I. 393
C'est ce matin-là, peu avant le lever du soleil, que j'avais découvert
le chat mort dans le port. De loin, j'avais d'abord pris la forme noire
qui flottait entre les barques pour quelque sac en plastique, une vieille
couverture roulée en boule peut-être, et je m'étais levé pour m'approcher
du bord de la jetée, intrigué par la présence de cette masse noire|immobile | qui était immobile dans l'eau
dans les eaux du port. Le cadavre du chat se trouvait à moins d'un mètre
du bord de la jetée, qui flottait lourdement à la surface, le corps incliné vers le
fond, les oreilles et une partie du dos émergeant hors de l'eau. De la
manière dont il était placé alors, il était était pratiquement impossible de voir
sa tête et ce n'est que lorsque le courant fit légèrement pivoter le corps
sur lui-même que je me rendis compte qu'hors de sa gueule pendait une tête
de poisson décomposée dont dépassait un fragment de fil de pêche, qui me
fit penser, un peu plus tard dans la journée --- sur le moment, je l'avais
simplement examiné distraitement, ce fragment de fil de pêche --- que le
chat avait été assassiné.
La nuit dernière.
Comment en effet expliquer la présence de ce fragment de fil de pêche
dans sa gueule ? Comment expliquer qu'un fil de pêche aussi dur et
résistant avait pu être rompu par l'animal lui-même ? Comment même,
à supposer qu'il y soit parvenu, expliquer la présence d'une ligne morte
dans le port à quelques mètres à peine du bord de la jetée alors qu'elle
aurait dû reposer au large par dix ou vingt mètres de fond ? Pourquoi,
enfin, l'extrémité du fil était-elle coupée aussi proprement, comme
sectionnée net par une lame, si ce n'est parce qu'une fois le chat pris
au piège que Biaggi lui avait tendu la nuit dernière --- car Biaggi se
trouvait dans le village, j'en avais la conviction maintenant ---, il
avait lentement rembobiné sa ligne tandis que l'animal se débattaitavec l'hame-
çon accroché dans la gueule, et qu'il l'avait ramené à son rythme comme
il l'aurait fait d'un très gros poisson, cessant de rembobiner lorsqu'il
sentait une trop grande résistance et rembobinant à nouveau et très vite
chaque fois que les efforts du chat se relâchaient, et que, le sortant
de l'eau vivant et se convulsant de toutes ses forces au bout delsa ligne,
les yeux exorbités qui le regardaient fixement, il avait tranché net le fil
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C'est ce matin-là, peu avant le lever du soleil, que j'avais découvert
le chat mort dans le port. De loin, j'avais d'abord pris la forme noire
qui flottait entre les barques pour quelque sac en plastique, une vieille
couverture roulée en boule peut-être, et je m'étais levé pour m'approcher
du bord de la jetée, intrigué par la présence de cette masse noireimmobile
dans les eaux du port. Le cadavre du chat se trouvait à moins d'un mètre
du bord de la jetée, qui flottait lourdement à la surface, le corps incliné vers le
fond, les oreilles et une partie du dos émergeant hors de l'eau. De la
manière dont il était placé alors, il était était pratiquement impossible de voir
sa tête et ce n'est que lorsque le courant fit légèrement pivoter le corps
sur lui-même que je me rendis compte qu'hors de sa gueule pendait une tête
de poisson décomposée dont dépassait un fragment de fil de pêche, qui me
fit penser, un peu plus tard dans la journée --- sur le moment, je l'avais
simplement examiné distraitement, ce fragment de fil de pêche --- que le
chat avait été assassiné.
La nuit dernière.
Comment en effet expliquer la présence de ce fragment de fil de pêche
dans sa gueule ? Comment expliquer qu'un fil de pêche aussi dur et
résistant avait pu être rompu par l'animal lui-même ? Comment même,
à supposer qu'il y soit parvenu, expliquer la présence d'une ligne morte
dans le port à quelques mètres à peine du bord de la jetée alors qu'elle
aurait dû reposer au large par dix ou vingt mètres de fond ? Pourquoi,
enfin, l'extrémité du fil était-elle coupée aussi proprement, comme
sectionnée net par une lame, si ce n'est parce qu'une fois le chat pris
au piège que Biaggi lui avait tendu la nuit dernière --- car Biaggi se
trouvait dans le village, j'en avais la conviction maintenant ---, il
avait lentement rembobiné sa ligne tandis que l'animal se débattaitl'hame-
çon accroché dans la gueule, et qu'il l'avait ramené à son rythme comme
il l'aurait fait d'un très gros poisson, cessant de rembobiner lorsqu'il
sentait une trop grande résistance et rembobinant à nouveau et très vite
chaque fois que les efforts du chat se relâchaient, et que, le sortant
de l'eau vivant et se convulsant de toutes ses forces au bout dela ligne,
les yeux exorbités qui le regardaient fixement, il avait tranché net le fil
I. 393
C'est ce matin-là, peu avant le lever du soleil, que j'avais découvert
le chat mort dans le port. De loin, j'avais d'abord pris la forme noire
qui flottait entre les barques pour quelque sac en plastique, une vieille
couverture roulée en boule peut-être, et je m'étais levé pour m'approcher
du bord de la jetée, intrigué par la présence de cette masse noire|immobile | qui était immobile dans l'eau
dans les eaux du port. Le cadavre du chat se trouvait à moins d'un mètre
du bord de la jetée, qui flottait lourdement à la surface, le corps incliné vers le
fond, les oreilles et une partie du dos émergeant hors de l'eau. De la
manière dont il était placé alors, il était était pratiquement impossible de voir
sa tête et ce n'est que lorsque le courant fit légèrement pivoter le corps
sur lui-même que je me rendis compte qu'hors de sa gueule pendait une tête
de poisson décomposée dont dépassait un fragment de fil de pêche, qui me
fit penser, un peu plus tard dans la journée --- sur le moment, je l'avais
simplement examiné distraitement, ce fragment de fil de pêche --- que le
chat avait été assassiné.
La nuit dernière.
Comment en effet expliquer la présence de ce fragment de fil de pêche
dans sa gueule ? Comment expliquer qu'un fil de pêche aussi dur et
résistant avait pu être rompu par l'animal lui-même ? Comment même,
à supposer qu'il y soit parvenu, expliquer la présence d'une ligne morte
dans le port à quelques mètres à peine du bord de la jetée alors qu'elle
aurait dû reposer au large par dix ou vingt mètres de fond ? Pourquoi,
enfin, l'extrémité du fil était-elle coupée aussi proprement, comme
sectionnée net par une lame, si ce n'est parce qu'une fois le chat pris
au piège que Biaggi lui avait tendu la nuit dernière --- car Biaggi se
trouvait dans le village, j'en avais la conviction maintenant ---, il
avait lentement rembobiné sa ligne tandis que l'animal se débattaitavec l'hame-
çon accroché dans la gueule, et qu'il l'avait ramené à son rythme comme
il l'aurait fait d'un très gros poisson, cessant de rembobiner lorsqu'il
sentait une trop grande résistance et rembobinant à nouveau et très vite
chaque fois que les efforts du chat se relâchaient, et que, le sortant
de l'eau vivant et se convulsant de toutes ses forces au bout delsa ligne,
les yeux exorbités qui le regardaient fixement, il avait tranché net le fil
I. 393
C'est ce matin-là, peu avant le lever du soleil, que j'avais découvert
le chat mort dans le port. De loin, j'avais d'abord pris la forme noire
qui flottait entre les barques pour quelque sac en plastique, une vieille
couverture roulée en boule peut-être, et je m'étais levé pour m'approcher
du bord de la jetée, intrigué par la présence de cette masse noireimmobile
dans les eaux du port. Le cadavre du chat se trouvait à moins d'un mètre
du bord de la jetée, qui flottait lourdement à la surface, le corps incliné vers le
fond, les oreilles et une partie du dos émergeant hors de l'eau. De la
manière dont il était placé alors, il était était pratiquement impossible de voir
sa tête et ce n'est que lorsque le courant fit légèrement pivoter le corps
sur lui-même que je me rendis compte qu'hors de sa gueule pendait une tête
de poisson décomposée dont dépassait un fragment de fil de pêche, qui me
fit penser, un peu plus tard dans la journée --- sur le moment, je l'avais
simplement examiné distraitement, ce fragment de fil de pêche --- que le
chat avait été assassiné.
La nuit dernière.
Comment en effet expliquer la présence de ce fragment de fil de pêche
dans sa gueule ? Comment expliquer qu'un fil de pêche aussi dur et
résistant avait pu être rompu par l'animal lui-même ? Comment même,
à supposer qu'il y soit parvenu, expliquer la présence d'une ligne morte
dans le port à quelques mètres à peine du bord de la jetée alors qu'elle
aurait dû reposer au large par dix ou vingt mètres de fond ? Pourquoi,
enfin, l'extrémité du fil était-elle coupée aussi proprement, comme
sectionnée net par une lame, si ce n'est parce qu'une fois le chat pris
au piège que Biaggi lui avait tendu la nuit dernière --- car Biaggi se
trouvait dans le village, j'en avais la conviction maintenant ---, il
avait lentement rembobiné sa ligne tandis que l'animal se débattaitl'hame-
çon accroché dans la gueule, et qu'il l'avait ramené à son rythme comme
il l'aurait fait d'un très gros poisson, cessant de rembobiner lorsqu'il
sentait une trop grande résistance et rembobinant à nouveau et très vite
chaque fois que les efforts du chat se relâchaient, et que, le sortant
de l'eau vivant et se convulsant de toutes ses forces au bout dela ligne,
les yeux exorbités qui le regardaient fixement, il avait tranché net le fil