I. 380
la galerie de la voiture, une vieille voiture diesel dont il n'avait pas
coupé le moteur et qui continuait de ronronner au ralenti sur le place, puis
il m'avait indiqué la direction du seul hôtel des environs, qui se trouvait
non loin de là, en bordure du port. J'avais laissé mes valises et mes sacs
à proximité d'un banc et j'avais pris la direction de l'hôtel, mon fils devant
moi dans la poussette, qui ne se préoccupait de rien, absorbé qu'il était
dans la contemplation de son phoque en peluche, qu'il tournait et retournait
entre ses mains pour l'examiner sous toutes les coutures en lâchant à
l'occasion un rot imperturbable avec un naturel parfait. L'entrée de l'hôtel
présentait un petit perron fleuri, au haut duquel s'ouvrait une double
porte vitrée, et je pris la poussette à bout de bras pour gravir les
quelques marches du perron. J'avais à peine poussé la porte de l'hôtel que
je me trouvai en présence d'un homme accroupi sur le carrelage, une ser-
pillière à la main, qui, sans se relever, considéra avec méfiance la
poussette que je tenais devant lui. Ne sachant trop où la poser tant le
sol semblait propre et entretenu avec soin, je gardai la poussette dans
les mains et lui demandai s'il serait possible d'avoir une chambre pour
quelques nuits, trois ou quatre nuits, même davantage peut-être, je ne
savais pas très bien.
Les premiers temps que je passai à Sasuelo, j'occupais mes journées
à de longues promenades, tantôt le long des routes étroites qui montaient
vers les hameaux voisins, et tantôt à la découverte de la plage sauvage
qui s'étendait derrière le village sur plusieurs kilomètres. Le bruit
des vagues et du vent se mêlaient dans mon esprit, et je progressais
lentement au bord de l'eau. C'était une plage immense, abandonnée et
déserte, que balayaient continûment des vents tourbillonants. Je
m'arrêtais parfois, je m'asseyais dans le sable, et, tandis que tout
autour de moi des filaments d'algues sèches s'envolaient vers les dunes,
je ramassais distraitement un ou deux cailloux, que je lançais pares-
seusement dans la mer. Mon fils me regardait faire, un biscuit à la main,
solidement maintenu dans sa poussette par une petite ceinture. Parfois,
il se penchait en avant pour essayer de s'emparer de quelque objet échoué
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la galerie de la voiture, une vieille voiture diesel dont il n'avait pas
coupé le moteur et qui continuait de ronronner au ralenti sur le place, puis
il m'avait indiqué la direction du seul hôtel des environs, qui se trouvait
non loin de là, en bordure du port. J'avais laissé mes valises et mes sacs
à proximité d'un banc et j'avais pris la direction de l'hôtel, mon fils devant
moi dans la poussette, qui ne se préoccupait de rien, absorbé qu'il était
dans la contemplation de son phoque en peluche, qu'il tournait et retournait
entre ses mains pour l'examiner sous toutes les coutures en lâchant à
l'occasion un rot imperturbabl avec un naturel parfait. L'entrée de l'hôtel
présentait un petit perron fleuri, au haut duquel s'ouvrait une double
porte vitrée, et je pris la poussette à bout de bras pour gravir les
quelques marches du perron. J'avais à peine poussé la porte de l'hôtel que
je me trouvai en présence d'un homme accroupi sur le carrelage, une ser-
pillière à la main, qui, sans se relever, considéra avec méfiance la
poussette que je tenais devant lui. Ne sachant trop où la poser tant le
sol semblait propre et entretenu avec soin, je gardai la poussette dans
les mains et lui demandai s'il serait possible d'avoir une chambre pour
quelques nuits, trois ou quatre nuits, même davantage peut-être, je ne
savais pas très bien.
Les premiers temps que je passai à Sasuelo, j'occupais mes journées
à de longues promenades, tantôt le long des routes étroites qui montaient
vers les hameaux voisins, et tantôt à la découverte de la plage sauvage
qui s'étendait derrière le village sur plusieurs kilomètres. Le bruit
des vagues et du vent se mêlaient dans mon esprit, et je progressais
lentement au bord de l'eau. C'était une plage immense, abandonnée et
déserte, que balayaient continûment des vents tourbillonants. Je
m'arrêtais parfois, je m'asseyais dans le sable, et, tandis que tout
autour de moi des filaments d'algues sèches s'envolaient vers les dunes,
je ramassais distraitement un ou deux cailloux, que je lançais pares-
seusement dans la mer. Mon fils me regardait faire, un biscuit à la main,
solidement maintenu dans sa poussette par une petite ceinture. Parfois,
il se penchait en avant pour essayer de s'emparer de quelque objet échoué
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la galerie de la voiture, une vieille voiture diesel dont il n'avait pas
coupé le moteur et qui continuait de ronronner au ralenti sur le place, puis
il m'avait indiqué la direction du seul hôtel des environs, qui se trouvait
non loin de là, en bordure du port. J'avais laissé mes valises et mes sacs
à proximité d'un banc et j'avais pris la direction de l'hôtel, mon fils devant
moi dans la poussette, qui ne se préoccupait de rien, absorbé qu'il était
dans la contemplation de son phoque en peluche, qu'il tournait et retournait
entre ses mains pour l'examiner sous toutes les coutures en lâchant à
l'occasion un rot imperturbable avec un naturel parfait. L'entrée de l'hôtel
présentait un petit perron fleuri, au haut duquel s'ouvrait une double
porte vitrée, et je pris la poussette à bout de bras pour gravir les
quelques marches du perron. J'avais à peine poussé la porte de l'hôtel que
je me trouvai en présence d'un homme accroupi sur le carrelage, une ser-
pillière à la main, qui, sans se relever, considéra avec méfiance la
poussette que je tenais devant lui. Ne sachant trop où la poser tant le
sol semblait propre et entretenu avec soin, je gardai la poussette dans
les mains et lui demandai s'il serait possible d'avoir une chambre pour
quelques nuits, trois ou quatre nuits, même davantage peut-être, je ne
savais pas très bien.
Les premiers temps que je passai à Sasuelo, j'occupais mes journées
à de longues promenades, tantôt le long des routes étroites qui montaient
vers les hameaux voisins, et tantôt à la découverte de la plage sauvage
qui s'étendait derrière le village sur plusieurs kilomètres. Le bruit
des vagues et du vent se mêlaient dans mon esprit, et je progressais
lentement au bord de l'eau. C'était une plage immense, abandonnée et
déserte, que balayaient continûment des vents tourbillonants. Je
m'arrêtais parfois, je m'asseyais dans le sable, et, tandis que tout
autour de moi des filaments d'algues sèches s'envolaient vers les dunes,
je ramassais distraitement un ou deux cailloux, que je lançais pares-
seusement dans la mer. Mon fils me regardait faire, un biscuit à la main,
solidement maintenu dans sa poussette par une petite ceinture. Parfois,
il se penchait en avant pour essayer de s'emparer de quelque objet échoué
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la galerie de la voiture, une vieille voiture diesel dont il n'avait pas
coupé le moteur et qui continuait de ronronner au ralenti sur le place, puis
il m'avait indiqué la direction du seul hôtel des environs, qui se trouvait
non loin de là, en bordure du port. J'avais laissé mes valises et mes sacs
à proximité d'un banc et j'avais pris la direction de l'hôtel, mon fils devant
moi dans la poussette, qui ne se préoccupait de rien, absorbé qu'il était
dans la contemplation de son phoque en peluche, qu'il tournait et retournait
entre ses mains pour l'examiner sous toutes les coutures en lâchant à
l'occasion un rot imperturbabl avec un naturel parfait. L'entrée de l'hôtel
présentait un petit perron fleuri, au haut duquel s'ouvrait une double
porte vitrée, et je pris la poussette à bout de bras pour gravir les
quelques marches du perron. J'avais à peine poussé la porte de l'hôtel que
je me trouvai en présence d'un homme accroupi sur le carrelage, une ser-
pillière à la main, qui, sans se relever, considéra avec méfiance la
poussette que je tenais devant lui. Ne sachant trop où la poser tant le
sol semblait propre et entretenu avec soin, je gardai la poussette dans
les mains et lui demandai s'il serait possible d'avoir une chambre pour
quelques nuits, trois ou quatre nuits, même davantage peut-être, je ne
savais pas très bien.
Les premiers temps que je passai à Sasuelo, j'occupais mes journées
à de longues promenades, tantôt le long des routes étroites qui montaient
vers les hameaux voisins, et tantôt à la découverte de la plage sauvage
qui s'étendait derrière le village sur plusieurs kilomètres. Le bruit
des vagues et du vent se mêlaient dans mon esprit, et je progressais
lentement au bord de l'eau. C'était une plage immense, abandonnée et
déserte, que balayaient continûment des vents tourbillonants. Je
m'arrêtais parfois, je m'asseyais dans le sable, et, tandis que tout
autour de moi des filaments d'algues sèches s'envolaient vers les dunes,
je ramassais distraitement un ou deux cailloux, que je lançais pares-
seusement dans la mer. Mon fils me regardait faire, un biscuit à la main,
solidement maintenu dans sa poussette par une petite ceinture. Parfois,
il se penchait en avant pour essayer de s'emparer de quelque objet échoué