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  1. Exploration des brouillons
  2. #02
  3. LRT_02_01_00114
  • Facsimilé 
  • Tapuscrit corrigé
  • Tapuscrit

II. 114

bien droit sur son siège et regardait devant lui avec une intense attention,

petite figure de proue immobile à l'avant du convoi qui faisait tomber

son phoque sur le trottoir de temps à autre et me regardait le ramasser

avec un mélange d'indifférence foncière et de curiosité bon enfant. Dans

le supermarché, tandis que j'avançais avec la poussette entre les rayons,

faisant un premier repérage succinct de ce que j'allais acheter, je le

voyais tendre son petit bras dans le vide pour essayer de s'emparer de tout

ce qui passait à sa portée, et j'étais obligé de manoeuvrer sa poussette

avec adresse pour l'éloigner de justesse des marchandises qu'il s'apprêtait

à prendre dans les rayons. Un peu décontenancé par mes brusques accélérations,

il était rabattu en arrière danssla poussetteavec son phoque  et mettait

un moment avant de se redresser, ce qui ne l'empêchait pas, une fois remis

d'aplomb, de tendre le bras à nouveau pour essayer de jeter son petit dévolu

sur quelque produit entreposé à sa hauteur. Finalement, pour pouvoir faire

mes courses tranquillement, je revins vers la caisse et, m'adressant à une

vieille dame qui faisait la queue, je lui demandai si elle aurait l'amabilité

de bien vouloir me le garder quelques instants. S'il pleure, vous lui donnez

un biscuit, hein, lui dis-je en partant, et je lui tendis le paquet de biscuits

de mon fils. Elle prit le paquet de biscuits, le regarda. Mais s'il ne pleure

pas, pas de biscuit, hein, dis-jeen revenant. Pas de pleurs, pas de biscuits, hein, nous

sommes d'accord ? Oui, monsieur, dit-elle. Merci, madame, dis-je, et je

m'éloignai (je me méfiais).

 Alors, il a pleuré ? dis-je en revenant. Non, non, pas du tout, dit-elle.

Oh, -- un tout petit peu, dit-elle en voyant mon regard sévère posé sur le

biscuit que mangeait mon fils. Ecoutez, madame, dis-je d'une voix blanche.

Elle me regardait, un peu mal à l'aise, se tourna vers mon fils pour lui

caresser la joue. Il vous ressemble, n'est-ce pas, dit-elle. Ecoutez, madame,

dis-je. Les yeux, les mêmes, dit-elle. Quant à mon fils, lui, il écoutait

en souriant d'aise, penché en arrière dans sa poussette, et ses yeux allaient

de mon visage à celui de la dame. Avec son biscuit. Méfie-toi, lui dis-je.

Bon. J'expliquai calmement à la dame que ce n'était ni par raideur d'esprit

II. 114

bien droit sur son siège et regardait devant lui avec une intense attention,

petite figure de proue immobile à l'avant du convoi qui faisait tomber

son phoque sur le trottoir de temps à autre et me regardait le ramasser

avec un mélange d'indifférence foncière et de curiosité bon enfant. Dans

le supermarché, tandis que j'avançais avec la poussette entre les rayons,

faisant un premier repérage succinct de ce que j'allais acheter, je le

voyais tendre son petit bras dans le vide pour essayer de s'emparer de tout

ce qui passait à sa portée, et j'étais obligé de manoeuvrer sa poussette

avec adresse pour l'éloigner de justesse des marchandises qu'il s'apprêtait

à prendre dans les rayons. Un peu décontenancé par mes brusques accélérations,

il était rabattu en arrière danssa poussetteavec son phoque  et mettait

un moment avant de se redresser, ce qui ne l'empêchait pas, une fois remis

d'aplomb, de tendre le bras à nouveau pour essayer de jeter son petit dévolu

sur quelque produit entreposé à sa hauteur. Finalement, pour pouvoir faire

mes courses tranquillement, je revins vers la caisse et, m'adressant à une

vieille dame qui faisait la queue, je lui demandai si elle aurait l'amabilité

de bien vouloir me le garder quelques instants. S'il pleure, vous lui donnez

un biscuit, hein, lui dis-je en partant, et je lui tendis le paquet de biscuits

de mon fils. Elle prit le paquet de biscuits, le regarda. Mais s'il ne pleure

pas, pas de biscuit, hein, dis-je. Pas de pleur, pas de biscuits, hein, nous

sommes d'accord ? Oui, monsieur, dit-elle. Merci, madame, dis-je, et je

m'éloignai (je me méfiais).

 Alors, il a pleuré ? dis-je en revenant. Non, non, pas du tout, dit-elle.

Oh, -- un tout petit peu, dit-elle en voyant mon regard sévère posé sur le

biscuit que mangeait mon fils. Ecoutez, madame, dis-je d'une voix blanche.

Elle me regardait, un peu mal à l'aise, se tourna vers mon fils pour lui

caresser la joue. Il vous ressemble, n'est-ce pas, dit-elle. Ecoutez, madame,

dis-je. Les yeux, les mêmes, dit-elle. Quant à mon fils, lui, il écoutait

en souriant d'aise, penché en arrière dans sa poussette, et ses yeux allaient

de mon visage à celui de la dame. Avec son biscuit. Méfie-toi, lui dis-je.

Bon. J'expliquai calmement à la dame que ce n'était ni par raideur d'esprit

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II. 114

bien droit sur son siège et regardait devant lui avec une intense attention,

petite figure de proue immobile à l'avant du convoi qui faisait tomber

son phoque sur le trottoir de temps à autre et me regardait le ramasser

avec un mélange d'indifférence foncière et de curiosité bon enfant. Dans

le supermarché, tandis que j'avançais avec la poussette entre les rayons,

faisant un premier repérage succinct de ce que j'allais acheter, je le

voyais tendre son petit bras dans le vide pour essayer de s'emparer de tout

ce qui passait à sa portée, et j'étais obligé de manoeuvrer sa poussette

avec adresse pour l'éloigner de justesse des marchandises qu'il s'apprêtait

à prendre dans les rayons. Un peu décontenancé par mes brusques accélérations,

il était rabattu en arrière danssla poussetteavec son phoque  et mettait

un moment avant de se redresser, ce qui ne l'empêchait pas, une fois remis

d'aplomb, de tendre le bras à nouveau pour essayer de jeter son petit dévolu

sur quelque produit entreposé à sa hauteur. Finalement, pour pouvoir faire

mes courses tranquillement, je revins vers la caisse et, m'adressant à une

vieille dame qui faisait la queue, je lui demandai si elle aurait l'amabilité

de bien vouloir me le garder quelques instants. S'il pleure, vous lui donnez

un biscuit, hein, lui dis-je en partant, et je lui tendis le paquet de biscuits

de mon fils. Elle prit le paquet de biscuits, le regarda. Mais s'il ne pleure

pas, pas de biscuit, hein, dis-jeen revenant. Pas de pleurs, pas de biscuits, hein, nous

sommes d'accord ? Oui, monsieur, dit-elle. Merci, madame, dis-je, et je

m'éloignai (je me méfiais).

 Alors, il a pleuré ? dis-je en revenant. Non, non, pas du tout, dit-elle.

Oh, -- un tout petit peu, dit-elle en voyant mon regard sévère posé sur le

biscuit que mangeait mon fils. Ecoutez, madame, dis-je d'une voix blanche.

Elle me regardait, un peu mal à l'aise, se tourna vers mon fils pour lui

caresser la joue. Il vous ressemble, n'est-ce pas, dit-elle. Ecoutez, madame,

dis-je. Les yeux, les mêmes, dit-elle. Quant à mon fils, lui, il écoutait

en souriant d'aise, penché en arrière dans sa poussette, et ses yeux allaient

de mon visage à celui de la dame. Avec son biscuit. Méfie-toi, lui dis-je.

Bon. J'expliquai calmement à la dame que ce n'était ni par raideur d'esprit

II. 114

bien droit sur son siège et regardait devant lui avec une intense attention,

petite figure de proue immobile à l'avant du convoi qui faisait tomber

son phoque sur le trottoir de temps à autre et me regardait le ramasser

avec un mélange d'indifférence foncière et de curiosité bon enfant. Dans

le supermarché, tandis que j'avançais avec la poussette entre les rayons,

faisant un premier repérage succinct de ce que j'allais acheter, je le

voyais tendre son petit bras dans le vide pour essayer de s'emparer de tout

ce qui passait à sa portée, et j'étais obligé de manoeuvrer sa poussette

avec adresse pour l'éloigner de justesse des marchandises qu'il s'apprêtait

à prendre dans les rayons. Un peu décontenancé par mes brusques accélérations,

il était rabattu en arrière danssa poussetteavec son phoque  et mettait

un moment avant de se redresser, ce qui ne l'empêchait pas, une fois remis

d'aplomb, de tendre le bras à nouveau pour essayer de jeter son petit dévolu

sur quelque produit entreposé à sa hauteur. Finalement, pour pouvoir faire

mes courses tranquillement, je revins vers la caisse et, m'adressant à une

vieille dame qui faisait la queue, je lui demandai si elle aurait l'amabilité

de bien vouloir me le garder quelques instants. S'il pleure, vous lui donnez

un biscuit, hein, lui dis-je en partant, et je lui tendis le paquet de biscuits

de mon fils. Elle prit le paquet de biscuits, le regarda. Mais s'il ne pleure

pas, pas de biscuit, hein, dis-je. Pas de pleur, pas de biscuits, hein, nous

sommes d'accord ? Oui, monsieur, dit-elle. Merci, madame, dis-je, et je

m'éloignai (je me méfiais).

 Alors, il a pleuré ? dis-je en revenant. Non, non, pas du tout, dit-elle.

Oh, -- un tout petit peu, dit-elle en voyant mon regard sévère posé sur le

biscuit que mangeait mon fils. Ecoutez, madame, dis-je d'une voix blanche.

Elle me regardait, un peu mal à l'aise, se tourna vers mon fils pour lui

caresser la joue. Il vous ressemble, n'est-ce pas, dit-elle. Ecoutez, madame,

dis-je. Les yeux, les mêmes, dit-elle. Quant à mon fils, lui, il écoutait

en souriant d'aise, penché en arrière dans sa poussette, et ses yeux allaient

de mon visage à celui de la dame. Avec son biscuit. Méfie-toi, lui dis-je.

Bon. J'expliquai calmement à la dame que ce n'était ni par raideur d'esprit

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