IV, 265
sur le dossier des sièges.
La villa des Biaggi* s'étendait derrière les grilles de la propriété. Elle
était silencieuse et fermée maintenant, et je me tenais toujours devant
la grille, seul apparemment sur la route avec mon fils* à côté de moi dans
sa poussette . Je venais de sortir les trois lettres de ma poche pour
le remettre dans la boîte aux lettres des Biaggi*, et, comme j'allais les
glisser dans la boîte et m'en aller, ma main s'immobilisa et je ressentis
ce léger frisson d'angoisse passagère que j'éprouvais toujours au moment
de devoir lâcher du courrier dans une boîte aux lettres, pendant cette
seconde durant laquelle je relisais toujours entièrement mentalement les
lettrescourrier que je venais d'écrire, me remémorant mentalement toutes les tournures de phrases
que j'avais employées et m'interrogeant sur l'orthographe de tel ou tel
mot, doutant soudain de l'les avoir correctement orthographiés, et puis un
doute horrible s'emparant de moi au sujet de tel accord, quand ce n'était
pas le contenu même des lettres que je venais d'écrire qui devenait l'objet d'un doute soudain,
et, tandis que ma main pouvait encore retenir les lettres, tandis que
quelques centimètres seulement les séparaient de la fente de la boîte
aux lettres, et que toutes ces sensations diffuses se confondaient en moi
et que je disposais encore de la possibilité de conserver les lettres,
de les rouvrir et les relire, c'est à ce moment-là que je lâchais les
lettres — et ma main poursuivit son mouvement, je lâchai les trois lettres
dans la boîte aux lettres des Biaggi*.
J'avais repris le chemin de l'hôtel, et je suivais [n1]dans l'autre sens
la route qui longeait la falaise <n1>, quand, à l'approche du village,repassant comme je repassais devant la décharge
publique, j'aperçus un chat noir* juché au-dessus des détritus de la décharge publique. Il était
monté sur la cage grillagée des poubelles et se tenait en équilibre sur
l'arrondi d'un des barreaux, penché en avant au-dessus d'un sac-poubelle
éventré, dont il était en train de sortir précautionneusement
un long squelette de poisson décharné. Il ne m'avait pas entendu approcher,
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sur le dossier des sièges.
La villa des Biaggi* s'étendait derrière les grilles de la propriété. Elle
était silencieuse et fermée maintenant, et je me tenais toujours devant
la grille, seul apparemment sur la route avec mon fils* à côté de moi dans
sa poussette . Je venais de sortir les trois lettres de ma poche pour
le remettre dans la boîte aux lettres des Biaggi*, et, comme j'allais les
glisser dans la boîte et m'en aller, ma main s'immobilisa et je ressentis
ce léger frisson d'angoisse passagère que j'éprouvais toujours au moment
de devoir lâcher du courrier dans une boîte aux lettres, pendant cette
seconde durant laquelle je relisais toujours entièrement mentalement les
lettres que je venais d'écrire, me remémorant toutes les tournures de phrases
que j'avais employées et m'interrogeant sur l'orthographe de tel ou tel
mot, doutant soudain de l' avoir correctement orthographié, et puis un
doute horrible s'emparant de moi au sujet de tel accord, quand ce n'était
pas le contenu même des lettres qui devenait l'objet d'un doute soudain,
et, tandis que ma main pouvait encore retenir les lettres, tandis que
quelques centimètres seulement les séparaient de la fente de la boîte
aux lettres, que toutes ces sensations diffuses se confondaient en moi
et que je disposais encore de la possibilité de conserver les lettres,
de les rouvrir et les relire, c'est à ce moment-là que je lâchais les
lettres — et ma main poursuivit son mouvement, je lâchai les trois lettres
dans la boîte aux lettres des Biaggi*.
J'avais repris le chemin de l'hôtel, et je suivais dans l'autre sens
la route qui longeait la falaise , quand, repassant devant la décharge
publique, j'aperçus un chat noir* juché au-dessus des détritus . Il était
monté sur la cage grillagée des poubelles et se tenait en équilibre sur
l'arrondi d'un des barreaux, penché en avant au-dessus d'un sac-poubelle
éventré, dont il était en train de sortir précautionneusement
un long squelette de poisson décharné. Il ne m'avait pas entendu approcher,
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sur le dossier des sièges.
La villa des Biaggi* s'étendait derrière les grilles de la propriété. Elle
était silencieuse et fermée maintenant, et je me tenais toujours devant
la grille, seul apparemment sur la route avec mon fils* à côté de moi dans
sa poussette . Je venais de sortir les trois lettres de ma poche pour
le remettre dans la boîte aux lettres des Biaggi*, et, comme j'allais les
glisser dans la boîte et m'en aller, ma main s'immobilisa et je ressentis
ce léger frisson d'angoisse passagère que j'éprouvais toujours au moment
de devoir lâcher du courrier dans une boîte aux lettres, pendant cette
seconde durant laquelle je relisais toujours entièrement mentalement les
lettrescourrier que je venais d'écrire, me remémorant mentalement toutes les tournures de phrases
que j'avais employées et m'interrogeant sur l'orthographe de tel ou tel
mot, doutant soudain de l'les avoir correctement orthographiés, et puis un
doute horrible s'emparant de moi au sujet de tel accord, quand ce n'était
pas le contenu même des lettres que je venais d'écrire qui devenait l'objet d'un doute soudain,
et, tandis que ma main pouvait encore retenir les lettres, tandis que
quelques centimètres seulement les séparaient de la fente de la boîte
aux lettres, et que toutes ces sensations diffuses se confondaient en moi
et que je disposais encore de la possibilité de conserver les lettres,
de les rouvrir et les relire, c'est à ce moment-là que je lâchais les
lettres — et ma main poursuivit son mouvement, je lâchai les trois lettres
dans la boîte aux lettres des Biaggi*.
J'avais repris le chemin de l'hôtel, et je suivais [n1]dans l'autre sens
la route qui longeait la falaise <n1>, quand, à l'approche du village,repassant comme je repassais devant la décharge
publique, j'aperçus un chat noir* juché au-dessus des détritus de la décharge publique. Il était
monté sur la cage grillagée des poubelles et se tenait en équilibre sur
l'arrondi d'un des barreaux, penché en avant au-dessus d'un sac-poubelle
éventré, dont il était en train de sortir précautionneusement
un long squelette de poisson décharné. Il ne m'avait pas entendu approcher,
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sur le dossier des sièges.
La villa des Biaggi* s'étendait derrière les grilles de la propriété. Elle
était silencieuse et fermée maintenant, et je me tenais toujours devant
la grille, seul apparemment sur la route avec mon fils* à côté de moi dans
sa poussette . Je venais de sortir les trois lettres de ma poche pour
le remettre dans la boîte aux lettres des Biaggi*, et, comme j'allais les
glisser dans la boîte et m'en aller, ma main s'immobilisa et je ressentis
ce léger frisson d'angoisse passagère que j'éprouvais toujours au moment
de devoir lâcher du courrier dans une boîte aux lettres, pendant cette
seconde durant laquelle je relisais toujours entièrement mentalement les
lettres que je venais d'écrire, me remémorant toutes les tournures de phrases
que j'avais employées et m'interrogeant sur l'orthographe de tel ou tel
mot, doutant soudain de l' avoir correctement orthographié, et puis un
doute horrible s'emparant de moi au sujet de tel accord, quand ce n'était
pas le contenu même des lettres qui devenait l'objet d'un doute soudain,
et, tandis que ma main pouvait encore retenir les lettres, tandis que
quelques centimètres seulement les séparaient de la fente de la boîte
aux lettres, que toutes ces sensations diffuses se confondaient en moi
et que je disposais encore de la possibilité de conserver les lettres,
de les rouvrir et les relire, c'est à ce moment-là que je lâchais les
lettres — et ma main poursuivit son mouvement, je lâchai les trois lettres
dans la boîte aux lettres des Biaggi*.
J'avais repris le chemin de l'hôtel, et je suivais dans l'autre sens
la route qui longeait la falaise , quand, repassant devant la décharge
publique, j'aperçus un chat noir* juché au-dessus des détritus . Il était
monté sur la cage grillagée des poubelles et se tenait en équilibre sur
l'arrondi d'un des barreaux, penché en avant au-dessus d'un sac-poubelle
éventré, dont il était en train de sortir précautionneusement
un long squelette de poisson décharné. Il ne m'avait pas entendu approcher,