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  1. Exploration des brouillons
  2. #01
  3. LRT_01_01_00417
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  • Tapuscrit

I.417

aperçue la veille dans le jardin des Biaggi et je m'approchai de la voiture

pour jeter un coup d'oeil à l'intérieur à travers les vitres. Les sièges

étaient très abîmés, défoncés pratiquement, le cuir complètement élimé par

endroits, et une entaille d'une dizaine de centimètres qui laissait émerger

une sorte de mousse synthétique jaunâtre crevait en son centre le revêtement

du siège avant. Sur la banquette arrière, une veste froissée reposait parmi

un désordre de vieux journaux et de matériel de pêche, de cannes et de palan-

grottes, de plombs, de sachets d'hameçons et de bouteilles en plastique.

Il avait plu cette nuit et, tout près de là, sur le sol de la place, je

remarquai une grande flaque d'eau immobile dans la pénombre, qui reflétait

faiblement les arbres et les toits des maisons avoisinantes, tandis qu'au

centre de la flaque, je me rendis compte que miroitait le profil argenté

de la vieille Mercedes grise, à côté de laquelle, par je ne sais quel jeu

de perspectives et d'angle mort, il n'y avait aucune trace de ma présence.

Je m'éloignai lentement sur la place, laissant la grande flaque d'eau

derrière moi dans l'obscurité, et je pris la direction du port, longeai la

petite jetée de pierres, où quelques barques tanguaient imperceptiblement

le long de leurs amarres dans un bruit régulier de clapotement très doux

et de grincement de cordes. Je m'étais assis sur le quai à côté d'un amas

de filets de pêche enchevêtrés dont le réseau serré de mailles recelait

encore d'infimes fragments de poissons décomposés, et je demeurais là dans

la pénombre à regarder le jour se lever devant moi sur la baie de Sasuelo.

La mer était très sombre encore, qui frémissait à peine à l'horizon, et,

peu à peu, à mesure que le soleil s'élevait de l'autre côté de la montagne,

éclairant déjà le versant opposé où se devinait un halo de clarté isolée

et loitaine, les barques du port qui se balançaient doucement sous mes

yeux commençaient à prendre des teintes rousses et orangées, tandis que les

contours des quais, tout autour, des filets de pêche et des rochers, des

arbres et des fleurs, devenaient peu à peu plus fermes et plus précis et

finissaient lentement de e défaire de l'empreinte bleutée de la nuit.

 C'est ce matin-là, peu avant le lever du soleil, que j'avais découvert

I.417

aperçue la veille dans le jardin des Biaggi et je m'approchai de la voiture

pour jeter un coup d'oeil à l'intérieur à travers les vitres. Les sièges

étaient très abîmés, défoncés pratiquement, le cuir complètement élimé par

endroits, et une entaille d'une dizaine de centimètres qui laissait émerger

une sorte de mousse synthétique jaunâtre crevait en son centre le revêtement

du siège avant. Sur la banquette arrière, une veste froissée reposait parmi

un désordre de vieux journaux et de matériel de pêche, de cannes et de palan-

grottes, de plombs, de sachets d'hameçons et de bouteilles en plastique.

Il avait plu cette nuit et, tout près de là, sur le sol de la place, je

remarquai une grande flaque d'eau immobile dans la pénombre, qui reflétait

faiblement les arbres et les toits des maisons avoisinantes, tandis qu'au

centre de la flaque, je me rendis compte que miroitait le profil argenté

de la vieille Mercedes grise, à côté de laquelle, par je ne sais quel jeu

de perspectives et d'angle mort, il n'y avait aucune trace de ma présence.

Je m'éloignai lentement sur la place, laissant la grande flaque d'eau

derrière moi dans l'obscurité, et je pris la direction du port, longeai la

petite jetée de pierres, où quelques barques tanguaient imperceptiblement

le long de leurs amarres dans un bruit régulier de clapotement très doux

et de grincement de cordes. Je m'étais assis sur le quai à côté d'un amas

de filets de pêche enchevêtrés dont le réseau serré de mailles recelait

encore d'infimes fragments de poissons décomposés, et je demeurais là dans

la pénombre à regarder le jour se lever devant moi sur la baie de Sasuelo.

La mer était très sombre encore, qui frémissait à peine à l'horizon, et,

peu à peu, à mesure que le soleil s'élevait de l'autre côté de la montagne,

éclairant déjà le versant opposé où se devinait un halo de clarté isolée

et loitaine, les barques du port qui se balançaient doucement sous mes

yeux commençaient à prendre des teintes rousses et orangées, tandis que les

contours des quais, tout autour, des filets de pêche et des rochers, des

arbres et des fleurs, devenaient peu à peu plus fermes et plus précis et

finissaient lentement de e défaire de l'empreinte bleutée de la nuit.

 C'est ce matin-là, peu avant le lever du soleil, que j'avais découvert

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  • Tapuscrit corrigé
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I.417

aperçue la veille dans le jardin des Biaggi et je m'approchai de la voiture

pour jeter un coup d'oeil à l'intérieur à travers les vitres. Les sièges

étaient très abîmés, défoncés pratiquement, le cuir complètement élimé par

endroits, et une entaille d'une dizaine de centimètres qui laissait émerger

une sorte de mousse synthétique jaunâtre crevait en son centre le revêtement

du siège avant. Sur la banquette arrière, une veste froissée reposait parmi

un désordre de vieux journaux et de matériel de pêche, de cannes et de palan-

grottes, de plombs, de sachets d'hameçons et de bouteilles en plastique.

Il avait plu cette nuit et, tout près de là, sur le sol de la place, je

remarquai une grande flaque d'eau immobile dans la pénombre, qui reflétait

faiblement les arbres et les toits des maisons avoisinantes, tandis qu'au

centre de la flaque, je me rendis compte que miroitait le profil argenté

de la vieille Mercedes grise, à côté de laquelle, par je ne sais quel jeu

de perspectives et d'angle mort, il n'y avait aucune trace de ma présence.

Je m'éloignai lentement sur la place, laissant la grande flaque d'eau

derrière moi dans l'obscurité, et je pris la direction du port, longeai la

petite jetée de pierres, où quelques barques tanguaient imperceptiblement

le long de leurs amarres dans un bruit régulier de clapotement très doux

et de grincement de cordes. Je m'étais assis sur le quai à côté d'un amas

de filets de pêche enchevêtrés dont le réseau serré de mailles recelait

encore d'infimes fragments de poissons décomposés, et je demeurais là dans

la pénombre à regarder le jour se lever devant moi sur la baie de Sasuelo.

La mer était très sombre encore, qui frémissait à peine à l'horizon, et,

peu à peu, à mesure que le soleil s'élevait de l'autre côté de la montagne,

éclairant déjà le versant opposé où se devinait un halo de clarté isolée

et loitaine, les barques du port qui se balançaient doucement sous mes

yeux commençaient à prendre des teintes rousses et orangées, tandis que les

contours des quais, tout autour, des filets de pêche et des rochers, des

arbres et des fleurs, devenaient peu à peu plus fermes et plus précis et

finissaient lentement de e défaire de l'empreinte bleutée de la nuit.

 C'est ce matin-là, peu avant le lever du soleil, que j'avais découvert

I.417

aperçue la veille dans le jardin des Biaggi et je m'approchai de la voiture

pour jeter un coup d'oeil à l'intérieur à travers les vitres. Les sièges

étaient très abîmés, défoncés pratiquement, le cuir complètement élimé par

endroits, et une entaille d'une dizaine de centimètres qui laissait émerger

une sorte de mousse synthétique jaunâtre crevait en son centre le revêtement

du siège avant. Sur la banquette arrière, une veste froissée reposait parmi

un désordre de vieux journaux et de matériel de pêche, de cannes et de palan-

grottes, de plombs, de sachets d'hameçons et de bouteilles en plastique.

Il avait plu cette nuit et, tout près de là, sur le sol de la place, je

remarquai une grande flaque d'eau immobile dans la pénombre, qui reflétait

faiblement les arbres et les toits des maisons avoisinantes, tandis qu'au

centre de la flaque, je me rendis compte que miroitait le profil argenté

de la vieille Mercedes grise, à côté de laquelle, par je ne sais quel jeu

de perspectives et d'angle mort, il n'y avait aucune trace de ma présence.

Je m'éloignai lentement sur la place, laissant la grande flaque d'eau

derrière moi dans l'obscurité, et je pris la direction du port, longeai la

petite jetée de pierres, où quelques barques tanguaient imperceptiblement

le long de leurs amarres dans un bruit régulier de clapotement très doux

et de grincement de cordes. Je m'étais assis sur le quai à côté d'un amas

de filets de pêche enchevêtrés dont le réseau serré de mailles recelait

encore d'infimes fragments de poissons décomposés, et je demeurais là dans

la pénombre à regarder le jour se lever devant moi sur la baie de Sasuelo.

La mer était très sombre encore, qui frémissait à peine à l'horizon, et,

peu à peu, à mesure que le soleil s'élevait de l'autre côté de la montagne,

éclairant déjà le versant opposé où se devinait un halo de clarté isolée

et loitaine, les barques du port qui se balançaient doucement sous mes

yeux commençaient à prendre des teintes rousses et orangées, tandis que les

contours des quais, tout autour, des filets de pêche et des rochers, des

arbres et des fleurs, devenaient peu à peu plus fermes et plus précis et

finissaient lentement de e défaire de l'empreinte bleutée de la nuit.

 C'est ce matin-là, peu avant le lever du soleil, que j'avais découvert

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