II. 253
J'avais rencontré Hélène pour lLapremière dernière foisque j'avais vu Hélène, c'était à Paris, il il y a onze jours exacte-
ment, et nous avions fait l'amourensemblepour la première fois ce soir-là pour la première fois. le premier soir que nous nous étions connus.
Depuis, je ne l'avais plus revue. Nous nous étions atés un soir dans une
brasserie où elle m'avait donné rendez-vous, ou plutôt je n'avais pas pu
me résoudre<d1> à franchir les quelques mètres qui me séparaient d'elle[d1] ce soir-
là,, car j'étais arrivé très en avancedans la brasserie et lorsqu'elle arriva elle-même, je
ne bougeai pas, je ne saispas pourquoi, je demeurai assis sur la banquette
d'angle que j'occupais dans le fond de la salle. Elle jeta un coup d'oeil
alentour sans me voir et alla prendre place à une table près de la baie
vitrée. Elle étaithabillée très joliment, avec vêtue d'un un chemisier blanc et une
jupe verte ample et légère, ses lèvres et ses yeux étaient légèrement maquil-
lés et il y avait quelque chose de radieux et de simple dans son visage qui
me touchait. Elle m'attendait sans impatience, comme si elle n'attendait
personne, commanda un cafédont elle but quelques gorgées, enjetant de temps
en temps un regard tranquilledehors à travers la baie vitrée. Puis, au
bout d'une vingtaine de minutes environ, elle sortit un livre de son
sac et commença à lire. Je ne la quittais pratiquement pas des yeux, aper-
cevant son reflet de profil dans le miroir qui me faisait face, et j'éprouvais
le sentiment d'être idéalement présent à ses côtés, beaucoup plus présent
sans doute que si j'avais été réellement à côté d'elle, car je me serais alors
aussitôt sûrement aussitôt réfugié dans une sorte d'absence intouchable et protectrice.
D'une certaine manière, pourtant, cela ne m'aurait pas déplu qu'elle m'eût
soudain aperçu à l'improvistedans la salle et qu'elle fût venue me rejoindreaussitôt à ma table,
je lui aurais souri sûrement, les yeux baissés, et lui aurais reproché amè-
rement de m'avoir fait attendre vingt minutes. Elle aurait souri aussi,j'imagine, ou
aurait émis quelque réserveamusé , ou m'aurait pris la main par-dessus la
table, enfin quelque chose se serait passéqui m'aurait entraîne et m'aurait et j'aurais été contraint malgré moi
forcé d'accompagner le cours des instants qui passaient, plutôt que de les
imaginer toujours, dans un mélange d'espérance et de crainte. A un moment
qu'elle continuait de lire devant la baie vitrée, elle releva la tête
de son livre et regarda la salle et regarda la salle dans ma direction. Elle resta un instant
sans bouger,pensive, à regarder la salle, je crus qu'elle m'avait aperçu. Mais non, elle
finit par ranger son livre dans son sac et déposa un chapelet de pièces
de un franc sur la table pour payer son café. Il était dix heures moins
cinq quand elle quitta la brasserie -- et j'avais déjà envie de la revoir.
Le lendemain, -->de ce rendez-vous manqué, je l'avais eu au lui avais parlé au téléphone assez brièvement, et elle m'avait apprit qu'elle partait pour Sasuelo dans la journéeJe connaissais Sasuelo pour y avoir passé quelques jours avec Biaggi J'avais déjà passer quelques jours dans les??? , avec Biaggi et elle,
II. 253
J'avais rencontré Hélène pour lapremière fois il y a onze jours exacte-
ment, et nous avions fait l'amour le premier soir que nous nous étions connus.
Depuis, je ne l'avais plus revue. Nous nous étions atés un soir dans une
brasserie où elle m'avait donné rendez-vous, ou plutôt je n'avais pas pu
me résoudre à franchir les quelques mètres qui me séparaient d'elle ce soir- là, car j'étais arrivé très en avance et lorsqu'elle arriva elle-même, je
ne bougeai pas, je ne saispas pourquoi, je demeurai assis sur la banquette
d'angle que j'occupais dans le fond de la salle. Elle jeta un coup d'oeil
alentour sans me voir et alla prendre place à une table près de la baie
vitrée. Elle étaithabillée très joliment, avec un chemisier blanc et une
jupe verte ample et légère, ses lèvres et ses yeux étaient légèrement maquil-
lés et il y avait quelque chose de radieux et de simple dans son visage qui
me touchait. Elle m'attendait sans impatience, comme si elle n'attendait
personne, commanda un cafédont elle but quelques gorgées, jetant de temps
en temps un regard tranquilledehors à travers la baie vitrée. Puis, au
bout d'une vingtaine de minutes environ, elle sortit un livre de son
sac et commença à lire. Je ne la quittais pratiquement pas des yeux, aper-
cevant son reflet de profil dans le miroir qui me faisait face, et j'éprouvais
le sentiment d'être idéalement présent à ses côtés, beaucoup plus présent
sans doute que si j'avais été réellement à côté d'elle, car je me serais alors
aussitôt réfugié dans une sorte d'absence intouchable et protectrice.
D'une certaine manière pourtant, cela ne m'aurait pas déplu qu'elle m'eût
soudain aperçu à l'improviste et qu'elle fût venue me rejoindreà ma table,
je lui aurais souri sûrement, les yeux baissés, et lui aurais reproché amè-
rement de m'avoir fait attendre vingt minutes. Elle aurait souri aussi, ou
aurait émis quelque réserveamusé , ou m'aurait pris la main par-dessus la
table, enfin quelque chose se serait passéqui m'aurait entraîne et m'aurait
forcé d'accompagner le cours des instants qui passaient, plutôt que de les
imaginer toujours, dans un mélange d'espérance et de crainte. A un moment
qu'elle continuait de lire devant la baie vitrée, elle releva la tête
de son livre et regarda la salle dans ma direction. Elle resta un instant
sans bouger,pensive, je crus qu'elle m'avait aperçu. Mais non, elle
finit par ranger son livre dans son sac et déposa un chapelet de pièces
de un franc sur la table pour payer son café. Il était dix heures moins
cinq quand elle quitta la brasserie -- et j'avais déjà envie de la revoir.
II. 253
J'avais rencontré Hélène pour lLapremière dernière foisque j'avais vu Hélène, c'était à Paris, il il y a onze jours exacte-
ment, et nous avions fait l'amourensemblepour la première fois ce soir-là pour la première fois. le premier soir que nous nous étions connus.
Depuis, je ne l'avais plus revue. Nous nous étions atés un soir dans une
brasserie où elle m'avait donné rendez-vous, ou plutôt je n'avais pas pu
me résoudre<d1> à franchir les quelques mètres qui me séparaient d'elle[d1] ce soir-
là,, car j'étais arrivé très en avancedans la brasserie et lorsqu'elle arriva elle-même, je
ne bougeai pas, je ne saispas pourquoi, je demeurai assis sur la banquette
d'angle que j'occupais dans le fond de la salle. Elle jeta un coup d'oeil
alentour sans me voir et alla prendre place à une table près de la baie
vitrée. Elle étaithabillée très joliment, avec vêtue d'un un chemisier blanc et une
jupe verte ample et légère, ses lèvres et ses yeux étaient légèrement maquil-
lés et il y avait quelque chose de radieux et de simple dans son visage qui
me touchait. Elle m'attendait sans impatience, comme si elle n'attendait
personne, commanda un cafédont elle but quelques gorgées, enjetant de temps
en temps un regard tranquilledehors à travers la baie vitrée. Puis, au
bout d'une vingtaine de minutes environ, elle sortit un livre de son
sac et commença à lire. Je ne la quittais pratiquement pas des yeux, aper-
cevant son reflet de profil dans le miroir qui me faisait face, et j'éprouvais
le sentiment d'être idéalement présent à ses côtés, beaucoup plus présent
sans doute que si j'avais été réellement à côté d'elle, car je me serais alors
aussitôt sûrement aussitôt réfugié dans une sorte d'absence intouchable et protectrice.
D'une certaine manière, pourtant, cela ne m'aurait pas déplu qu'elle m'eût
soudain aperçu à l'improvistedans la salle et qu'elle fût venue me rejoindreaussitôt à ma table,
je lui aurais souri sûrement, les yeux baissés, et lui aurais reproché amè-
rement de m'avoir fait attendre vingt minutes. Elle aurait souri aussi,j'imagine, ou
aurait émis quelque réserveamusé , ou m'aurait pris la main par-dessus la
table, enfin quelque chose se serait passéqui m'aurait entraîne et m'aurait et j'aurais été contraint malgré moi
forcé d'accompagner le cours des instants qui passaient, plutôt que de les
imaginer toujours, dans un mélange d'espérance et de crainte. A un moment
qu'elle continuait de lire devant la baie vitrée, elle releva la tête
de son livre et regarda la salle et regarda la salle dans ma direction. Elle resta un instant
sans bouger,pensive, à regarder la salle, je crus qu'elle m'avait aperçu. Mais non, elle
finit par ranger son livre dans son sac et déposa un chapelet de pièces
de un franc sur la table pour payer son café. Il était dix heures moins
cinq quand elle quitta la brasserie -- et j'avais déjà envie de la revoir.
Le lendemain, -->de ce rendez-vous manqué, je l'avais eu au lui avais parlé au téléphone assez brièvement, et elle m'avait apprit qu'elle partait pour Sasuelo dans la journéeJe connaissais Sasuelo pour y avoir passé quelques jours avec Biaggi J'avais déjà passer quelques jours dans les??? , avec Biaggi et elle,
II. 253
J'avais rencontré Hélène pour lapremière fois il y a onze jours exacte-
ment, et nous avions fait l'amour le premier soir que nous nous étions connus.
Depuis, je ne l'avais plus revue. Nous nous étions atés un soir dans une
brasserie où elle m'avait donné rendez-vous, ou plutôt je n'avais pas pu
me résoudre à franchir les quelques mètres qui me séparaient d'elle ce soir- là, car j'étais arrivé très en avance et lorsqu'elle arriva elle-même, je
ne bougeai pas, je ne saispas pourquoi, je demeurai assis sur la banquette
d'angle que j'occupais dans le fond de la salle. Elle jeta un coup d'oeil
alentour sans me voir et alla prendre place à une table près de la baie
vitrée. Elle étaithabillée très joliment, avec un chemisier blanc et une
jupe verte ample et légère, ses lèvres et ses yeux étaient légèrement maquil-
lés et il y avait quelque chose de radieux et de simple dans son visage qui
me touchait. Elle m'attendait sans impatience, comme si elle n'attendait
personne, commanda un cafédont elle but quelques gorgées, jetant de temps
en temps un regard tranquilledehors à travers la baie vitrée. Puis, au
bout d'une vingtaine de minutes environ, elle sortit un livre de son
sac et commença à lire. Je ne la quittais pratiquement pas des yeux, aper-
cevant son reflet de profil dans le miroir qui me faisait face, et j'éprouvais
le sentiment d'être idéalement présent à ses côtés, beaucoup plus présent
sans doute que si j'avais été réellement à côté d'elle, car je me serais alors
aussitôt réfugié dans une sorte d'absence intouchable et protectrice.
D'une certaine manière pourtant, cela ne m'aurait pas déplu qu'elle m'eût
soudain aperçu à l'improviste et qu'elle fût venue me rejoindreà ma table,
je lui aurais souri sûrement, les yeux baissés, et lui aurais reproché amè-
rement de m'avoir fait attendre vingt minutes. Elle aurait souri aussi, ou
aurait émis quelque réserveamusé , ou m'aurait pris la main par-dessus la
table, enfin quelque chose se serait passéqui m'aurait entraîne et m'aurait
forcé d'accompagner le cours des instants qui passaient, plutôt que de les
imaginer toujours, dans un mélange d'espérance et de crainte. A un moment
qu'elle continuait de lire devant la baie vitrée, elle releva la tête
de son livre et regarda la salle dans ma direction. Elle resta un instant
sans bouger,pensive, je crus qu'elle m'avait aperçu. Mais non, elle
finit par ranger son livre dans son sac et déposa un chapelet de pièces
de un franc sur la table pour payer son café. Il était dix heures moins
cinq quand elle quitta la brasserie -- et j'avais déjà envie de la revoir.