V ⓵ 38
l'avant-bras par-dessus la table dans un tintement de bracelets et se fai-
saient expliquer le menu par le patron qu'elles semblaient connaître de longue
date et qu'elles appelaient par son prénom, appelant Georges* non seulement
le patron d'ailleurs, mais aussi l'homme de la voiture, qui, impassible sur
sa chaise derrière ses lunettes à verres teintés, intervenait parfois dans
la conversation pour réfuter avec constance toutes les suggestions qui pou-
vaient lui être faites sur le choix de l'entrée. Il était vêtu d'un élégant
costume gris avec un gilet assorti qui lui compressait un peu l'abdomen, un
pouce négligemment enfoncé sous le vêtement pour alléger la pression du tissu, et
il mâchouillait un cigare en étudiant la carte d'un regard terriblement las.
Curieusement, alors que le patron attendait toujours à côté de lui qu'il
se décide à faire son choix, il reposa la carte sur la table et se pencha
malicieusement sur le côté pour effectuer un bref pianotement des doigts à
l'adresse de mon fils*. Encouragés par son exemple et ne voulant sans doute pas être
en reste, le patron et les trois dames se tournèrent eux aussi vers notre
table et se mirent à nous adresser des petits bonjours à distance, auxquels,
un peu pris de court et la bouche pleine, je répondis par un sourire mal à
l'aise, tandis que mon fils*, assez imperturbable à l'égard des deux Georges*,
commença à faire du charme aux dames avec un culot qui me scia de la part
d'un aussi petit roupignoulet.
<1> J'avais été meallai faire unepromeneradesur le port []après le déjeuner,et je m'attardai
quelques instants sur les quais en attendant le retour du taxi qui ne devait
venir me reprendre à Santagralo* que vers trois heures et demie. Je m'étais
assis sur une borne d'acier au bout de la jetée, et je demeurais assis là sur le quai
à côté de la poussette de mon fils*à côté de la poussette de mon filsà regarder un pêcheur *préparer des palangres
debout dans le fond de son bateau. Un poulpe affaissé, violacé et rose, re-
posait à ses pieds, et il le ramassait de temps à autre comme un vieux torchon
pour en couper un fragment avec un petit couteau, gardant le couteau entre
ses lèvres le temps d'appâter son hameçon. Chacune de ses palangres comptait
une vingtaine d'hameçonsau moinsenviron, qui étaient répartis en rang d'oignons tout
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l'avant-bras par-dessus la table dans un tintement de bracelets et se fai-
saient expliquer le menu par le patron qu'elles semblaient connaître de longue
date et qu'elles appelaient par son prénom, appelant Georges* non seulement
le patron d'ailleurs, mais aussi l'homme de la voiture, qui, impassible sur
sa chaise derrière ses lunettes à verres teintés, intervenait parfois dans
la conversation pour réfuter avec constance toutes les suggestions qui pou-
vaient lui être faites sur le choix de l'entrée. Il était vêtu d'un élégant
costume gris avec un gilet assorti qui lui compressait un peu l'abdomen, un
pouce négligemment enfoncé sous le vêtement pour alléger la pression , et
il mâchouillait un cigare en étudiant la carte d'un regard terriblement las.
Curieusement, alors que le patron attendait toujours à côté de lui qu'il
se décide à faire son choix, il reposa la carte sur la table et se pencha
malicieusement sur le côté pour effectuer un bref pianotement des doigts à
l'adresse de mon fils*. Encouragés par son exemple et ne voulant pas être
en reste, le patron et les trois dames se tournèrent eux aussi vers notre
table et se mirent à nous adresser des petits bonjours à distance, auxquels,
un peu pris de court et la bouche pleine, je répondis par un sourire mal à
l'aise, tandis que mon fils*, assez imperturbable à l'égard des deux Georges*,
commença à faire du charme aux dames avec un culot qui me scia de la part
d'un aussi petit roupignoulet.
J'avais été mepromenersur le port après le déjeuner,et je m'attardai
quelques instants sur les quais en attendant le retour du taxi qui ne devait
venir me reprendre à Santagralo* que vers trois heures et demie. Je m'étais
assis sur une borne d'acier au bout de la jetée, et je demeurais assis là sur le quai
à côté de la poussette de mon filsà regarder un pêcheur *préparer des palangres
debout dans le fond de son bateau. Un poulpe affaissé, violacé et rose, re-
posait à ses pieds, et il le ramassait de temps à autre comme un vieux torchon
pour en couper un fragment avec un petit couteau, gardant le couteau entre
ses lèvres le temps d'appâter son hameçon. Chacune de ses palangres comptait
une vingtaine d'hameçonsau moins, qui étaient répartis en rang d'oignons tout
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l'avant-bras par-dessus la table dans un tintement de bracelets et se fai-
saient expliquer le menu par le patron qu'elles semblaient connaître de longue
date et qu'elles appelaient par son prénom, appelant Georges* non seulement
le patron d'ailleurs, mais aussi l'homme de la voiture, qui, impassible sur
sa chaise derrière ses lunettes à verres teintés, intervenait parfois dans
la conversation pour réfuter avec constance toutes les suggestions qui pou-
vaient lui être faites sur le choix de l'entrée. Il était vêtu d'un élégant
costume gris avec un gilet assorti qui lui compressait un peu l'abdomen, un
pouce négligemment enfoncé sous le vêtement pour alléger la pression du tissu, et
il mâchouillait un cigare en étudiant la carte d'un regard terriblement las.
Curieusement, alors que le patron attendait toujours à côté de lui qu'il
se décide à faire son choix, il reposa la carte sur la table et se pencha
malicieusement sur le côté pour effectuer un bref pianotement des doigts à
l'adresse de mon fils*. Encouragés par son exemple et ne voulant sans doute pas être
en reste, le patron et les trois dames se tournèrent eux aussi vers notre
table et se mirent à nous adresser des petits bonjours à distance, auxquels,
un peu pris de court et la bouche pleine, je répondis par un sourire mal à
l'aise, tandis que mon fils*, assez imperturbable à l'égard des deux Georges*,
commença à faire du charme aux dames avec un culot qui me scia de la part
d'un aussi petit roupignoulet.
<1> J'avais été meallai faire unepromeneradesur le port []après le déjeuner,et je m'attardai
quelques instants sur les quais en attendant le retour du taxi qui ne devait
venir me reprendre à Santagralo* que vers trois heures et demie. Je m'étais
assis sur une borne d'acier au bout de la jetée, et je demeurais assis là sur le quai
à côté de la poussette de mon fils*à côté de la poussette de mon filsà regarder un pêcheur *préparer des palangres
debout dans le fond de son bateau. Un poulpe affaissé, violacé et rose, re-
posait à ses pieds, et il le ramassait de temps à autre comme un vieux torchon
pour en couper un fragment avec un petit couteau, gardant le couteau entre
ses lèvres le temps d'appâter son hameçon. Chacune de ses palangres comptait
une vingtaine d'hameçonsau moinsenviron, qui étaient répartis en rang d'oignons tout
V ⓵ 38
l'avant-bras par-dessus la table dans un tintement de bracelets et se fai-
saient expliquer le menu par le patron qu'elles semblaient connaître de longue
date et qu'elles appelaient par son prénom, appelant Georges* non seulement
le patron d'ailleurs, mais aussi l'homme de la voiture, qui, impassible sur
sa chaise derrière ses lunettes à verres teintés, intervenait parfois dans
la conversation pour réfuter avec constance toutes les suggestions qui pou-
vaient lui être faites sur le choix de l'entrée. Il était vêtu d'un élégant
costume gris avec un gilet assorti qui lui compressait un peu l'abdomen, un
pouce négligemment enfoncé sous le vêtement pour alléger la pression , et
il mâchouillait un cigare en étudiant la carte d'un regard terriblement las.
Curieusement, alors que le patron attendait toujours à côté de lui qu'il
se décide à faire son choix, il reposa la carte sur la table et se pencha
malicieusement sur le côté pour effectuer un bref pianotement des doigts à
l'adresse de mon fils*. Encouragés par son exemple et ne voulant pas être
en reste, le patron et les trois dames se tournèrent eux aussi vers notre
table et se mirent à nous adresser des petits bonjours à distance, auxquels,
un peu pris de court et la bouche pleine, je répondis par un sourire mal à
l'aise, tandis que mon fils*, assez imperturbable à l'égard des deux Georges*,
commença à faire du charme aux dames avec un culot qui me scia de la part
d'un aussi petit roupignoulet.
J'avais été mepromenersur le port après le déjeuner,et je m'attardai
quelques instants sur les quais en attendant le retour du taxi qui ne devait
venir me reprendre à Santagralo* que vers trois heures et demie. Je m'étais
assis sur une borne d'acier au bout de la jetée, et je demeurais assis là sur le quai
à côté de la poussette de mon filsà regarder un pêcheur *préparer des palangres
debout dans le fond de son bateau. Un poulpe affaissé, violacé et rose, re-
posait à ses pieds, et il le ramassait de temps à autre comme un vieux torchon
pour en couper un fragment avec un petit couteau, gardant le couteau entre
ses lèvres le temps d'appâter son hameçon. Chacune de ses palangres comptait
une vingtaine d'hameçonsau moins, qui étaient répartis en rang d'oignons tout