IV, 282
sur le dossier des sièges.
La villa des Biaggi *s'étendait derrière les grilles de la propriété. Elle
était silencieuse et fermée maintenant, et je me tenais toujours devant
la grille, seul apparemment sur la route avec la poussette de mon fils
à côté de moi. Je venais de sortir de ma poche les trois lettres adressées
aux Biaggi *pour les remettre dans leur boîte aux lettres, et, comme j'allais
les glisser dans la boîte et m'en aller, ma main s'immobilisa et je ressentis
ce léger frisson d'angoisse passagère que j'éprouvais toujours au moment
de devoir lâcher du courrier dans une boîte aux lettres, pendant cette
seconde durant laquelle je relisais toujours entièrement mentalement les
lettres que je venais d'écrire, me remémorant toutes les tournures de phrases
que j'avais employées et m'interrogeant sur l'orthographe de tel ou tel
mot, doutant soudain de l'avoir correctement orthographié, et puis un
doute horrible s'emparant de moi au sujet de tel accord, quand ce n'était
pas le contenu même des lettres qui devenait l'objet d'un doute soudain,
et, tandis que ma main pouvait encore retenir les lettres, tandis que
quelques centimètres seulement les séparaient de la fente de la boîte aux
lettres que toutes ces sensations diffuses se confondaient en moi et
que je disposais encore de la possibilité de conserver les lettres, de
les rouvrir et les relire,
IV, 282
sur le dossier des sièges.
La villa des Biaggi *s'étendait derrière les grilles de la propriété. Elle
était silencieuse et fermée maintenant, et je me tenais toujours devant
la grille, seul apparemment sur la route avec la poussette de mon fils
à côté de moi. Je venais de sortir de ma poche les trois lettres adressées
aux Biaggi *pour les remettre dans leur boîte aux lettres, et, comme j'allais
les glisser dans la boîte et m'en aller, ma main s'immobilisa et je ressentis
ce léger frisson d'angoisse passagère que j'éprouvais toujours au moment
de devoir lâcher du courrier dans une boîte aux lettres, pendant cette
seconde durant laquelle je relisais toujours entièrement mentalement les
lettres que je venais d'écrire, me remémorant toutes les tournures de phrases
que j'avais employées et m'interrogeant sur l'orthographe de tel ou tel
mot, doutant soudain de l'avoir correctement orthographié, et puis un
doute horrible s'emparant de moi au sujet de tel accord, quand ce n'était
pas le contenu même des lettres qui devenait l'objet d'un doute soudain,
et, tandis que ma main pouvait encore retenir les lettres, tandis que
quelques centimètres seulement les séparaient de la fente de la boîte aux
lettres que toutes ces sensations diffuses se confondaient en moi et
que je disposais encore de la possibilité de conserver les lettres, de
les rouvrir et les relire,
IV, 282
sur le dossier des sièges.
La villa des Biaggi *s'étendait derrière les grilles de la propriété. Elle
était silencieuse et fermée maintenant, et je me tenais toujours devant
la grille, seul apparemment sur la route avec la poussette de mon fils
à côté de moi. Je venais de sortir de ma poche les trois lettres adressées
aux Biaggi *pour les remettre dans leur boîte aux lettres, et, comme j'allais
les glisser dans la boîte et m'en aller, ma main s'immobilisa et je ressentis
ce léger frisson d'angoisse passagère que j'éprouvais toujours au moment
de devoir lâcher du courrier dans une boîte aux lettres, pendant cette
seconde durant laquelle je relisais toujours entièrement mentalement les
lettres que je venais d'écrire, me remémorant toutes les tournures de phrases
que j'avais employées et m'interrogeant sur l'orthographe de tel ou tel
mot, doutant soudain de l'avoir correctement orthographié, et puis un
doute horrible s'emparant de moi au sujet de tel accord, quand ce n'était
pas le contenu même des lettres qui devenait l'objet d'un doute soudain,
et, tandis que ma main pouvait encore retenir les lettres, tandis que
quelques centimètres seulement les séparaient de la fente de la boîte aux
lettres que toutes ces sensations diffuses se confondaient en moi et
que je disposais encore de la possibilité de conserver les lettres, de
les rouvrir et les relire,
IV, 282
sur le dossier des sièges.
La villa des Biaggi *s'étendait derrière les grilles de la propriété. Elle
était silencieuse et fermée maintenant, et je me tenais toujours devant
la grille, seul apparemment sur la route avec la poussette de mon fils
à côté de moi. Je venais de sortir de ma poche les trois lettres adressées
aux Biaggi *pour les remettre dans leur boîte aux lettres, et, comme j'allais
les glisser dans la boîte et m'en aller, ma main s'immobilisa et je ressentis
ce léger frisson d'angoisse passagère que j'éprouvais toujours au moment
de devoir lâcher du courrier dans une boîte aux lettres, pendant cette
seconde durant laquelle je relisais toujours entièrement mentalement les
lettres que je venais d'écrire, me remémorant toutes les tournures de phrases
que j'avais employées et m'interrogeant sur l'orthographe de tel ou tel
mot, doutant soudain de l'avoir correctement orthographié, et puis un
doute horrible s'emparant de moi au sujet de tel accord, quand ce n'était
pas le contenu même des lettres qui devenait l'objet d'un doute soudain,
et, tandis que ma main pouvait encore retenir les lettres, tandis que
quelques centimètres seulement les séparaient de la fente de la boîte aux
lettres que toutes ces sensations diffuses se confondaient en moi et
que je disposais encore de la possibilité de conserver les lettres, de
les rouvrir et les relire,