques au premier étage, puis deux

autres volets encore à l'étage suivant, beaucoup plus petits et de forme

carrée, qui ne semblaient pas correspondre à des chambres, mais à un grenier

plutôt, une sorte de mansarde nichée sous la corniche. Et je me souvins

alors que la nuit dernière, quand j'étais remonté dans ma chambre après

le dîner, j'avais remarqué la présence d'un petit escalier tout au fond

du couloir, qui m'avait fait penser qu'il y avait peut-être encore des

chambres là-haut, car j'avais été intrigué par un bruit qui résonnait

étrangement ce soir-là dans les couloirs de l'hôtel -- comme si quelqu'un

tapait à la machine dans sa chambre.

 J'avais longé la façade de l'hôtel sur quelques mètres, et je m'étais

arrêté devant le petit volet du rez-de-chaussée qui donnait sur la chambre

des patrons de l'hôtel. Après quelques hésitations, je frappai tout dou-

cement contre le bois, une première fois, puis une deuxième, un peu plus

fort, et, ne recevant toujours pas de réponse, je finis par appeler. Un

long moment s'écoula encore, où je n'entendais toujours rien derrière le

volet, et, comme je m'apprêtais à appeler de nouveau, le volet s'entrouvrit

devant moi, lentement, et je vis apparaître le patron dans l'embrasure de

la fenêtre. Je voyais sa femme aussi, dans le fond de la pièce, qui était

couchée en chemise de nuit dans le lit défait, et je ne sus que dire. Le

patron me regardait en silence à la fenêtre, vêtu d'un vieux maillot de

corps et d'une veste de survêtement toute fripée qui tombait sur sa poitrine.

Votre a fils a pleuré, finit-il par dire. Je le regardais sans bouger. Il

n'ajouta rien, continua de me dévisager dans la pénombre. Et maintenant,

II. 44

 La lune était presque entièrement voilée dans le ciel maintenant, et

la façade de l'hôtel demeurait silencieuse en face de moi, dont les murs

plâtreux étaient comme mangés d'efflorescences grisâtres. Sur le toit du

bâtiment, à côté de la grande antenne de télévision dirigée vers le pylône

émetteur de la montagne, s'élevait l'enseigne lumineuse de l'hôtel dont

les lettres de néon éteintes se dressaient à la verticale dans la nuit. Il

y avait une rangée de quatre volets identiques au premier étage, puis deux

autres volets encore à l'étage suivant, beaucoup plus petits et de forme

carrée, qui ne semblaient pas correspondre à des chambres, mais à un grenier

plutôt, une sorte de mansarde nichée sous la corniche. Et je me souvins

alors que la nuit dernière, quand j'étais remonté dans ma chambre après

le dîner, j'avais remarqué la présence d'un petit escalier tout au fond

du couloir, qui m'avait fait penser qu'il y avait peut-être encore des

chambres là-haut, car j'avais été intrigué par un bruit qui résonnait

étrangement ce soir-là dans les couloirs de l'hôtel -- comme si quelqu'un

tapait à la machine dans sa chambre.

 J'avais longé la façade de l'hôtel sur quelques mètres, et je m'étais

arrêté devant le petit volet du rez-de-chaussée qui donnait sur la chambre

des patrons de l'hôtel. Après quelques hésitations, je frappai tout dou-

cement contre le bois, une première fois, puis une deuxième, un peu plus

fort, et, ne recevant toujours pas de réponse, je finis par appeler. Un

long moment s'écoula encore, où je n'entendais toujours rien derrière le

volet, et, comme je m'apprêtais à appeler de nouveau, le volet s'entrouvrit

devant moi, lentement, et je vis apparaître le patron dans l'embrasure de

la fenêtre. Je voyais sa femme aussi, dans le fond de la pièce, qui était

couchée en chemise de nuit dans le lit défait, et je ne sus que dire. Le

patron me regardait en silence à la fenêtre, vêtu d'un vieux maillot de

corps et d'une veste de survêtement toute fripée qui tombait sur sa poitrine.

Votre a fils a pleuré, finit-il par dire. Je le regardais sans bouger. Il

n'ajouta rien, continua de me dévisager dans la pénombre. Et maintenant,

  • Facsimilé 
  • Tapuscrit corrigé
  • Tapuscrit

II. 44

 La lune était presque entièrement voilée dans le ciel maintenant, et

la façade de l'hôtel demeurait silencieuse en face de moi, dont les murs

plâtreux étaient comme mangés d'efflorescences grisâtres. Sur le toit du

bâtiment, à côté de la grande antenne de télévision dirigée vers le pylône

émetteur de la montagne, s'élevait l'enseigne lumineuse de l'hôtel dont

les lettres de néon éteintes se dressaient à la verticale dans la nuit. Il

y avait une rangée de quatre volets identiques au premier étage, puis deux

autres volets encore à l'étage suivant, beaucoup plus petits et de forme

carrée, qui ne semblaient pas correspondre à des chambres, mais à un grenier

plutôt, une sorte de mansarde nichée sous la corniche. Et je me souvins

alors que la nuit dernière, quand j'étais remonté dans ma chambre après

le dîner, j'avais remarqué la présence d'un petit escalier tout au fond

du couloir, qui m'avait fait penser qu'il y avait peut-être encore des

chambres là-haut, car j'avais été intrigué par un bruit qui résonnait

étrangement ce soir-là dans les couloirs de l'hôtel -- comme si quelqu'un

tapait à la machine dans sa chambre.

 J'avais longé la façade de l'hôtel sur quelques mètres, et je m'étais

arrêté devant le petit volet du rez-de-chaussée qui donnait sur la chambre

des patrons de l'hôtel. Après quelques hésitations, je frappai tout dou-

cement contre le bois, une première fois, puis une deuxième, un peu plus

fort, et, ne recevant toujours pas de réponse, je finis par appeler. Un

long moment s'écoula encore, où je n'entendais toujours rien derrière le

volet, et, comme je m'apprêtais à appeler de nouveau, le volet s'entrouvrit

devant moi, lentement, et je vis apparaître le patron dans l'embrasure de

la fenêtre. Je voyais sa femme aussi, dans le fond de la pièce, qui était

couchée en chemise de nuit dans le lit défait, et je ne sus que dire. Le

patron me regardait en silence à la fenêtre, vêtu d'un vieux maillot de

corps et d'une veste de survêtement toute fripée qui tombait sur sa poitrine.

Votre a fils a pleuré, finit-il par dire. Je le regardais sans bouger. Il

n'ajouta rien, continua de me dévisager dans la pénombre. Et maintenant,

II. 44

 La lune était presque entièrement voilée dans le ciel maintenant, et

la façade de l'hôtel demeurait silencieuse en face de moi, dont les murs

plâtreux étaient comme mangés d'efflorescences grisâtres. Sur le toit du

bâtiment, à côté de la grande antenne de télévision dirigée vers le pylône

émetteur de la montagne, s'élevait l'enseigne lumineuse de l'hôtel dont

les lettres de néon éteintes se dressaient à la verticale dans la nuit. Il

y avait une rangée de quatre volets identiques au premier étage, puis deux

autres volets encore à l'étage suivant, beaucoup plus petits et de forme

carrée, qui ne semblaient pas correspondre à des chambres, mais à un grenier

plutôt, une sorte de mansarde nichée sous la corniche. Et je me souvins

alors que la nuit dernière, quand j'étais remonté dans ma chambre après

le dîner, j'avais remarqué la présence d'un petit escalier tout au fond

du couloir, qui m'avait fait penser qu'il y avait peut-être encore des

chambres là-haut, car j'avais été intrigué par un bruit qui résonnait

étrangement ce soir-là dans les couloirs de l'hôtel -- comme si quelqu'un

tapait à la machine dans sa chambre.

 J'avais longé la façade de l'hôtel sur quelques mètres, et je m'étais

arrêté devant le petit volet du rez-de-chaussée qui donnait sur la chambre

des patrons de l'hôtel. Après quelques hésitations, je frappai tout dou-

cement contre le bois, une première fois, puis une deuxième, un peu plus

fort, et, ne recevant toujours pas de réponse, je finis par appeler. Un

long moment s'écoula encore, où je n'entendais toujours rien derrière le

volet, et, comme je m'apprêtais à appeler de nouveau, le volet s'entrouvrit

devant moi, lentement, et je vis apparaître le patron dans l'embrasure de

la fenêtre. Je voyais sa femme aussi, dans le fond de la pièce, qui était

couchée en chemise de nuit dans le lit défait, et je ne sus que dire. Le

patron me regardait en silence à la fenêtre, vêtu d'un vieux maillot de

corps et d'une veste de survêtement toute fripée qui tombait sur sa poitrine.

Votre a fils a pleuré, finit-il par dire. Je le regardais sans bouger. Il

n'ajouta rien, continua de me dévisager dans la pénombre. Et maintenant,

Mentions légales - Crédits - Code source