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  1. Exploration des brouillons
  2. #01
  3. LRT_01_01_00228
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I. 228

 Je m'éloignai lentement sur la place, laissant derrière moi la flaque

d'eau qui reflétait mon absence inexplicable, et je pris la direction du

port, longeai la petite jetée silencieuse et déserte, où quelques barques

tanguaient imperceptiblement le long de leurs amarres dans un bruit

régulier de clapotement très doux et de grincement de cordes. Je m'assis

sur le quai à côté d'un amas de filets de pêche enchevêtrés qui reposaient

contre un muret de pierres et dont le réseau serré de mailles

recelait encore d'infimes fragmets de poissons décomposés, et demeurai

là dans la pénombre à regarder le jour se lever devant moi sur la baie de

Sasuelo. La mer était très sombre encore, qui frémissait à peine à l'horizon,

et, peu à peu, à mesure que le soleil s'élevait de l'autre côté de la

montagne, éclairant déjà le versant opposé derrière lequel se devinait

un halo de clarté isolée et lointaine, les barques du port qui continuaient

à se balancer doucement sous mes yeux commençaient à prendre des teintes

roses et orangées, tandis que les contours des quais, tout autour, des

filets de pêche et des rochers, des arbres et des fleurs, devenaient peu

à peu plus fermes et plus précis et finissaient lentement de se défaire

de l'empreinte bleutée de la nuit.[C'est ce matin-là,qu'un peu avant le

lever du soleilque j'avais découvert le chat mort dans le port.

De loin, j'avais d'abord pris la forme noire qui flottait entre les

barques pour quelque sac en plastique, une vieille couverture roulée en

boule peut-être, et je m'étais levé pour m'approcher du bord de la jetée,

intrigué par la préence de cette masse noire immobile à la surface. Le

cadavre du chat se trouvait à moins d'un mètre du bord, le corps lourde-

ment incliné vers le fond, les oreilles et une partie du dos émergeant

hors de l'eau. De la manière dont il était placé alors, il était impossible

de voir sa tête et ce n'est que lorsque le courant qui faisait très len-

tement dériver le corps à la surfacede l'eau  fit légèrement pivoter l'animal

sur lui-même que je me rendis compte qu'hors de sa gueule pendait une

tête de poisson décomposée dont dépassait un fragment de fil de pêche,

qui me fit penser, un peu plus tard dans la journée --- sur le moment, je

l'avais simplement examiné distraitement, ce fragment de fil de pêche --- que

I. 228

 Je m'éloignai lentement sur la place, laissant derrière moi la flaque

d'eau qui reflétait mon absence inexplicable, et je pris la direction du

port, longeai la petite jetée silencieuse et déserte, où quelques barques

tanguaient imperceptiblement le long de leurs amarres dans un bruit

régulier de clapotement très doux et de grincement de cordes. Je m'assis

sur le quai à côté d'un amas de filets de pêche enchevêtrés qui reposaient

contre un muret de pierres et dont le réseau serré de mailles

recelait encore d'infimes fragmets de poissons décomposés, et demeurai

là dans la pénombre à regarder le jour se lever devant moi sur la baie de

Sasuelo. La mer était très sombre encore, qui frémissait à peine à l'horizon,

et, peu à peu, à mesure que le soleil s'élevait de l'autre côté de la

montagne, éclairant déjà le versant opposé derrière lequel se devinait

un halo de clarté isolée et lointaine, les barques du port qui continuaient

à se balancer doucement sous mes yeux commençaient à prendre des teintes

roses et orangées, tandis que les contours des quais, tout autour, des

filets de pêche et des rochers, des arbres et des fleurs, devenaient peu

à peu plus fermes et plus précis et finissaient lentement de se défaire

de l'empreinte bleutée de la nuit.C'est ce matin-làqu'un peu avant le

lever du soleil j'avais découvert le chat mort dans le port.

De loin, j'avais d'abord pris la forme noire qui flottait entre les

barques pour quelque sac en plastique, une vieille couverture roulée en

boule peut-être, et je m'étais levé pour m'approcher du bord de la jetée,

intrigué par la préence de cette masse noire immobile à la surface. Le

cadavre du chat se trouvait à moins d'un mètre du bord, le corps lourde-

ment incliné vers le fond, les oreilles et une partie du dos émergeant

hors de l'eau. De la manière dont il était placé alors, il était impossible

de voir sa tête et ce n'est que lorsque le courant qui faisait très len-

tement dériver le corps à la surfacede l'eau  fit légèrement pivoter l'animal

sur lui-même que je me rendis compte qu'hors de sa gueule pendait une

tête de poisson décomposée dont dépassait un fragment de fil de pêche,

qui me fit penser, un peu plus tard dans la journée --- sur le moment, je

l'avais simplement examiné distraitement, ce fragment de fil de pêche --- que

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I. 228

 Je m'éloignai lentement sur la place, laissant derrière moi la flaque

d'eau qui reflétait mon absence inexplicable, et je pris la direction du

port, longeai la petite jetée silencieuse et déserte, où quelques barques

tanguaient imperceptiblement le long de leurs amarres dans un bruit

régulier de clapotement très doux et de grincement de cordes. Je m'assis

sur le quai à côté d'un amas de filets de pêche enchevêtrés qui reposaient

contre un muret de pierres et dont le réseau serré de mailles

recelait encore d'infimes fragmets de poissons décomposés, et demeurai

là dans la pénombre à regarder le jour se lever devant moi sur la baie de

Sasuelo. La mer était très sombre encore, qui frémissait à peine à l'horizon,

et, peu à peu, à mesure que le soleil s'élevait de l'autre côté de la

montagne, éclairant déjà le versant opposé derrière lequel se devinait

un halo de clarté isolée et lointaine, les barques du port qui continuaient

à se balancer doucement sous mes yeux commençaient à prendre des teintes

roses et orangées, tandis que les contours des quais, tout autour, des

filets de pêche et des rochers, des arbres et des fleurs, devenaient peu

à peu plus fermes et plus précis et finissaient lentement de se défaire

de l'empreinte bleutée de la nuit.[C'est ce matin-là,qu'un peu avant le

lever du soleilque j'avais découvert le chat mort dans le port.

De loin, j'avais d'abord pris la forme noire qui flottait entre les

barques pour quelque sac en plastique, une vieille couverture roulée en

boule peut-être, et je m'étais levé pour m'approcher du bord de la jetée,

intrigué par la préence de cette masse noire immobile à la surface. Le

cadavre du chat se trouvait à moins d'un mètre du bord, le corps lourde-

ment incliné vers le fond, les oreilles et une partie du dos émergeant

hors de l'eau. De la manière dont il était placé alors, il était impossible

de voir sa tête et ce n'est que lorsque le courant qui faisait très len-

tement dériver le corps à la surfacede l'eau  fit légèrement pivoter l'animal

sur lui-même que je me rendis compte qu'hors de sa gueule pendait une

tête de poisson décomposée dont dépassait un fragment de fil de pêche,

qui me fit penser, un peu plus tard dans la journée --- sur le moment, je

l'avais simplement examiné distraitement, ce fragment de fil de pêche --- que

I. 228

 Je m'éloignai lentement sur la place, laissant derrière moi la flaque

d'eau qui reflétait mon absence inexplicable, et je pris la direction du

port, longeai la petite jetée silencieuse et déserte, où quelques barques

tanguaient imperceptiblement le long de leurs amarres dans un bruit

régulier de clapotement très doux et de grincement de cordes. Je m'assis

sur le quai à côté d'un amas de filets de pêche enchevêtrés qui reposaient

contre un muret de pierres et dont le réseau serré de mailles

recelait encore d'infimes fragmets de poissons décomposés, et demeurai

là dans la pénombre à regarder le jour se lever devant moi sur la baie de

Sasuelo. La mer était très sombre encore, qui frémissait à peine à l'horizon,

et, peu à peu, à mesure que le soleil s'élevait de l'autre côté de la

montagne, éclairant déjà le versant opposé derrière lequel se devinait

un halo de clarté isolée et lointaine, les barques du port qui continuaient

à se balancer doucement sous mes yeux commençaient à prendre des teintes

roses et orangées, tandis que les contours des quais, tout autour, des

filets de pêche et des rochers, des arbres et des fleurs, devenaient peu

à peu plus fermes et plus précis et finissaient lentement de se défaire

de l'empreinte bleutée de la nuit.C'est ce matin-làqu'un peu avant le

lever du soleil j'avais découvert le chat mort dans le port.

De loin, j'avais d'abord pris la forme noire qui flottait entre les

barques pour quelque sac en plastique, une vieille couverture roulée en

boule peut-être, et je m'étais levé pour m'approcher du bord de la jetée,

intrigué par la préence de cette masse noire immobile à la surface. Le

cadavre du chat se trouvait à moins d'un mètre du bord, le corps lourde-

ment incliné vers le fond, les oreilles et une partie du dos émergeant

hors de l'eau. De la manière dont il était placé alors, il était impossible

de voir sa tête et ce n'est que lorsque le courant qui faisait très len-

tement dériver le corps à la surfacede l'eau  fit légèrement pivoter l'animal

sur lui-même que je me rendis compte qu'hors de sa gueule pendait une

tête de poisson décomposée dont dépassait un fragment de fil de pêche,

qui me fit penser, un peu plus tard dans la journée --- sur le moment, je

l'avais simplement examiné distraitement, ce fragment de fil de pêche --- que

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