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  1. Exploration des brouillons
  2. #01
  3. LRT_01_01_00341
  • Facsimilé 
  • Tapuscrit corrigé
  • Tapuscrit

I. 341

moteur et qui continuait de ronronner au ralenti sur le place, puis il

m'avait indiqué la direction du seul hôtel des environs, qui se trouvait

non loin de là, en bordure du port. J'avais remis d'aplomb la poussette

de mon fils et, laissant mes valises et mes sacs à proximité d'un banc,

j'avais pris la direction de l'hôtel, mon fils devant moi dans la pous-

sette, qui ne se préoccupait de rien, absorbé qu'il était dans la contem-

plation de son phoque en peluche, qu'il tournait et retournait entre ses

mains pour l'examiner sous toutes les coutures. L'entrée de l'hôtel

présentait un petit perron fleuri, au haut duquel s'ouvrait une double

porte vitrée, et je pris la poussette à bout de bras pour gravir les

quelques marches du perron. J'avais à peine poussé la porte de l'hôtel

que je me trouvai en présence d'un homme accroupi sur le carrelage, une

serpillière à la main, qui, sans se relever, considéra avec méfiance la

poussette que je tenais devant lui. Ne sachant trop où la poser tant le

sol semblait propre et entretenu avec soin, je gardai la poussette dans

les mains et, comme je lui demandais s'il serait possible d'avoir une

chambre pour quelques nuits, mon fils lâcha le phoque qui alla rebondir

sur la tête de l'hôtelier avant de tomber par terre (je le savais, je le

savais)

 La chambre qu'on m'avait attribuée se trouvait au deuxième étage de

l'hôtel, dans une partie retirée de la bâtisse. Les murs étaient humides

et sales, tapissés d'un vieux tissu orange assorti aux fleurs sombres du

couvre-lit et des rideaux. Une des fenêtres donnait sur le port, et, de

l'autre, plus petite et légèrement en hauteur, je pouvais voir la route,

une parcelle de route déserte qui bordait un enclos livré aux mauvaises

herbes, où, à côté d'un figuier désséché qui ployait sous le poids de

ses branches mortes, un âne solitaire broutait du fenouil entre divers

détritus, des vieilles planches, des pneus abandonnés, une barque retournée

qui pourrissait sur place.

 Les premiers temps que je passai à Sasuelo, j'occupais mes journées à

de longues promenades, tantôt le long des routes étroites qui montaient

vers les hameaux voisins, et tantôt à la découverte de la plage sauvage

I. 341

moteur et qui continuait de ronronner au ralenti sur le place, puis il

m'avait indiqué la direction du seul hôtel des environs, qui se trouvait

non loin de là, en bordure du port. J'avais remis d'aplomb la poussette

de mon fils et, laissant mes valises et mes sacs à proximité d'un banc,

j'avais pris la direction de l'hôtel, mon fils devant moi dans la pous-

sette, qui ne se préoccupait de rien, absorbé qu'il était dans la contem-

plation de son phoque en peluche, qu'il tournait et retournait entre ses

mains pour l'examiner sous toutes les coutures. L'entrée de l'hôtel

présentait un petit perron fleuri, au haut duquel s'ouvrait une double

porte vitrée, et je pris la poussette à bout de bras pour gravir les

quelques marches du perron. J'avais à peine poussé la porte de l'hôtel

que je me trouvai en présence d'un homme accroupi sur le carrelage, une

serpillière à la main, qui, sans se relever, considéra avec méfiance la

poussette que je tenais devant lui. Ne sachant trop où la poser tant le

sol semblait propre et entretenu avec soin, je gardai la poussette dans

les mains et, comme je lui demandais s'il serait possible d'avoir une

chambre pour quelques nuits, mon fils lâcha le phoque qui alla rebondir

sur la tête de l'hôtelier avant de tomber par terre (je le savais, je le

savais)

 La chambre qu'on m'avait attribuée se trouvait au deuxième étage de

l'hôtel, dans une partie retirée de la bâtisse. Les murs étaient humides

et sales, tapissés d'un vieux tissu orange assorti aux fleurs sombres du

couvre-lit et des rideaux. Une des fenêtres donnait sur le port, et, de

l'autre, plus petite et légèrement en hauteur, je pouvais voir la route,

une parcelle de route déserte qui bordait un enclos livré aux mauvaises

herbes, où, à côté d'un figuier désséché qui ployait sous le poids de

ses branches mortes, un âne solitaire broutait du fenouil entre divers

détritus, des vieilles planches, des pneus abandonnés, une barque retournée

qui pourrissait sur place.

 Les premiers temps que je passai à Sasuelo, j'occupais mes journées à

de longues promenades, tantôt le long des routes étroites qui montaient

vers les hameaux voisins, et tantôt à la découverte de la plage sauvage

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moteur et qui continuait de ronronner au ralenti sur le place, puis il

m'avait indiqué la direction du seul hôtel des environs, qui se trouvait

non loin de là, en bordure du port. J'avais remis d'aplomb la poussette

de mon fils et, laissant mes valises et mes sacs à proximité d'un banc,

j'avais pris la direction de l'hôtel, mon fils devant moi dans la pous-

sette, qui ne se préoccupait de rien, absorbé qu'il était dans la contem-

plation de son phoque en peluche, qu'il tournait et retournait entre ses

mains pour l'examiner sous toutes les coutures. L'entrée de l'hôtel

présentait un petit perron fleuri, au haut duquel s'ouvrait une double

porte vitrée, et je pris la poussette à bout de bras pour gravir les

quelques marches du perron. J'avais à peine poussé la porte de l'hôtel

que je me trouvai en présence d'un homme accroupi sur le carrelage, une

serpillière à la main, qui, sans se relever, considéra avec méfiance la

poussette que je tenais devant lui. Ne sachant trop où la poser tant le

sol semblait propre et entretenu avec soin, je gardai la poussette dans

les mains et, comme je lui demandais s'il serait possible d'avoir une

chambre pour quelques nuits, mon fils lâcha le phoque qui alla rebondir

sur la tête de l'hôtelier avant de tomber par terre (je le savais, je le

savais)

 La chambre qu'on m'avait attribuée se trouvait au deuxième étage de

l'hôtel, dans une partie retirée de la bâtisse. Les murs étaient humides

et sales, tapissés d'un vieux tissu orange assorti aux fleurs sombres du

couvre-lit et des rideaux. Une des fenêtres donnait sur le port, et, de

l'autre, plus petite et légèrement en hauteur, je pouvais voir la route,

une parcelle de route déserte qui bordait un enclos livré aux mauvaises

herbes, où, à côté d'un figuier désséché qui ployait sous le poids de

ses branches mortes, un âne solitaire broutait du fenouil entre divers

détritus, des vieilles planches, des pneus abandonnés, une barque retournée

qui pourrissait sur place.

 Les premiers temps que je passai à Sasuelo, j'occupais mes journées à

de longues promenades, tantôt le long des routes étroites qui montaient

vers les hameaux voisins, et tantôt à la découverte de la plage sauvage

I. 341

moteur et qui continuait de ronronner au ralenti sur le place, puis il

m'avait indiqué la direction du seul hôtel des environs, qui se trouvait

non loin de là, en bordure du port. J'avais remis d'aplomb la poussette

de mon fils et, laissant mes valises et mes sacs à proximité d'un banc,

j'avais pris la direction de l'hôtel, mon fils devant moi dans la pous-

sette, qui ne se préoccupait de rien, absorbé qu'il était dans la contem-

plation de son phoque en peluche, qu'il tournait et retournait entre ses

mains pour l'examiner sous toutes les coutures. L'entrée de l'hôtel

présentait un petit perron fleuri, au haut duquel s'ouvrait une double

porte vitrée, et je pris la poussette à bout de bras pour gravir les

quelques marches du perron. J'avais à peine poussé la porte de l'hôtel

que je me trouvai en présence d'un homme accroupi sur le carrelage, une

serpillière à la main, qui, sans se relever, considéra avec méfiance la

poussette que je tenais devant lui. Ne sachant trop où la poser tant le

sol semblait propre et entretenu avec soin, je gardai la poussette dans

les mains et, comme je lui demandais s'il serait possible d'avoir une

chambre pour quelques nuits, mon fils lâcha le phoque qui alla rebondir

sur la tête de l'hôtelier avant de tomber par terre (je le savais, je le

savais)

 La chambre qu'on m'avait attribuée se trouvait au deuxième étage de

l'hôtel, dans une partie retirée de la bâtisse. Les murs étaient humides

et sales, tapissés d'un vieux tissu orange assorti aux fleurs sombres du

couvre-lit et des rideaux. Une des fenêtres donnait sur le port, et, de

l'autre, plus petite et légèrement en hauteur, je pouvais voir la route,

une parcelle de route déserte qui bordait un enclos livré aux mauvaises

herbes, où, à côté d'un figuier désséché qui ployait sous le poids de

ses branches mortes, un âne solitaire broutait du fenouil entre divers

détritus, des vieilles planches, des pneus abandonnés, une barque retournée

qui pourrissait sur place.

 Les premiers temps que je passai à Sasuelo, j'occupais mes journées à

de longues promenades, tantôt le long des routes étroites qui montaient

vers les hameaux voisins, et tantôt à la découverte de la plage sauvage

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