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  1. Exploration des brouillons
  2. #01
  3. LRT_01_01_00310
  • Facsimilé 
  • Tapuscrit corrigé
  • Tapuscrit

I. 310

sur la plage, et je lui tendais à mesure tout ce qu'il convoitait, des

morceaux de bois morts rejetés par la marée qui avaient pris des formes

de talismans bizarres, des galets, des brindilles, une vieille sandale en

plastique aussi, bien grosse et transparente, dont il embrassa fougueusement

la semelle pleine de sable en poussant des petits tayauts d'allégresse.

 De retour dans la chambre d'hôtel, je passais des heures allongé sur

le lit à barreaux qui occupait le centre de la pièce. Je ne faisais rien,

je n'attendais rien de particulier. Le murs, autour de moi, étaient humides

et sales, tapissés d'un vieux tissu orange assorti aux fleurs sombres

du couvre-lit et des rideaux. J'avais installé le lit de voyage de mon fils

près de moi dans la chambre, un petit lit pliant assez pratique qui consistait

en un assemblage de tubes métalliques jaunes et creux qui s'emboîtaient

les uns dans les autres pour composer un châssis rectangulaire, sorte de

petit centre Pompidou qui se dressait là dans la pénombre de la chambre à

côté de mes sacs et de mes valises. Parfois, pendant que mon fils dormait

tranquillement, un petit bras replié en bouclier sur la poitrine et sa

vieille sandale en plastique trouvée sur la plage précieusement posée à

côté de lui au fond du lit, je me levais et faisais quelques pas en chaus-

settes dans la chambre. J'allais jusqu'à la fenêtre et, soulevant le rideau,

je regardais la route, une parcelle de route déserte qui bordait un enclos

livré aux mauvaises herbes, où, au loin, à côté d'un figuier désséché qui

ployait sous le poids de ses branches mortes, un âne solitaire broutait

du fenouil entre divers détritus, des vieilles planches, des pneus abandonnés,

une barque retournée qui pourrissait sur place.

 J'étais venu à Sasuelo pour voir les Biaggi, qui s'étaient retirés

dans le village quelques années plus tôt, et, jusqu'à présent, je ne m'étais

toujours pas manifesté auprès d'eux, évitant même les parages de leur

maison quand je me promenais dans le village. Le jour de mon arrivée déjà,

j'avais sans cesse repoussé le moment d'aller les trouver, j'étais resté

à l'hôtel sans leur faire signe, sans leur téléphoner. C'était pourtant

pour les voir que je m'étais rendu à Sasuelo --- même si je savais très

bien que les voir m'attristerait et me ferait du mal ---, et, un soir, après

avoir dîner dans la salle à manger de l'hôtel et tandis que mon fils

I. 310

sur la plage, et je lui tendais à mesure tout ce qu'il convoitait, des

morceaux de bois morts rejetés par la marée qui avaient pris des formes

de talismans bizarres, des galets, des brindilles, une vieille sandale en

plastique aussi, bien grosse et transparente, dont il embrassa fougueusement

la semelle pleine de sable en poussant des petits tayauts d'allégresse.

 De retour dans la chambre d'hôtel, je passais des heures allongé sur

le lit à barreaux qui occupait le centre de la pièce. Je ne faisais rien,

je n'attendais rien de particulier. Le murs, autour de moi, étaient humides

et sales, tapissés d'un vieux tissu orange assorti aux fleurs sombres

du couvre-lit et des rideaux. J'avais installé le lit de voyage de mon fils

près de moi dans la chambre, un petit lit pliant assez pratique qui consistait

en un assemblage de tubes métalliques jaunes et creux qui s'emboîtaient

les uns dans les autres pour composer un châssis rectangulaire, sorte de

petit centre Pompidou qui se dressait là dans la pénombre de la chambre à

côté de mes sacs et de mes valises. Parfois, pendant que mon fils dormait

tranquillement, un petit bras replié en bouclier sur la poitrine et sa

vieille sandale en plastique trouvée sur la plage précieusement posée à

côté de lui au fond du lit, je me levais et faisais quelques pas en chaus-

settes dans la chambre. J'allais jusqu'à la fenêtre et, soulevant le rideau,

je regardais la route, une parcelle de route déserte qui bordait un enclos

livré aux mauvaises herbes, où, au loin, à côté d'un figuier désséché qui

ployait sous le poids de ses branches mortes, un âne solitaire broutait

du fenouil entre divers détritus, des vieilles planches, des pneus abandonnés,

une barque retournée qui pourrissait sur place.

 J'étais venu à Sasuelo pour voir les Biaggi, qui s'étaient retirés

dans le village quelques années plus tôt, et, jusqu'à présent, je ne m'étais

toujours pas manifesté auprès d'eux, évitant même les parages de leur

maison quand je me promenais dans le village. Le jour de mon arrivée déjà,

j'avais sans cesse repoussé le moment d'aller les trouver, j'étais resté

à l'hôtel sans leur faire signe, sans leur téléphoner. C'était pourtant

pour les voir que je m'étais rendu à Sasuelo --- même si je savais très

bien que les voir m'attristerait et me ferait du mal ---, et, un soir, après

avoir dîner dans la salle à manger de l'hôtel et tandis que mon fils

  • Facsimilé 
  • Tapuscrit corrigé
  • Tapuscrit

I. 310

sur la plage, et je lui tendais à mesure tout ce qu'il convoitait, des

morceaux de bois morts rejetés par la marée qui avaient pris des formes

de talismans bizarres, des galets, des brindilles, une vieille sandale en

plastique aussi, bien grosse et transparente, dont il embrassa fougueusement

la semelle pleine de sable en poussant des petits tayauts d'allégresse.

 De retour dans la chambre d'hôtel, je passais des heures allongé sur

le lit à barreaux qui occupait le centre de la pièce. Je ne faisais rien,

je n'attendais rien de particulier. Le murs, autour de moi, étaient humides

et sales, tapissés d'un vieux tissu orange assorti aux fleurs sombres

du couvre-lit et des rideaux. J'avais installé le lit de voyage de mon fils

près de moi dans la chambre, un petit lit pliant assez pratique qui consistait

en un assemblage de tubes métalliques jaunes et creux qui s'emboîtaient

les uns dans les autres pour composer un châssis rectangulaire, sorte de

petit centre Pompidou qui se dressait là dans la pénombre de la chambre à

côté de mes sacs et de mes valises. Parfois, pendant que mon fils dormait

tranquillement, un petit bras replié en bouclier sur la poitrine et sa

vieille sandale en plastique trouvée sur la plage précieusement posée à

côté de lui au fond du lit, je me levais et faisais quelques pas en chaus-

settes dans la chambre. J'allais jusqu'à la fenêtre et, soulevant le rideau,

je regardais la route, une parcelle de route déserte qui bordait un enclos

livré aux mauvaises herbes, où, au loin, à côté d'un figuier désséché qui

ployait sous le poids de ses branches mortes, un âne solitaire broutait

du fenouil entre divers détritus, des vieilles planches, des pneus abandonnés,

une barque retournée qui pourrissait sur place.

 J'étais venu à Sasuelo pour voir les Biaggi, qui s'étaient retirés

dans le village quelques années plus tôt, et, jusqu'à présent, je ne m'étais

toujours pas manifesté auprès d'eux, évitant même les parages de leur

maison quand je me promenais dans le village. Le jour de mon arrivée déjà,

j'avais sans cesse repoussé le moment d'aller les trouver, j'étais resté

à l'hôtel sans leur faire signe, sans leur téléphoner. C'était pourtant

pour les voir que je m'étais rendu à Sasuelo --- même si je savais très

bien que les voir m'attristerait et me ferait du mal ---, et, un soir, après

avoir dîner dans la salle à manger de l'hôtel et tandis que mon fils

I. 310

sur la plage, et je lui tendais à mesure tout ce qu'il convoitait, des

morceaux de bois morts rejetés par la marée qui avaient pris des formes

de talismans bizarres, des galets, des brindilles, une vieille sandale en

plastique aussi, bien grosse et transparente, dont il embrassa fougueusement

la semelle pleine de sable en poussant des petits tayauts d'allégresse.

 De retour dans la chambre d'hôtel, je passais des heures allongé sur

le lit à barreaux qui occupait le centre de la pièce. Je ne faisais rien,

je n'attendais rien de particulier. Le murs, autour de moi, étaient humides

et sales, tapissés d'un vieux tissu orange assorti aux fleurs sombres

du couvre-lit et des rideaux. J'avais installé le lit de voyage de mon fils

près de moi dans la chambre, un petit lit pliant assez pratique qui consistait

en un assemblage de tubes métalliques jaunes et creux qui s'emboîtaient

les uns dans les autres pour composer un châssis rectangulaire, sorte de

petit centre Pompidou qui se dressait là dans la pénombre de la chambre à

côté de mes sacs et de mes valises. Parfois, pendant que mon fils dormait

tranquillement, un petit bras replié en bouclier sur la poitrine et sa

vieille sandale en plastique trouvée sur la plage précieusement posée à

côté de lui au fond du lit, je me levais et faisais quelques pas en chaus-

settes dans la chambre. J'allais jusqu'à la fenêtre et, soulevant le rideau,

je regardais la route, une parcelle de route déserte qui bordait un enclos

livré aux mauvaises herbes, où, au loin, à côté d'un figuier désséché qui

ployait sous le poids de ses branches mortes, un âne solitaire broutait

du fenouil entre divers détritus, des vieilles planches, des pneus abandonnés,

une barque retournée qui pourrissait sur place.

 J'étais venu à Sasuelo pour voir les Biaggi, qui s'étaient retirés

dans le village quelques années plus tôt, et, jusqu'à présent, je ne m'étais

toujours pas manifesté auprès d'eux, évitant même les parages de leur

maison quand je me promenais dans le village. Le jour de mon arrivée déjà,

j'avais sans cesse repoussé le moment d'aller les trouver, j'étais resté

à l'hôtel sans leur faire signe, sans leur téléphoner. C'était pourtant

pour les voir que je m'étais rendu à Sasuelo --- même si je savais très

bien que les voir m'attristerait et me ferait du mal ---, et, un soir, après

avoir dîner dans la salle à manger de l'hôtel et tandis que mon fils

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