I. 229
le chat avait été assassiné.
La nuit dernière.
Comment en effet expliquer la présence de ce fragment de fil de pêche
dans sa gueule ? Comment expliquer qu'un fil de pêche aussi dur et
résistant avait pu être rompu par l'animal lui-même ? Comment même,
à supposer qu'il y soit parvenu, expliquer la présence d'une ligne morte
dans le port à quelques mètres à peine de la jetée, alors qu'elle aurait
dû reposer au large par dix ou vingt mètres de fond ? Pourquoi, enfin,
l'extrémité du fil était-elle coupée aussi proprement, comme sectionnée
net par une lame, si ce n'est parce qu'une fois le chat pris au piège que
Biaggi lui avait tendu la nuit dernière --- car Biaggi se trouvait dans
le village, j'en avais la conviction maintenant ---, il avait lentement
rembobiné sa ligne tandis que l'animal se débattait dans les eaux du port
l'hameçon accroché dans la gueule, et qu'il l'avait ramené à son rythme
comme il l'aurait fait d'un très gros poisson, cessant de rembobiner lorsqu'il
sentait une trop grande résistance et rembobinant à nouveau et très vite
chaque fois que les efforts du chat se relâchaient, et que, sortant le chat
de l'eau vivant et se convulsant de toutes ses forces au bout de la ligne
à laquelle il pendait, les yeux exorbités qui regardaient Biaggi fixement,
il avait tranché net le fil avec un petit couteau, le chat retombant alors
dans le port dans un fracas brutal, qui alla peu à peu en s'apaisant, quelques
dernière vaguelettes venant mourir doucement contre ses flancs ?
=
Les eaux du port étaient lisses et paisibles, qui ondulaient faiblement
dans l'obscurité. Je reprends. La première idée qui m'était venue,quand lorsque
j'avais découvert le chat mort, dans le port,était que la tête de poisson
décomposée qui pendait hors de sa gueule était ce qui restait d'un appât
de ligne morte qui, bercée par les vagues et portée par des courants con-
tradictoires, était revenu flotter à proximité du bord de la jetée de sorte
que le chat était tombéausside très haut dans le port en voulant s'en emparer. Rien en effet
ne pouvaitalors mettre en doute qu'il se fût agi d'un accident, et si
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le chat avait été assassiné.
La nuit dernière.
Comment en effet expliquer la présence de ce fragment de fil de pêche
dans sa gueule ? Comment expliquer qu'un fil de pêche aussi dur et
résistant avait pu être rompu par l'animal lui-même ? Comment même,
à supposer qu'il y soit parvenu, expliquer la présence d'une ligne morte
dans le port à quelques mètres à peine de la jetée, alors qu'elle aurait
dû reposer au large par dix ou vingt mètres de fond ? Pourquoi, enfin,
l'extrémité du fil était-elle coupée aussi proprement, comme sectionnée
net par une lame, si ce n'est parce qu'une fois le chat pris au piège que
Biaggi lui avait tendu la nuit dernière --- car Biaggi se trouvait dans
le village, j'en avais la conviction maintenant ---, il avait lentement
rembobiné sa ligne tandis que l'animal se débattait dans les eaux du port
l'hameçon accroché dans la gueule, et qu'il l'avait ramené à son rythme
comme il l'aurait fait d'un très gros poisson, cessant de rembobiner lorsqu'il
sentait une trop grande résistance et rembobinant à nouveau et très vite
chaque fois que les efforts du chat se relâchaient, et que, sortant le chat
de l'eau vivant et se convulsant de toutes ses forces au bout de la ligne
à laquelle il pendait, les yeux exorbités qui regardaient Biaggi fixement,
il avait tranché net le fil avec un petit couteau, le chat retombant alors
dans le port dans un fracas brutal, qui alla peu à peu en s'apaisant, quelques
dernière vaguelettes venant mourir doucement contre ses flancs ?
Les eaux du port étaient lisses et paisibles, qui ondulaient faiblement
dans l'obscurité. Je reprends. La première idée qui m'était venuequand
j'avais découvert le chat mortdans le portétait que la tête de poisson
décomposée qui pendait hors de sa gueule était ce qui restait d'un appât
de ligne morte qui, bercée par les vagues et portée par des courants con-
tradictoires, était revenu flotter à proximité du bord de la jetée de sorte
que le chat était tombé dans le port en voulant s'en emparer. Rien en effet
ne pouvaitalors mettre en doute qu'il se fût agi d'un accident, et si
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le chat avait été assassiné.
La nuit dernière.
Comment en effet expliquer la présence de ce fragment de fil de pêche
dans sa gueule ? Comment expliquer qu'un fil de pêche aussi dur et
résistant avait pu être rompu par l'animal lui-même ? Comment même,
à supposer qu'il y soit parvenu, expliquer la présence d'une ligne morte
dans le port à quelques mètres à peine de la jetée, alors qu'elle aurait
dû reposer au large par dix ou vingt mètres de fond ? Pourquoi, enfin,
l'extrémité du fil était-elle coupée aussi proprement, comme sectionnée
net par une lame, si ce n'est parce qu'une fois le chat pris au piège que
Biaggi lui avait tendu la nuit dernière --- car Biaggi se trouvait dans
le village, j'en avais la conviction maintenant ---, il avait lentement
rembobiné sa ligne tandis que l'animal se débattait dans les eaux du port
l'hameçon accroché dans la gueule, et qu'il l'avait ramené à son rythme
comme il l'aurait fait d'un très gros poisson, cessant de rembobiner lorsqu'il
sentait une trop grande résistance et rembobinant à nouveau et très vite
chaque fois que les efforts du chat se relâchaient, et que, sortant le chat
de l'eau vivant et se convulsant de toutes ses forces au bout de la ligne
à laquelle il pendait, les yeux exorbités qui regardaient Biaggi fixement,
il avait tranché net le fil avec un petit couteau, le chat retombant alors
dans le port dans un fracas brutal, qui alla peu à peu en s'apaisant, quelques
dernière vaguelettes venant mourir doucement contre ses flancs ?
=
Les eaux du port étaient lisses et paisibles, qui ondulaient faiblement
dans l'obscurité. Je reprends. La première idée qui m'était venue,quand lorsque
j'avais découvert le chat mort, dans le port,était que la tête de poisson
décomposée qui pendait hors de sa gueule était ce qui restait d'un appât
de ligne morte qui, bercée par les vagues et portée par des courants con-
tradictoires, était revenu flotter à proximité du bord de la jetée de sorte
que le chat était tombéausside très haut dans le port en voulant s'en emparer. Rien en effet
ne pouvaitalors mettre en doute qu'il se fût agi d'un accident, et si
I. 229
le chat avait été assassiné.
La nuit dernière.
Comment en effet expliquer la présence de ce fragment de fil de pêche
dans sa gueule ? Comment expliquer qu'un fil de pêche aussi dur et
résistant avait pu être rompu par l'animal lui-même ? Comment même,
à supposer qu'il y soit parvenu, expliquer la présence d'une ligne morte
dans le port à quelques mètres à peine de la jetée, alors qu'elle aurait
dû reposer au large par dix ou vingt mètres de fond ? Pourquoi, enfin,
l'extrémité du fil était-elle coupée aussi proprement, comme sectionnée
net par une lame, si ce n'est parce qu'une fois le chat pris au piège que
Biaggi lui avait tendu la nuit dernière --- car Biaggi se trouvait dans
le village, j'en avais la conviction maintenant ---, il avait lentement
rembobiné sa ligne tandis que l'animal se débattait dans les eaux du port
l'hameçon accroché dans la gueule, et qu'il l'avait ramené à son rythme
comme il l'aurait fait d'un très gros poisson, cessant de rembobiner lorsqu'il
sentait une trop grande résistance et rembobinant à nouveau et très vite
chaque fois que les efforts du chat se relâchaient, et que, sortant le chat
de l'eau vivant et se convulsant de toutes ses forces au bout de la ligne
à laquelle il pendait, les yeux exorbités qui regardaient Biaggi fixement,
il avait tranché net le fil avec un petit couteau, le chat retombant alors
dans le port dans un fracas brutal, qui alla peu à peu en s'apaisant, quelques
dernière vaguelettes venant mourir doucement contre ses flancs ?
Les eaux du port étaient lisses et paisibles, qui ondulaient faiblement
dans l'obscurité. Je reprends. La première idée qui m'était venuequand
j'avais découvert le chat mortdans le portétait que la tête de poisson
décomposée qui pendait hors de sa gueule était ce qui restait d'un appât
de ligne morte qui, bercée par les vagues et portée par des courants con-
tradictoires, était revenu flotter à proximité du bord de la jetée de sorte
que le chat était tombé dans le port en voulant s'en emparer. Rien en effet
ne pouvaitalors mettre en doute qu'il se fût agi d'un accident, et si