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  1. Exploration des brouillons
  2. #02
  3. LRT_02_01_00077
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  • Tapuscrit

II. 77

des quais, tout autour, des filets de pêche et des rochers, des arbres et

des fleurs, finissaient lentement de se défaire de l'empreinte bleutée de

la nuit. C'est ce matin-là, peu avant le lever du soleil, que j'avais

découvert le chat mort dans le port. De loin, j'avais crus tout d'abord

qu'il s'agissait de quelque sac en plastique, une vieille couverture

roulée en boule peut-être, et je m'étais levé pour m'approcher du bord de

la jetée. Le cadavre était là, qui flottait lourdement à la surface, les

oreilles et une partie du dos émergeant hors de l'eau. De la manière dont

il était placé alors, il était impossible de voir sa tête, et ce n'est que

lorsque le courant fit légèrement pivoter le corps sur lui-même que je me

rendis compte qu'hors de sa gueule pendait une tête de poisson décomposée

dont dépassait un fil de pêche cassé d'une longueur de deux ou trois cen-

timètres, qui me fit penser, un peu plus tard dans la journée -- sur le

moment, je l'avais simplement examiné distraitement, ce fragment de fil de

pêche -- que le chat avait été assassiné.

 Comment en effet expliquer la présence de ce fragment de fil de pêche

dans sa gueule ? Comment expliquer qu'un fil de pêche aussi dur et résistant

ait pu être rompu par l'animal lui-même ? Comment même, à supposer qu'il y

soit parvenu, expliquer la présence d'une ligne morte dans le port à quelques

mètres du bord de la jetée alors qu'elle aurait dû reposer au large par

dix ou vingt mètres de fond ? Pourquoi, surtout, l'extrémité du fil était-elle

coupée aussi proprement, comme sectionnée net par une lame, si ce n'est

parce qu'une fois le chat pris au piège que Biaggi lui avait tendu la nuit

dernière -- car Biaggi se trouvait dans le village, j'en avais le conviction

maintenant --, il avait lentement rembobiné sa ligne tandis que l'animal

se débattait dans l'eau l'hameçon accroché dans la gueule, et qu'il l'avait

ramené à son rythme comme il l'aurait fait d'un très gros poisson, cessant

de rembobiner lorsqu'il sentait une trop grande résistance et rembobinant

à nouveau et très vite chaque fois que les efforts du chat se relâchaient,

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des quais, tout autour, des filets de pêche et des rochers, des arbres et

des fleurs, finissaient lentement de se défaire de l'empreinte bleutée de

la nuit. C'est ce matin-là, peu avant le lever du soleil, que j'avais

découvert le chat mort dans le port. De loin, j'avais crus tout d'abord

qu'il s'agissait de quelque sac en plastique, une vieille couverture

roulée en boule peut-être, et je m'étais levé pour m'approcher du bord de

la jetée. Le cadavre était là, qui flottait lourdement à la surface, les

oreilles et une partie du dos émergeant hors de l'eau. De la manière dont

il était placé alors, il était impossible de voir sa tête, et ce n'est que

lorsque le courant fit légèrement pivoter le corps sur lui-même que je me

rendis compte qu'hors de sa gueule pendait une tête de poisson décomposée

dont dépassait un fil de pêche cassé d'une longueur de deux ou trois cen-

timètres, qui me fit penser, un peu plus tard dans la journée -- sur le

moment, je l'avais simplement examiné distraitement, ce fragment de fil de

pêche -- que le chat avait été assassiné.

 Comment en effet expliquer la présence de ce fragment de fil de pêche

dans sa gueule ? Comment expliquer qu'un fil de pêche aussi dur et résistant

ait pu être rompu par l'animal lui-même ? Comment même, à supposer qu'il y

soit parvenu, expliquer la présence d'une ligne morte dans le port à quelques

mètres du bord de la jetée alors qu'elle aurait dû reposer au large par

dix ou vingt mètres de fond ? Pourquoi, surtout, l'extrémité du fil était-elle

coupée aussi proprement, comme sectionnée net par une lame, si ce n'est

parce qu'une fois le chat pris au piège que Biaggi lui avait tendu la nuit

dernière -- car Biaggi se trouvait dans le village, j'en avais le conviction

maintenant --, il avait lentement rembobiné sa ligne tandis que l'animal

se débattait dans l'eau l'hameçon accroché dans la gueule, et qu'il l'avait

ramené à son rythme comme il l'aurait fait d'un très gros poisson, cessant

de rembobiner lorsqu'il sentait une trop grande résistance et rembobinant

à nouveau et très vite chaque fois que les efforts du chat se relâchaient,

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des quais, tout autour, des filets de pêche et des rochers, des arbres et

des fleurs, finissaient lentement de se défaire de l'empreinte bleutée de

la nuit. C'est ce matin-là, peu avant le lever du soleil, que j'avais

découvert le chat mort dans le port. De loin, j'avais crus tout d'abord

qu'il s'agissait de quelque sac en plastique, une vieille couverture

roulée en boule peut-être, et je m'étais levé pour m'approcher du bord de

la jetée. Le cadavre était là, qui flottait lourdement à la surface, les

oreilles et une partie du dos émergeant hors de l'eau. De la manière dont

il était placé alors, il était impossible de voir sa tête, et ce n'est que

lorsque le courant fit légèrement pivoter le corps sur lui-même que je me

rendis compte qu'hors de sa gueule pendait une tête de poisson décomposée

dont dépassait un fil de pêche cassé d'une longueur de deux ou trois cen-

timètres, qui me fit penser, un peu plus tard dans la journée -- sur le

moment, je l'avais simplement examiné distraitement, ce fragment de fil de

pêche -- que le chat avait été assassiné.

 Comment en effet expliquer la présence de ce fragment de fil de pêche

dans sa gueule ? Comment expliquer qu'un fil de pêche aussi dur et résistant

ait pu être rompu par l'animal lui-même ? Comment même, à supposer qu'il y

soit parvenu, expliquer la présence d'une ligne morte dans le port à quelques

mètres du bord de la jetée alors qu'elle aurait dû reposer au large par

dix ou vingt mètres de fond ? Pourquoi, surtout, l'extrémité du fil était-elle

coupée aussi proprement, comme sectionnée net par une lame, si ce n'est

parce qu'une fois le chat pris au piège que Biaggi lui avait tendu la nuit

dernière -- car Biaggi se trouvait dans le village, j'en avais le conviction

maintenant --, il avait lentement rembobiné sa ligne tandis que l'animal

se débattait dans l'eau l'hameçon accroché dans la gueule, et qu'il l'avait

ramené à son rythme comme il l'aurait fait d'un très gros poisson, cessant

de rembobiner lorsqu'il sentait une trop grande résistance et rembobinant

à nouveau et très vite chaque fois que les efforts du chat se relâchaient,

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des quais, tout autour, des filets de pêche et des rochers, des arbres et

des fleurs, finissaient lentement de se défaire de l'empreinte bleutée de

la nuit. C'est ce matin-là, peu avant le lever du soleil, que j'avais

découvert le chat mort dans le port. De loin, j'avais crus tout d'abord

qu'il s'agissait de quelque sac en plastique, une vieille couverture

roulée en boule peut-être, et je m'étais levé pour m'approcher du bord de

la jetée. Le cadavre était là, qui flottait lourdement à la surface, les

oreilles et une partie du dos émergeant hors de l'eau. De la manière dont

il était placé alors, il était impossible de voir sa tête, et ce n'est que

lorsque le courant fit légèrement pivoter le corps sur lui-même que je me

rendis compte qu'hors de sa gueule pendait une tête de poisson décomposée

dont dépassait un fil de pêche cassé d'une longueur de deux ou trois cen-

timètres, qui me fit penser, un peu plus tard dans la journée -- sur le

moment, je l'avais simplement examiné distraitement, ce fragment de fil de

pêche -- que le chat avait été assassiné.

 Comment en effet expliquer la présence de ce fragment de fil de pêche

dans sa gueule ? Comment expliquer qu'un fil de pêche aussi dur et résistant

ait pu être rompu par l'animal lui-même ? Comment même, à supposer qu'il y

soit parvenu, expliquer la présence d'une ligne morte dans le port à quelques

mètres du bord de la jetée alors qu'elle aurait dû reposer au large par

dix ou vingt mètres de fond ? Pourquoi, surtout, l'extrémité du fil était-elle

coupée aussi proprement, comme sectionnée net par une lame, si ce n'est

parce qu'une fois le chat pris au piège que Biaggi lui avait tendu la nuit

dernière -- car Biaggi se trouvait dans le village, j'en avais le conviction

maintenant --, il avait lentement rembobiné sa ligne tandis que l'animal

se débattait dans l'eau l'hameçon accroché dans la gueule, et qu'il l'avait

ramené à son rythme comme il l'aurait fait d'un très gros poisson, cessant

de rembobiner lorsqu'il sentait une trop grande résistance et rembobinant

à nouveau et très vite chaque fois que les efforts du chat se relâchaient,

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