VI ② 12
jouant avec quelque morceau de pain que je lui avais donné pour s'occuper
les doigts. Parmi les autres clients du restaurant, j'avais reconnu dès qu'il
était entré l'homme qui était assis ce matin au volant de sa voiture devant
la capitainerie du port. Je ne savais pas s'il avait réussi à résoudre son
problème, mais il venait de prendre place à une table juste en face de moi,
accompagné de trois dames blondes qui devaient avoir le même coiffeur, toutes
trois très convenables et ayant été jeunes, souriantes et amies, qui se
prenaient familièrement l'avant-bras par dessus la table dans un tintement
de bracelets et se faisaient expliquer le menu par le patron qu'elles semblaient
connaître de longue date et qu'elles appelaient par son prénom, appelant
Georges* non seulement le patron d'ailleurs, mais aussi l'homme de la voiture,
qui, impassible sur sa chaise derrière ses lunettes à verres teintées, inter-
venait parfois dans la conversation pour refuter avec constance toutes les
suggestions qui pouvaient lui être faites sur le choix de l'entrée. Il était
vêtu d'un élégant costume gris avec un gilet assorti qui lui compressait un
peu l'abdomen, un pouce négligemment enfoncé sous le vêtement pour alléger
la pression du tissu, et il mâchouillait un cigare en étudiant la carte
d'un regard las. Curieusement, alors que le patron attendait toujours à côté
de lui qu'il se décide à faire son choix, il reposa la carte sur la table
et se pencha malicieusement sur le côté pour effectuer un bref pianotement
des doigts à l'adresse de mon fils*. Encouragés par son exemple et ne voulant
sans doute pas être en reste, le patron et les trois dames se tournèrent
eux aussi vers notre table et se mirent à nous adresser des petits coucous
à distance, auxquels, un peu pris de court et la bouche pleine, je répondis
par un sourire mal à l'aise en m'essuyant la bouche avec ma serviette, tandis
que mon fils*, assez imperturbable à l'égard des deux Georges*, commença à
faire du charme aux dames avec un culot qui me scia de la part d'un aussi
petit roupignoulet.
Après le déjeuner, j'allai faire une promenade sur le port en attendant
le retour du taxi qui ne devait venir me reprendre à Santagralo* que vers
VI ② 12
jouant avec quelque morceau de pain que je lui avais donné pour s'occuper
les doigts. Parmi les autres clients du restaurant, j'avais reconnu dès qu'il
était entré l'homme qui était assis ce matin au volant de sa voiture devant
la capitainerie du port. Je ne savais pas s'il avait réussi à résoudre son
problème, mais il venait de prendre place à une table juste en face de moi,
accompagné de trois dames blondes qui devaient avoir le même coiffeur, toutes
trois très convenables et ayant été jeunes, souriantes et amies, qui se
prenaient familièrement l'avant-bras par dessus la table dans un tintement
de bracelets et se faisaient expliquer le menu par le patron qu'elles semblaient
connaître de longue date et qu'elles appelaient par son prénom, appelant
Georges* non seulement le patron d'ailleurs, mais aussi l'homme de la voiture,
qui, impassible sur sa chaise derrière ses lunettes à verres teintées, inter-
venait parfois dans la conversation pour refuter avec constance toutes les
suggestions qui pouvaient lui être faites sur le choix de l'entrée. Il était
vêtu d'un élégant costume gris avec un gilet assorti qui lui compressait un
peu l'abdomen, un pouce négligemment enfoncé sous le vêtement pour alléger
la pression du tissu, et il mâchouillait un cigare en étudiant la carte
d'un regard las. Curieusement, alors que le patron attendait toujours à côté
de lui qu'il se décide à faire son choix, il reposa la carte sur la table
et se pencha malicieusement sur le côté pour effectuer un bref pianotement
des doigts à l'adresse de mon fils*. Encouragés par son exemple et ne voulant
sans doute pas être en reste, le patron et les trois dames se tournèrent
eux aussi vers notre table et se mirent à nous adresser des petits coucous
à distance, auxquels, un peu pris de court et la bouche pleine, je répondis
par un sourire mal à l'aise en m'essuyant la bouche avec ma serviette, tandis
que mon fils*, assez imperturbable à l'égard des deux Georges*, commença à
faire du charme aux dames avec un culot qui me scia de la part d'un aussi
petit roupignoulet.
Après le déjeuner, j'allai faire une promenade sur le port en attendant
le retour du taxi qui ne devait venir me reprendre à Santagralo* que vers
VI ② 12
jouant avec quelque morceau de pain que je lui avais donné pour s'occuper
les doigts. Parmi les autres clients du restaurant, j'avais reconnu dès qu'il
était entré l'homme qui était assis ce matin au volant de sa voiture devant
la capitainerie du port. Je ne savais pas s'il avait réussi à résoudre son
problème, mais il venait de prendre place à une table juste en face de moi,
accompagné de trois dames blondes qui devaient avoir le même coiffeur, toutes
trois très convenables et ayant été jeunes, souriantes et amies, qui se
prenaient familièrement l'avant-bras par dessus la table dans un tintement
de bracelets et se faisaient expliquer le menu par le patron qu'elles semblaient
connaître de longue date et qu'elles appelaient par son prénom, appelant
Georges* non seulement le patron d'ailleurs, mais aussi l'homme de la voiture,
qui, impassible sur sa chaise derrière ses lunettes à verres teintées, inter-
venait parfois dans la conversation pour refuter avec constance toutes les
suggestions qui pouvaient lui être faites sur le choix de l'entrée. Il était
vêtu d'un élégant costume gris avec un gilet assorti qui lui compressait un
peu l'abdomen, un pouce négligemment enfoncé sous le vêtement pour alléger
la pression du tissu, et il mâchouillait un cigare en étudiant la carte
d'un regard las. Curieusement, alors que le patron attendait toujours à côté
de lui qu'il se décide à faire son choix, il reposa la carte sur la table
et se pencha malicieusement sur le côté pour effectuer un bref pianotement
des doigts à l'adresse de mon fils*. Encouragés par son exemple et ne voulant
sans doute pas être en reste, le patron et les trois dames se tournèrent
eux aussi vers notre table et se mirent à nous adresser des petits coucous
à distance, auxquels, un peu pris de court et la bouche pleine, je répondis
par un sourire mal à l'aise en m'essuyant la bouche avec ma serviette, tandis
que mon fils*, assez imperturbable à l'égard des deux Georges*, commença à
faire du charme aux dames avec un culot qui me scia de la part d'un aussi
petit roupignoulet.
Après le déjeuner, j'allai faire une promenade sur le port en attendant
le retour du taxi qui ne devait venir me reprendre à Santagralo* que vers
VI ② 12
jouant avec quelque morceau de pain que je lui avais donné pour s'occuper
les doigts. Parmi les autres clients du restaurant, j'avais reconnu dès qu'il
était entré l'homme qui était assis ce matin au volant de sa voiture devant
la capitainerie du port. Je ne savais pas s'il avait réussi à résoudre son
problème, mais il venait de prendre place à une table juste en face de moi,
accompagné de trois dames blondes qui devaient avoir le même coiffeur, toutes
trois très convenables et ayant été jeunes, souriantes et amies, qui se
prenaient familièrement l'avant-bras par dessus la table dans un tintement
de bracelets et se faisaient expliquer le menu par le patron qu'elles semblaient
connaître de longue date et qu'elles appelaient par son prénom, appelant
Georges* non seulement le patron d'ailleurs, mais aussi l'homme de la voiture,
qui, impassible sur sa chaise derrière ses lunettes à verres teintées, inter-
venait parfois dans la conversation pour refuter avec constance toutes les
suggestions qui pouvaient lui être faites sur le choix de l'entrée. Il était
vêtu d'un élégant costume gris avec un gilet assorti qui lui compressait un
peu l'abdomen, un pouce négligemment enfoncé sous le vêtement pour alléger
la pression du tissu, et il mâchouillait un cigare en étudiant la carte
d'un regard las. Curieusement, alors que le patron attendait toujours à côté
de lui qu'il se décide à faire son choix, il reposa la carte sur la table
et se pencha malicieusement sur le côté pour effectuer un bref pianotement
des doigts à l'adresse de mon fils*. Encouragés par son exemple et ne voulant
sans doute pas être en reste, le patron et les trois dames se tournèrent
eux aussi vers notre table et se mirent à nous adresser des petits coucous
à distance, auxquels, un peu pris de court et la bouche pleine, je répondis
par un sourire mal à l'aise en m'essuyant la bouche avec ma serviette, tandis
que mon fils*, assez imperturbable à l'égard des deux Georges*, commença à
faire du charme aux dames avec un culot qui me scia de la part d'un aussi
petit roupignoulet.
Après le déjeuner, j'allai faire une promenade sur le port en attendant
le retour du taxi qui ne devait venir me reprendre à Santagralo* que vers