VI ② 46
jour depuis mon arrivée en réalité, et l'image que la maison présentait
d'elle maintenant était bien différente de celle que je connaissais d'elle
d'un précédent séjour, ensoleillée, avec un ciel uniformément bleu et limpide
que l'on apercevait entre les hautes cimes branches des pins et des palmiers. L'herbe
était alors sèche, rase, brûlée de soleil dans le parc, et de la musique classique
s'échappait parfois de la grande baie vitrée du rez-de-chaussée qui était
ouverte en permanence sur la terrasse, tandis qu'à l'intérieur de la maison
se devinaient les profondeurs ombrées du salon, fraîches et accueillantes,
avec le profil des rayons de la bibliothèque qui se dessinaient au loin le
long des murs, un parasol tout blanc ouvert sur la terrasse et les taches
de couleur des maillots de bain et des serviettes de plage qui séchaient
au soleil sur le dossier des sièges.
= 6
La villa des Biaggi* était silencieuse et fermée maintenant, qui s'étendait
dans la brume derrière les grilles de la propriété, et je me tenais devant
la porte, seul apparemment sur la route avec mon fils* à côté de moi dans
sa poussette. J'avais sorti de ma poche les trois lettres adressées aux
Biaggi *que j'avais toujours en ma possession, et je constatai en les
examinant rapidement que le bref séjour qu'elles avaient fait dans l'eau
la nuit dernière ne les avait pratiquement pas abîmées. On voyait certes
qu'elles avaient été mouillées, le papier était comme légèrement crêpé et
boursoufflé par endroits et l'encre qui avait servi à rédiger les adresses
avait un peu bavé sur les enveloppes, mais elles étaient encore tout à fait
présentables, me semblait-il, suffisamment en tout cas pour pouvoir être
remises en l'état dans la boîte aux lettres des Biaggi *sans que personne ne
pût jamais soupçonner qu'elles n'y étaient pas restées en permanence depuis
que le facteur les y avait déposées, et, au moment précis où j'allais les
glisser dans la boîte pour les restituer — car je souhaitais m'en défaire
au plus vite maintenant — ma main s'immobilisa et je ressentis ce léger
frisson d'angoisse passagère que j'éprouvais toujours au moment de devoir
lâcher du courrier dans une boîte —, pendant cette seconde durant
laquelle je relisais toujours mentalement le courrier que je venais d'écrire,
me remémorant toutes les tournures de phrases que j'avais employées et m'in-
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jour depuis mon arrivée en réalité, et l'image que la maison présentait
d'elle maintenant était bien différente de celle que je connaissais d'elle
d'un précédent séjour, ensoleillée, avec un ciel uniformément bleu et limpide
que l'on apercevait entre les hautes cimes des pins et des palmiers. L'herbe
était sèche, rase, brûlée de soleil dans le parc, et de la musique classique
s'échappait parfois de la grande baie vitrée du rez-de-chaussée qui était
ouverte en permanence sur la terrasse, tandis qu'à l'intérieur de la maison
se devinaient les profondeurs ombrées du salon, fraîches et accueillantes,
avec le profil des rayons de la bibliothèque qui se dessinaient au loin le
long des murs, un parasol tout blanc ouvert sur la terrasse et les taches
de couleur des maillots de bain et des serviettes de plage qui séchaient
au soleil sur le dossier des sièges.
La villa des Biaggi* était silencieuse et fermée maintenant, qui s'étendait
dans la brume derrière les grilles de la propriété, et je me tenais devant
la porte, seul apparemment sur la route avec mon fils* à côté de moi dans
sa poussette. J'avais sorti de ma poche les trois lettres adressées aux
Biaggi *que j'avais toujours en ma possession, et je constatai en les
examinant rapidement que le bref séjour qu'elles avaient fait dans l'eau
la nuit dernière ne les avait pratiquement pas abîmées. On voyait certes
qu'elles avaient été mouillées, le papier était comme légèrement crêpé et
boursoufflé par endroits et l'encre qui avait servi à rédiger les adresses
avait un peu bavé sur les enveloppes, mais elles étaient encore tout à fait
présentables, me semblait-il, suffisamment en tout cas pour pouvoir être
remises en l'état dans la boîte aux lettres des Biaggi *sans que personne ne
pût jamais soupçonner qu'elles n'y étaient pas restées en permanence depuis
que le facteur les y avait déposées, et, au moment précis où j'allais les
glisser dans la boîte pour les restituer — car je souhaitais m'en défaire
au plus vite maintenant — ma main s'immobilisa et je ressentis ce léger
frisson d'angoisse passagère que j'éprouvais toujours au moment de devoir
lâcher du courrier dans une boîte —, pendant cette seconde durant
laquelle je relisais toujours mentalement le courrier que je venais d'écrire,
me remémorant toutes les tournures de phrases que j'avais employées et m'in-
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jour depuis mon arrivée en réalité, et l'image que la maison présentait
d'elle maintenant était bien différente de celle que je connaissais d'elle
d'un précédent séjour, ensoleillée, avec un ciel uniformément bleu et limpide
que l'on apercevait entre les hautes cimes branches des pins et des palmiers. L'herbe
était alors sèche, rase, brûlée de soleil dans le parc, et de la musique classique
s'échappait parfois de la grande baie vitrée du rez-de-chaussée qui était
ouverte en permanence sur la terrasse, tandis qu'à l'intérieur de la maison
se devinaient les profondeurs ombrées du salon, fraîches et accueillantes,
avec le profil des rayons de la bibliothèque qui se dessinaient au loin le
long des murs, un parasol tout blanc ouvert sur la terrasse et les taches
de couleur des maillots de bain et des serviettes de plage qui séchaient
au soleil sur le dossier des sièges.
= 6
La villa des Biaggi* était silencieuse et fermée maintenant, qui s'étendait
dans la brume derrière les grilles de la propriété, et je me tenais devant
la porte, seul apparemment sur la route avec mon fils* à côté de moi dans
sa poussette. J'avais sorti de ma poche les trois lettres adressées aux
Biaggi *que j'avais toujours en ma possession, et je constatai en les
examinant rapidement que le bref séjour qu'elles avaient fait dans l'eau
la nuit dernière ne les avait pratiquement pas abîmées. On voyait certes
qu'elles avaient été mouillées, le papier était comme légèrement crêpé et
boursoufflé par endroits et l'encre qui avait servi à rédiger les adresses
avait un peu bavé sur les enveloppes, mais elles étaient encore tout à fait
présentables, me semblait-il, suffisamment en tout cas pour pouvoir être
remises en l'état dans la boîte aux lettres des Biaggi *sans que personne ne
pût jamais soupçonner qu'elles n'y étaient pas restées en permanence depuis
que le facteur les y avait déposées, et, au moment précis où j'allais les
glisser dans la boîte pour les restituer — car je souhaitais m'en défaire
au plus vite maintenant — ma main s'immobilisa et je ressentis ce léger
frisson d'angoisse passagère que j'éprouvais toujours au moment de devoir
lâcher du courrier dans une boîte —, pendant cette seconde durant
laquelle je relisais toujours mentalement le courrier que je venais d'écrire,
me remémorant toutes les tournures de phrases que j'avais employées et m'in-
VI ② 46
jour depuis mon arrivée en réalité, et l'image que la maison présentait
d'elle maintenant était bien différente de celle que je connaissais d'elle
d'un précédent séjour, ensoleillée, avec un ciel uniformément bleu et limpide
que l'on apercevait entre les hautes cimes des pins et des palmiers. L'herbe
était sèche, rase, brûlée de soleil dans le parc, et de la musique classique
s'échappait parfois de la grande baie vitrée du rez-de-chaussée qui était
ouverte en permanence sur la terrasse, tandis qu'à l'intérieur de la maison
se devinaient les profondeurs ombrées du salon, fraîches et accueillantes,
avec le profil des rayons de la bibliothèque qui se dessinaient au loin le
long des murs, un parasol tout blanc ouvert sur la terrasse et les taches
de couleur des maillots de bain et des serviettes de plage qui séchaient
au soleil sur le dossier des sièges.
La villa des Biaggi* était silencieuse et fermée maintenant, qui s'étendait
dans la brume derrière les grilles de la propriété, et je me tenais devant
la porte, seul apparemment sur la route avec mon fils* à côté de moi dans
sa poussette. J'avais sorti de ma poche les trois lettres adressées aux
Biaggi *que j'avais toujours en ma possession, et je constatai en les
examinant rapidement que le bref séjour qu'elles avaient fait dans l'eau
la nuit dernière ne les avait pratiquement pas abîmées. On voyait certes
qu'elles avaient été mouillées, le papier était comme légèrement crêpé et
boursoufflé par endroits et l'encre qui avait servi à rédiger les adresses
avait un peu bavé sur les enveloppes, mais elles étaient encore tout à fait
présentables, me semblait-il, suffisamment en tout cas pour pouvoir être
remises en l'état dans la boîte aux lettres des Biaggi *sans que personne ne
pût jamais soupçonner qu'elles n'y étaient pas restées en permanence depuis
que le facteur les y avait déposées, et, au moment précis où j'allais les
glisser dans la boîte pour les restituer — car je souhaitais m'en défaire
au plus vite maintenant — ma main s'immobilisa et je ressentis ce léger
frisson d'angoisse passagère que j'éprouvais toujours au moment de devoir
lâcher du courrier dans une boîte —, pendant cette seconde durant
laquelle je relisais toujours mentalement le courrier que je venais d'écrire,
me remémorant toutes les tournures de phrases que j'avais employées et m'in-