I.417
aperçue la veille dans le jardin des Biaggi et je m'approchai de la voiture
pour jeter un coup d'oeil à l'intérieur à travers les vitres. Les sièges
étaient très abîmés, défoncés pratiquement, le cuir complètement élimé par
endroits, et une entaille d'une dizaine de centimètres qui laissait émerger
une sorte de mousse synthétique jaunâtre crevait en son centre le revêtement
du siège avant. Sur la banquette arrière, une veste froissée reposait parmi
un désordre de vieux journaux et de matériel de pêche, de cannes et de palan-
grottes, de plombs, de sachets d'hameçons et de bouteilles en plastique.
Il avait plu cette nuit et, tout près de là, sur le sol de la place, je
remarquai une grande flaque d'eau immobile dans la pénombre, qui reflétait
faiblement les arbres et les toits des maisons avoisinantes, tandis qu'au
centre de la flaque, je me rendis compte que miroitait le profil argenté
de la vieille Mercedes grise, à côté de laquelle, par je ne sais quel jeu
de perspectives et d'angle mort, il n'y avait aucune trace de ma présence.
Je m'éloignai lentement sur la place, laissant la grande flaque d'eau
derrière moi dans l'obscurité, et je pris la direction du port, longeai la
petite jetée de pierres, où quelques barques tanguaient imperceptiblement
le long de leurs amarres dans un bruit régulier de clapotement très doux
et de grincement de cordes. Je m'étais assis sur le quai à côté d'un amas
de filets de pêche enchevêtrés dont le réseau serré de mailles recelait
encore d'infimes fragments de poissons décomposés, et je demeurais là dans
la pénombre à regarder le jour se lever devant moi sur la baie de Sasuelo.
La mer était très sombre encore, qui frémissait à peine à l'horizon, et,
peu à peu, à mesure que le soleil s'élevait de l'autre côté de la montagne,
éclairant déjà le versant opposé où se devinait un halo de clarté isolée
et loitaine, les barques du port qui se balançaient doucement sous mes
yeux commençaient à prendre des teintes rousses et orangées, tandis que les
contours des quais, tout autour, des filets de pêche et des rochers, des
arbres et des fleurs, devenaient peu à peu plus fermes et plus précis et
finissaient lentement de e défaire de l'empreinte bleutée de la nuit.
C'est ce matin-là, peu avant le lever du soleil, que j'avais découvert
I.417
aperçue la veille dans le jardin des Biaggi et je m'approchai de la voiture
pour jeter un coup d'oeil à l'intérieur à travers les vitres. Les sièges
étaient très abîmés, défoncés pratiquement, le cuir complètement élimé par
endroits, et une entaille d'une dizaine de centimètres qui laissait émerger
une sorte de mousse synthétique jaunâtre crevait en son centre le revêtement
du siège avant. Sur la banquette arrière, une veste froissée reposait parmi
un désordre de vieux journaux et de matériel de pêche, de cannes et de palan-
grottes, de plombs, de sachets d'hameçons et de bouteilles en plastique.
Il avait plu cette nuit et, tout près de là, sur le sol de la place, je
remarquai une grande flaque d'eau immobile dans la pénombre, qui reflétait
faiblement les arbres et les toits des maisons avoisinantes, tandis qu'au
centre de la flaque, je me rendis compte que miroitait le profil argenté
de la vieille Mercedes grise, à côté de laquelle, par je ne sais quel jeu
de perspectives et d'angle mort, il n'y avait aucune trace de ma présence.
Je m'éloignai lentement sur la place, laissant la grande flaque d'eau
derrière moi dans l'obscurité, et je pris la direction du port, longeai la
petite jetée de pierres, où quelques barques tanguaient imperceptiblement
le long de leurs amarres dans un bruit régulier de clapotement très doux
et de grincement de cordes. Je m'étais assis sur le quai à côté d'un amas
de filets de pêche enchevêtrés dont le réseau serré de mailles recelait
encore d'infimes fragments de poissons décomposés, et je demeurais là dans
la pénombre à regarder le jour se lever devant moi sur la baie de Sasuelo.
La mer était très sombre encore, qui frémissait à peine à l'horizon, et,
peu à peu, à mesure que le soleil s'élevait de l'autre côté de la montagne,
éclairant déjà le versant opposé où se devinait un halo de clarté isolée
et loitaine, les barques du port qui se balançaient doucement sous mes
yeux commençaient à prendre des teintes rousses et orangées, tandis que les
contours des quais, tout autour, des filets de pêche et des rochers, des
arbres et des fleurs, devenaient peu à peu plus fermes et plus précis et
finissaient lentement de e défaire de l'empreinte bleutée de la nuit.
C'est ce matin-là, peu avant le lever du soleil, que j'avais découvert
I.417
aperçue la veille dans le jardin des Biaggi et je m'approchai de la voiture
pour jeter un coup d'oeil à l'intérieur à travers les vitres. Les sièges
étaient très abîmés, défoncés pratiquement, le cuir complètement élimé par
endroits, et une entaille d'une dizaine de centimètres qui laissait émerger
une sorte de mousse synthétique jaunâtre crevait en son centre le revêtement
du siège avant. Sur la banquette arrière, une veste froissée reposait parmi
un désordre de vieux journaux et de matériel de pêche, de cannes et de palan-
grottes, de plombs, de sachets d'hameçons et de bouteilles en plastique.
Il avait plu cette nuit et, tout près de là, sur le sol de la place, je
remarquai une grande flaque d'eau immobile dans la pénombre, qui reflétait
faiblement les arbres et les toits des maisons avoisinantes, tandis qu'au
centre de la flaque, je me rendis compte que miroitait le profil argenté
de la vieille Mercedes grise, à côté de laquelle, par je ne sais quel jeu
de perspectives et d'angle mort, il n'y avait aucune trace de ma présence.
Je m'éloignai lentement sur la place, laissant la grande flaque d'eau
derrière moi dans l'obscurité, et je pris la direction du port, longeai la
petite jetée de pierres, où quelques barques tanguaient imperceptiblement
le long de leurs amarres dans un bruit régulier de clapotement très doux
et de grincement de cordes. Je m'étais assis sur le quai à côté d'un amas
de filets de pêche enchevêtrés dont le réseau serré de mailles recelait
encore d'infimes fragments de poissons décomposés, et je demeurais là dans
la pénombre à regarder le jour se lever devant moi sur la baie de Sasuelo.
La mer était très sombre encore, qui frémissait à peine à l'horizon, et,
peu à peu, à mesure que le soleil s'élevait de l'autre côté de la montagne,
éclairant déjà le versant opposé où se devinait un halo de clarté isolée
et loitaine, les barques du port qui se balançaient doucement sous mes
yeux commençaient à prendre des teintes rousses et orangées, tandis que les
contours des quais, tout autour, des filets de pêche et des rochers, des
arbres et des fleurs, devenaient peu à peu plus fermes et plus précis et
finissaient lentement de e défaire de l'empreinte bleutée de la nuit.
C'est ce matin-là, peu avant le lever du soleil, que j'avais découvert
I.417
aperçue la veille dans le jardin des Biaggi et je m'approchai de la voiture
pour jeter un coup d'oeil à l'intérieur à travers les vitres. Les sièges
étaient très abîmés, défoncés pratiquement, le cuir complètement élimé par
endroits, et une entaille d'une dizaine de centimètres qui laissait émerger
une sorte de mousse synthétique jaunâtre crevait en son centre le revêtement
du siège avant. Sur la banquette arrière, une veste froissée reposait parmi
un désordre de vieux journaux et de matériel de pêche, de cannes et de palan-
grottes, de plombs, de sachets d'hameçons et de bouteilles en plastique.
Il avait plu cette nuit et, tout près de là, sur le sol de la place, je
remarquai une grande flaque d'eau immobile dans la pénombre, qui reflétait
faiblement les arbres et les toits des maisons avoisinantes, tandis qu'au
centre de la flaque, je me rendis compte que miroitait le profil argenté
de la vieille Mercedes grise, à côté de laquelle, par je ne sais quel jeu
de perspectives et d'angle mort, il n'y avait aucune trace de ma présence.
Je m'éloignai lentement sur la place, laissant la grande flaque d'eau
derrière moi dans l'obscurité, et je pris la direction du port, longeai la
petite jetée de pierres, où quelques barques tanguaient imperceptiblement
le long de leurs amarres dans un bruit régulier de clapotement très doux
et de grincement de cordes. Je m'étais assis sur le quai à côté d'un amas
de filets de pêche enchevêtrés dont le réseau serré de mailles recelait
encore d'infimes fragments de poissons décomposés, et je demeurais là dans
la pénombre à regarder le jour se lever devant moi sur la baie de Sasuelo.
La mer était très sombre encore, qui frémissait à peine à l'horizon, et,
peu à peu, à mesure que le soleil s'élevait de l'autre côté de la montagne,
éclairant déjà le versant opposé où se devinait un halo de clarté isolée
et loitaine, les barques du port qui se balançaient doucement sous mes
yeux commençaient à prendre des teintes rousses et orangées, tandis que les
contours des quais, tout autour, des filets de pêche et des rochers, des
arbres et des fleurs, devenaient peu à peu plus fermes et plus précis et
finissaient lentement de e défaire de l'empreinte bleutée de la nuit.
C'est ce matin-là, peu avant le lever du soleil, que j'avais découvert