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moteur et qui continuait de ronronner au ralenti sur le place, puis il
m'avait indiqué la direction du seul hôtel des environs, qui se trouvait
non loin de là, en bordure du port. J'avais remis d'aplomb la poussette
de mon fils et, laissant mes valises et mes sacs à proximité d'un banc,
j'avais pris la direction de l'hôtel, mon fils devant moi dans la pous-
sette, qui ne se préoccupait de rien, absorbé qu'il était dans la contem-
plation de son phoque en peluche, qu'il tournait et retournait entre ses
mains pour l'examiner sous toutes les coutures. L'entrée de l'hôtel
présentait un petit perron fleuri, au haut duquel s'ouvrait une double
porte vitrée, et je pris la poussette à bout de bras pour gravir les
quelques marches du perron. J'avais à peine poussé la porte de l'hôtel
que je me trouvai en présence d'un homme accroupi sur le carrelage, une
serpillière à la main, qui, sans se relever, considéra avec méfiance la
poussette que je tenais devant lui. Ne sachant trop où la poser tant le
sol semblait propre et entretenu avec soin, je gardai la poussette dans
les mains et, comme je lui demandais s'il serait possible d'avoir une
chambre pour quelques nuits, mon fils lâcha le phoque qui alla rebondir
sur la tête de l'hôtelier avant de tomber par terre (je le savais, je le
savais)
La chambre qu'on m'avait attribuée se trouvait au deuxième étage de
l'hôtel, dans une partie retirée de la bâtisse. Les murs étaient humides
et sales, tapissés d'un vieux tissu orange assorti aux fleurs sombres du
couvre-lit et des rideaux. Une des fenêtres donnait sur le port, et, de
l'autre, plus petite et légèrement en hauteur, je pouvais voir la route,
une parcelle de route déserte qui bordait un enclos livré aux mauvaises
herbes, où, à côté d'un figuier désséché qui ployait sous le poids de
ses branches mortes, un âne solitaire broutait du fenouil entre divers
détritus, des vieilles planches, des pneus abandonnés, une barque retournée
qui pourrissait sur place.
Les premiers temps que je passai à Sasuelo, j'occupais mes journées à
de longues promenades, tantôt le long des routes étroites qui montaient
vers les hameaux voisins, et tantôt à la découverte de la plage sauvage
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moteur et qui continuait de ronronner au ralenti sur le place, puis il
m'avait indiqué la direction du seul hôtel des environs, qui se trouvait
non loin de là, en bordure du port. J'avais remis d'aplomb la poussette
de mon fils et, laissant mes valises et mes sacs à proximité d'un banc,
j'avais pris la direction de l'hôtel, mon fils devant moi dans la pous-
sette, qui ne se préoccupait de rien, absorbé qu'il était dans la contem-
plation de son phoque en peluche, qu'il tournait et retournait entre ses
mains pour l'examiner sous toutes les coutures. L'entrée de l'hôtel
présentait un petit perron fleuri, au haut duquel s'ouvrait une double
porte vitrée, et je pris la poussette à bout de bras pour gravir les
quelques marches du perron. J'avais à peine poussé la porte de l'hôtel
que je me trouvai en présence d'un homme accroupi sur le carrelage, une
serpillière à la main, qui, sans se relever, considéra avec méfiance la
poussette que je tenais devant lui. Ne sachant trop où la poser tant le
sol semblait propre et entretenu avec soin, je gardai la poussette dans
les mains et, comme je lui demandais s'il serait possible d'avoir une
chambre pour quelques nuits, mon fils lâcha le phoque qui alla rebondir
sur la tête de l'hôtelier avant de tomber par terre (je le savais, je le
savais)
La chambre qu'on m'avait attribuée se trouvait au deuxième étage de
l'hôtel, dans une partie retirée de la bâtisse. Les murs étaient humides
et sales, tapissés d'un vieux tissu orange assorti aux fleurs sombres du
couvre-lit et des rideaux. Une des fenêtres donnait sur le port, et, de
l'autre, plus petite et légèrement en hauteur, je pouvais voir la route,
une parcelle de route déserte qui bordait un enclos livré aux mauvaises
herbes, où, à côté d'un figuier désséché qui ployait sous le poids de
ses branches mortes, un âne solitaire broutait du fenouil entre divers
détritus, des vieilles planches, des pneus abandonnés, une barque retournée
qui pourrissait sur place.
Les premiers temps que je passai à Sasuelo, j'occupais mes journées à
de longues promenades, tantôt le long des routes étroites qui montaient
vers les hameaux voisins, et tantôt à la découverte de la plage sauvage
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moteur et qui continuait de ronronner au ralenti sur le place, puis il
m'avait indiqué la direction du seul hôtel des environs, qui se trouvait
non loin de là, en bordure du port. J'avais remis d'aplomb la poussette
de mon fils et, laissant mes valises et mes sacs à proximité d'un banc,
j'avais pris la direction de l'hôtel, mon fils devant moi dans la pous-
sette, qui ne se préoccupait de rien, absorbé qu'il était dans la contem-
plation de son phoque en peluche, qu'il tournait et retournait entre ses
mains pour l'examiner sous toutes les coutures. L'entrée de l'hôtel
présentait un petit perron fleuri, au haut duquel s'ouvrait une double
porte vitrée, et je pris la poussette à bout de bras pour gravir les
quelques marches du perron. J'avais à peine poussé la porte de l'hôtel
que je me trouvai en présence d'un homme accroupi sur le carrelage, une
serpillière à la main, qui, sans se relever, considéra avec méfiance la
poussette que je tenais devant lui. Ne sachant trop où la poser tant le
sol semblait propre et entretenu avec soin, je gardai la poussette dans
les mains et, comme je lui demandais s'il serait possible d'avoir une
chambre pour quelques nuits, mon fils lâcha le phoque qui alla rebondir
sur la tête de l'hôtelier avant de tomber par terre (je le savais, je le
savais)
La chambre qu'on m'avait attribuée se trouvait au deuxième étage de
l'hôtel, dans une partie retirée de la bâtisse. Les murs étaient humides
et sales, tapissés d'un vieux tissu orange assorti aux fleurs sombres du
couvre-lit et des rideaux. Une des fenêtres donnait sur le port, et, de
l'autre, plus petite et légèrement en hauteur, je pouvais voir la route,
une parcelle de route déserte qui bordait un enclos livré aux mauvaises
herbes, où, à côté d'un figuier désséché qui ployait sous le poids de
ses branches mortes, un âne solitaire broutait du fenouil entre divers
détritus, des vieilles planches, des pneus abandonnés, une barque retournée
qui pourrissait sur place.
Les premiers temps que je passai à Sasuelo, j'occupais mes journées à
de longues promenades, tantôt le long des routes étroites qui montaient
vers les hameaux voisins, et tantôt à la découverte de la plage sauvage
I. 341
moteur et qui continuait de ronronner au ralenti sur le place, puis il
m'avait indiqué la direction du seul hôtel des environs, qui se trouvait
non loin de là, en bordure du port. J'avais remis d'aplomb la poussette
de mon fils et, laissant mes valises et mes sacs à proximité d'un banc,
j'avais pris la direction de l'hôtel, mon fils devant moi dans la pous-
sette, qui ne se préoccupait de rien, absorbé qu'il était dans la contem-
plation de son phoque en peluche, qu'il tournait et retournait entre ses
mains pour l'examiner sous toutes les coutures. L'entrée de l'hôtel
présentait un petit perron fleuri, au haut duquel s'ouvrait une double
porte vitrée, et je pris la poussette à bout de bras pour gravir les
quelques marches du perron. J'avais à peine poussé la porte de l'hôtel
que je me trouvai en présence d'un homme accroupi sur le carrelage, une
serpillière à la main, qui, sans se relever, considéra avec méfiance la
poussette que je tenais devant lui. Ne sachant trop où la poser tant le
sol semblait propre et entretenu avec soin, je gardai la poussette dans
les mains et, comme je lui demandais s'il serait possible d'avoir une
chambre pour quelques nuits, mon fils lâcha le phoque qui alla rebondir
sur la tête de l'hôtelier avant de tomber par terre (je le savais, je le
savais)
La chambre qu'on m'avait attribuée se trouvait au deuxième étage de
l'hôtel, dans une partie retirée de la bâtisse. Les murs étaient humides
et sales, tapissés d'un vieux tissu orange assorti aux fleurs sombres du
couvre-lit et des rideaux. Une des fenêtres donnait sur le port, et, de
l'autre, plus petite et légèrement en hauteur, je pouvais voir la route,
une parcelle de route déserte qui bordait un enclos livré aux mauvaises
herbes, où, à côté d'un figuier désséché qui ployait sous le poids de
ses branches mortes, un âne solitaire broutait du fenouil entre divers
détritus, des vieilles planches, des pneus abandonnés, une barque retournée
qui pourrissait sur place.
Les premiers temps que je passai à Sasuelo, j'occupais mes journées à
de longues promenades, tantôt le long des routes étroites qui montaient
vers les hameaux voisins, et tantôt à la découverte de la plage sauvage