I. 115
il se penchait en avant pour essayer de s'emparer de quelque objet échoué
sur la plage, et je lui tendais à mesure tout ce qu'il convoitait, des
morceaux de bois morts rejetés par la marée qui avaient pris des formes
de talismans bizarres, des galets, des brindilles, une vieille sandale en
plastique, aussi, à laquelle il semblait tenir tout particulièrement.
De retour dans la chambre d'hôtel, je passais des heures allongé sur
le lit à barreaux qui occupait le centre de la pièce.Je ne faisais rien, je n'attendais rien. Les murs, autour
de moi, étaient humides et sales, tapissés d'un vieux tissu orange
assorti aux fleurs sombres du couvre-lit et des rideaux. J'avais ins-
tallé le lit de mon fils dans la chambre près d'une armoire, un petit
lit de voyage d'à peine un mètre de hauteur qui consistait en un assem-
blage de tubes métalliques jaunes et creux qui s'emboîtaient les uns
dans les autres pour composer un châsis rectangulaire, sorte de petit
centre Pompidou posélà sur le parquet à côté de mes sacs et de mes valises
ouvertes. Parfois, tandis que mon fils dormaitlà à plat ventre dans
la pénombre , je me levais sans bruit et faisais quelques pas en chaus-
settes dansla pénombre de la chambre. Une des fenêtres donnait sur le port, et, de
l'autre, plus petite et légèrement en hauteur, je pouvais voir la route,
une parcelle de route déserte qui bordait un enclos livré aux mauvaises
herbes, où, à côté d'un figuier désséché qui ployait sous le poids de
ses branches mortes, un âne solitaire broutait du fenouil entre divers
détritus, des vieilles planches, des pneus abandonnés, une barque
retournée qui pourrissait sur place.
Souvent, le matin très tôt, aux toutes premières heures du jour,
j'allais me promener dans le village tandis que mon fils dormait encore.
Je quittais la chambre sur la pointe des pieds, et je m'éloignais dans
les couloirs silencieux de l'hôtel, longeant une rangée de portes
closes derrière lesquelles aucun bruit ne se faisait entendre. Les
escaliers étaient tout aussi silencieux et déserts et, comme la porte
principale de l'hôtel était verrouillée pour la nuit, je traversais la
salle à manger encore toute baignée d'obscurité, passant sans bruit
entre les tables déjà prêtes pour le petit-déjeuner, le couvert dressé
dans la pénombre, les tasses blanches retournées dans les soucoupes, et
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il se penchait en avant pour essayer de s'emparer de quelque objet échoué
sur la plage, et je lui tendais à mesure tout ce qu'il convoitait, des
morceaux de bois morts rejetés par la marée qui avaient pris des formes
de talismans bizarres, des galets, des brindilles, une vieille sandale en
plastique, aussi, à laquelle il semblait tenir tout particulièrement.
De retour dans la chambre d'hôtel, je passais des heures allongé sur
le lit à barreaux qui occupait le centre de la pièce. Les murs, autour
de moi, étaient humides et sales, tapissés d'un vieux tissu orange
assorti aux fleurs sombres du couvre-lit et des rideaux. J'avais ins-
tallé le lit de mon fils dans la chambre près d'une armoire, un petit
lit de voyage d'à peine un mètre de hauteur qui consistait en un assem-
blage de tubes métalliques jaunes et creux qui s'emboîtaient les uns
dans les autres pour composer un châsis rectangulaire, sorte de petit
centre Pompidou posé sur le parquet à côté de mes sacs et de mes valises
ouvertes. Parfois, tandis que mon fils dormaitlà à plat ventre dans
la pénombre , je me levais sans bruit et faisais quelques pas en chaus-
settes dans la chambre. Une des fenêtres donnait sur le port, et, de
l'autre, plus petite et légèrement en hauteur, je pouvais voir la route,
une parcelle de route déserte qui bordait un enclos livré aux mauvaises
herbes, où, à côté d'un figuier désséché qui ployait sous le poids de
ses branches mortes, un âne solitaire broutait du fenouil entre divers
détritus, des vieilles planches, des pneus abandonnés, une barque
retournée qui pourrissait sur place.
Souvent, le matin très tôt, aux toutes premières heures du jour,
j'allais me promener dans le village tandis que mon fils dormait encore.
Je quittais la chambre sur la pointe des pieds, et je m'éloignais dans
les couloirs silencieux de l'hôtel, longeant une rangée de portes
closes derrière lesquelles aucun bruit ne se faisait entendre. Les
escaliers étaient tout aussi silencieux et déserts et, comme la porte
principale de l'hôtel était verrouillée pour la nuit, je traversais la
salle à manger encore toute baignée d'obscurité, passant sans bruit
entre les tables déjà prêtes pour le petit-déjeuner, le couvert dressé
dans la pénombre, les tasses blanches retournées dans les soucoupes, et
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il se penchait en avant pour essayer de s'emparer de quelque objet échoué
sur la plage, et je lui tendais à mesure tout ce qu'il convoitait, des
morceaux de bois morts rejetés par la marée qui avaient pris des formes
de talismans bizarres, des galets, des brindilles, une vieille sandale en
plastique, aussi, à laquelle il semblait tenir tout particulièrement.
De retour dans la chambre d'hôtel, je passais des heures allongé sur
le lit à barreaux qui occupait le centre de la pièce.Je ne faisais rien, je n'attendais rien. Les murs, autour
de moi, étaient humides et sales, tapissés d'un vieux tissu orange
assorti aux fleurs sombres du couvre-lit et des rideaux. J'avais ins-
tallé le lit de mon fils dans la chambre près d'une armoire, un petit
lit de voyage d'à peine un mètre de hauteur qui consistait en un assem-
blage de tubes métalliques jaunes et creux qui s'emboîtaient les uns
dans les autres pour composer un châsis rectangulaire, sorte de petit
centre Pompidou posélà sur le parquet à côté de mes sacs et de mes valises
ouvertes. Parfois, tandis que mon fils dormaitlà à plat ventre dans
la pénombre , je me levais sans bruit et faisais quelques pas en chaus-
settes dansla pénombre de la chambre. Une des fenêtres donnait sur le port, et, de
l'autre, plus petite et légèrement en hauteur, je pouvais voir la route,
une parcelle de route déserte qui bordait un enclos livré aux mauvaises
herbes, où, à côté d'un figuier désséché qui ployait sous le poids de
ses branches mortes, un âne solitaire broutait du fenouil entre divers
détritus, des vieilles planches, des pneus abandonnés, une barque
retournée qui pourrissait sur place.
Souvent, le matin très tôt, aux toutes premières heures du jour,
j'allais me promener dans le village tandis que mon fils dormait encore.
Je quittais la chambre sur la pointe des pieds, et je m'éloignais dans
les couloirs silencieux de l'hôtel, longeant une rangée de portes
closes derrière lesquelles aucun bruit ne se faisait entendre. Les
escaliers étaient tout aussi silencieux et déserts et, comme la porte
principale de l'hôtel était verrouillée pour la nuit, je traversais la
salle à manger encore toute baignée d'obscurité, passant sans bruit
entre les tables déjà prêtes pour le petit-déjeuner, le couvert dressé
dans la pénombre, les tasses blanches retournées dans les soucoupes, et
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il se penchait en avant pour essayer de s'emparer de quelque objet échoué
sur la plage, et je lui tendais à mesure tout ce qu'il convoitait, des
morceaux de bois morts rejetés par la marée qui avaient pris des formes
de talismans bizarres, des galets, des brindilles, une vieille sandale en
plastique, aussi, à laquelle il semblait tenir tout particulièrement.
De retour dans la chambre d'hôtel, je passais des heures allongé sur
le lit à barreaux qui occupait le centre de la pièce. Les murs, autour
de moi, étaient humides et sales, tapissés d'un vieux tissu orange
assorti aux fleurs sombres du couvre-lit et des rideaux. J'avais ins-
tallé le lit de mon fils dans la chambre près d'une armoire, un petit
lit de voyage d'à peine un mètre de hauteur qui consistait en un assem-
blage de tubes métalliques jaunes et creux qui s'emboîtaient les uns
dans les autres pour composer un châsis rectangulaire, sorte de petit
centre Pompidou posé sur le parquet à côté de mes sacs et de mes valises
ouvertes. Parfois, tandis que mon fils dormaitlà à plat ventre dans
la pénombre , je me levais sans bruit et faisais quelques pas en chaus-
settes dans la chambre. Une des fenêtres donnait sur le port, et, de
l'autre, plus petite et légèrement en hauteur, je pouvais voir la route,
une parcelle de route déserte qui bordait un enclos livré aux mauvaises
herbes, où, à côté d'un figuier désséché qui ployait sous le poids de
ses branches mortes, un âne solitaire broutait du fenouil entre divers
détritus, des vieilles planches, des pneus abandonnés, une barque
retournée qui pourrissait sur place.
Souvent, le matin très tôt, aux toutes premières heures du jour,
j'allais me promener dans le village tandis que mon fils dormait encore.
Je quittais la chambre sur la pointe des pieds, et je m'éloignais dans
les couloirs silencieux de l'hôtel, longeant une rangée de portes
closes derrière lesquelles aucun bruit ne se faisait entendre. Les
escaliers étaient tout aussi silencieux et déserts et, comme la porte
principale de l'hôtel était verrouillée pour la nuit, je traversais la
salle à manger encore toute baignée d'obscurité, passant sans bruit
entre les tables déjà prêtes pour le petit-déjeuner, le couvert dressé
dans la pénombre, les tasses blanches retournées dans les soucoupes, et