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  1. Exploration des brouillons
  2. #01
  3. LRT_01_01_00358
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  • Tapuscrit

I. 358

chercher le registre de l'hôtel, que je trouvai sur une étagère, un grand

registre en cuir noir granuleux, que je feuilletai un instant dans le noir,

avant de le poser sur le comptoir pour consulter les dernières pages à la

lueur de mon briquet. Comme je le pensais, car je me souvenais très bien

que lorsque j'étais arrivé à l'hôtel, le patron m'avait certes demandé

mon passeport, mais l'avait à peine ouvert et me l'avait rendu tout de

suite, mon nom n'avait pas été enregistré dans le registre de l'hôtel.

 Il ne faisait pas encore jour quand je quittai l'hôtel le lendemain

matin, et l'atmosphère du village était tout emplie d'une fin de nuit

bleutée, avec une lune d'aube très blanche dans le ciel, qui s'inscrivait

au-dessus des lignes régulières que traçaient les fils des poteaux télé-

graphiques. Sur la place du village silencieuse, je remarquai tout de suite

la vieille Mercedes grise que j'avais aperçue la veille dans le jardin

des Biaggi et je m'approchai de la voiture pour examiner un instant

l'intérieur. Les sièges étaient très abîmés, défoncés pratiquement, le

cuir complètement élimé par endroits, et une entaille d'une dizaine de

centimètres qui laissait émerger une sorte de mousse synthétique jaunâtre

crevant en son centre le revêtement du siège du conducteur. Sur la ban-

quette arrière, une veste froissée reposait parmi un désordre de vieux

journaux et de matériel de pêche, de cannes et de palangrottes, de plombs,

de sachets d'hameçons et de bouteiles en plastique. Il avait plu cette

nuit et, tout près de là, sur le sol de la place, je remarquai une grande

flaque d'eau immobile dans la pénombre, qui reflétait faiblement les arbres

et les toits des masons avoisinantes. Un léger souffle de vent la faisait

parfois frissonner et la surface de l'eau était alors parcourue par une

onde de frémissements qui brouillait un instant les reflets. Puis, lentement,

les reflets se recomposaient à la surface, et je me rendis compte qu'au centre

de la flaque miroitait le profil argenté de la vieille Mercedes grise. Autour

du reflet de la voiture, cependant, par je ne sais quel jeu de perspectives

et d'angle mort, il n'y avait aucune trace de ma présence.

 Je m'éloignai lentement sur la place, laissant la flaque d'eau derrière

I. 358

chercher le registre de l'hôtel, que je trouvai sur une étagère, un grand

registre en cuir noir granuleux, que je feuilletai un instant dans le noir,

avant de le poser sur le comptoir pour consulter les dernières pages à la

lueur de mon briquet. Comme je le pensais, car je me souvenais très bien

que lorsque j'étais arrivé à l'hôtel, le patron m'avait certes demandé

mon passeport, mais l'avait à peine ouvert et me l'avait rendu tout de

suite, mon nom n'avait pas été enregistré dans le registre de l'hôtel.

 Il ne faisait pas encore jour quand je quittai l'hôtel le lendemain

matin, et l'atmosphère du village était tout emplie d'une fin de nuit

bleutée, avec une lune d'aube très blanche dans le ciel, qui s'inscrivait

au-dessus des lignes régulières que traçaient les fils des poteaux télé-

graphiques. Sur la place du village silencieuse, je remarquai tout de suite

la vieille Mercedes grise que j'avais aperçue la veille dans le jardin

des Biaggi et je m'approchai de la voiture pour examiner un instant

l'intérieur. Les sièges étaient très abîmés, défoncés pratiquement, le

cuir complètement élimé par endroits, et une entaille d'une dizaine de

centimètres qui laissait émerger une sorte de mousse synthétique jaunâtre

crevant en son centre le revêtement du siège du conducteur. Sur la ban-

quette arrière, une veste froissée reposait parmi un désordre de vieux

journaux et de matériel de pêche, de cannes et de palangrottes, de plombs,

de sachets d'hameçons et de bouteiles en plastique. Il avait plu cette

nuit et, tout près de là, sur le sol de la place, je remarquai une grande

flaque d'eau immobile dans la pénombre, qui reflétait faiblement les arbres

et les toits des masons avoisinantes. Un léger souffle de vent la faisait

parfois frissonner et la surface de l'eau était alors parcourue par une

onde de frémissements qui brouillait un instant les reflets. Puis, lentement,

les reflets se recomposaient à la surface, et je me rendis compte qu'au centre

de la flaque miroitait le profil argenté de la vieille Mercedes grise. Autour

du reflet de la voiture, cependant, par je ne sais quel jeu de perspectives

et d'angle mort, il n'y avait aucune trace de ma présence.

 Je m'éloignai lentement sur la place, laissant la flaque d'eau derrière

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I. 358

chercher le registre de l'hôtel, que je trouvai sur une étagère, un grand

registre en cuir noir granuleux, que je feuilletai un instant dans le noir,

avant de le poser sur le comptoir pour consulter les dernières pages à la

lueur de mon briquet. Comme je le pensais, car je me souvenais très bien

que lorsque j'étais arrivé à l'hôtel, le patron m'avait certes demandé

mon passeport, mais l'avait à peine ouvert et me l'avait rendu tout de

suite, mon nom n'avait pas été enregistré dans le registre de l'hôtel.

 Il ne faisait pas encore jour quand je quittai l'hôtel le lendemain

matin, et l'atmosphère du village était tout emplie d'une fin de nuit

bleutée, avec une lune d'aube très blanche dans le ciel, qui s'inscrivait

au-dessus des lignes régulières que traçaient les fils des poteaux télé-

graphiques. Sur la place du village silencieuse, je remarquai tout de suite

la vieille Mercedes grise que j'avais aperçue la veille dans le jardin

des Biaggi et je m'approchai de la voiture pour examiner un instant

l'intérieur. Les sièges étaient très abîmés, défoncés pratiquement, le

cuir complètement élimé par endroits, et une entaille d'une dizaine de

centimètres qui laissait émerger une sorte de mousse synthétique jaunâtre

crevant en son centre le revêtement du siège du conducteur. Sur la ban-

quette arrière, une veste froissée reposait parmi un désordre de vieux

journaux et de matériel de pêche, de cannes et de palangrottes, de plombs,

de sachets d'hameçons et de bouteiles en plastique. Il avait plu cette

nuit et, tout près de là, sur le sol de la place, je remarquai une grande

flaque d'eau immobile dans la pénombre, qui reflétait faiblement les arbres

et les toits des masons avoisinantes. Un léger souffle de vent la faisait

parfois frissonner et la surface de l'eau était alors parcourue par une

onde de frémissements qui brouillait un instant les reflets. Puis, lentement,

les reflets se recomposaient à la surface, et je me rendis compte qu'au centre

de la flaque miroitait le profil argenté de la vieille Mercedes grise. Autour

du reflet de la voiture, cependant, par je ne sais quel jeu de perspectives

et d'angle mort, il n'y avait aucune trace de ma présence.

 Je m'éloignai lentement sur la place, laissant la flaque d'eau derrière

I. 358

chercher le registre de l'hôtel, que je trouvai sur une étagère, un grand

registre en cuir noir granuleux, que je feuilletai un instant dans le noir,

avant de le poser sur le comptoir pour consulter les dernières pages à la

lueur de mon briquet. Comme je le pensais, car je me souvenais très bien

que lorsque j'étais arrivé à l'hôtel, le patron m'avait certes demandé

mon passeport, mais l'avait à peine ouvert et me l'avait rendu tout de

suite, mon nom n'avait pas été enregistré dans le registre de l'hôtel.

 Il ne faisait pas encore jour quand je quittai l'hôtel le lendemain

matin, et l'atmosphère du village était tout emplie d'une fin de nuit

bleutée, avec une lune d'aube très blanche dans le ciel, qui s'inscrivait

au-dessus des lignes régulières que traçaient les fils des poteaux télé-

graphiques. Sur la place du village silencieuse, je remarquai tout de suite

la vieille Mercedes grise que j'avais aperçue la veille dans le jardin

des Biaggi et je m'approchai de la voiture pour examiner un instant

l'intérieur. Les sièges étaient très abîmés, défoncés pratiquement, le

cuir complètement élimé par endroits, et une entaille d'une dizaine de

centimètres qui laissait émerger une sorte de mousse synthétique jaunâtre

crevant en son centre le revêtement du siège du conducteur. Sur la ban-

quette arrière, une veste froissée reposait parmi un désordre de vieux

journaux et de matériel de pêche, de cannes et de palangrottes, de plombs,

de sachets d'hameçons et de bouteiles en plastique. Il avait plu cette

nuit et, tout près de là, sur le sol de la place, je remarquai une grande

flaque d'eau immobile dans la pénombre, qui reflétait faiblement les arbres

et les toits des masons avoisinantes. Un léger souffle de vent la faisait

parfois frissonner et la surface de l'eau était alors parcourue par une

onde de frémissements qui brouillait un instant les reflets. Puis, lentement,

les reflets se recomposaient à la surface, et je me rendis compte qu'au centre

de la flaque miroitait le profil argenté de la vieille Mercedes grise. Autour

du reflet de la voiture, cependant, par je ne sais quel jeu de perspectives

et d'angle mort, il n'y avait aucune trace de ma présence.

 Je m'éloignai lentement sur la place, laissant la flaque d'eau derrière

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