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  1. Exploration des brouillons
  2. #01
  3. LRT_01_01_00359
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  • Tapuscrit

I. 359

dans sa gueule ? Comment expliquer qu'un fil de pêche aussi dur et

résistant avait pu être rompu par l'animal lui-même ? Comment même,

à supposer qu'il y soit parvenu, expliquer la présence d'une ligne morte

dans le port à quelques mètresà peine du bord de la jetée alors qu'elle

aurait dû reposer au large par dix ou vingt mètres de fond ? Pourquoi,

enfin, l'extrémité du fil était-elle coupée aussi proprement, comme

sectionnée net par une lame, si ce n'est pasce qu'une fois le chat pris

au piège que Biaggi lui avait tendu la nuit dernière --- car Biaggi se

trouvait dans le village, j'en avais la conviction maintenant ---, il

avait lentement rembobiné sa ligne tandis que l'animal se débattait dans

l'eau l'hameçon accroché dans la gueule, et qu'il l'avait ramené à son

rythme comme il l'aurait fait d'un très gros poisson, cessant de rembobiner

lorsqu'il sentait une trop grande résistance et rembobinant à nouveau et

très vite chaque fois que les efforts du chat se relâchaient, et que, le

sortant de l'eau vivant et se convulsant de toutes ses forces au bout de

sla lignemorte,, les yeux exorbités qui le regardaient fixement, il avait tranché

net le fil avec un petit couteau, le chat retombant alors dans le port dans

un fracas brutal, qui alla peu à peu en s'apaisant, quelques dernières

vaguelettes venant mourir doucement contre ses flancs ?

 En fin d'après-midi, comme je me promenais dans le port en compagnie

de mon fils qui se tenait sagement dans sa poussette, je longeai la petite 

jetée de pierres et  remarquai que le chat était toujours là, qui continuait

de dériver très lentement à la surface de l'eau dans le port, le poil noir et mouillé

de son dos luisant sous les derniers rayons du soleil. Il avait dû aller

et venir ainsi toute la journée dans le même préimètre réduit, butant mol-

lement contre la paroi d'une coque et repartant à la dérive entre les barques

sans jamais s'éloigner vers le large. Ses moustaches étaient encore dressées

à la verticale, raides et pathétiques, et, hors de sa gueule, émergeant

à peine de l'eau et complètement désagrégée à présent, décarcassée et les

I. 359

dans sa gueule ? Comment expliquer qu'un fil de pêche aussi dur et

résistant avait pu être rompu par l'animal lui-même ? Comment même,

à supposer qu'il y soit parvenu, expliquer la présence d'une ligne morte

dans le port à quelques mètresà peine du bord de la jetée alors qu'elle

aurait dû reposer au large par dix ou vingt mètres de fond ? Pourquoi,

enfin, l'extrémité du fil était-elle coupée aussi proprement, comme

sectionnée net par une lame, si ce n'est pasce qu'une fois le chat pris

au piège que Biaggi lui avait tendu la nuit dernière --- car Biaggi se

trouvait dans le village, j'en avais la conviction maintenant ---, il

avait lentement rembobiné sa ligne tandis que l'animal se débattait dans

l'eau l'hameçon accroché dans la gueule, et qu'il l'avait ramené à son

rythme comme il l'aurait fait d'un très gros poisson, cessant de rembobiner

lorsqu'il sentait une trop grande résistance et rembobinant à nouveau et

très vite chaque fois que les efforts du chat se relâchaient, et que, le

sortant de l'eau vivant et se convulsant de toutes ses forces au bout de

sa ligne, les yeux exorbités qui le regardaient fixement, il avait tranché

net le fil avec un petit couteau, le chat retombant alors dans le port dans

un fracas brutal, qui alla peu à peu en s'apaisant, quelques dernières

vaguelettes venant mourir doucement contre ses flancs ?

 En fin d'après-midi, comme je me promenais dans le port en compagnie

de mon fils qui se tenait sagement dans sa poussette, je longeai la petite 

jetée de pierres et  remarquai que le chat était toujours là, qui continuait

de dériver très lentement à la surface de l'eau , le poil noir et mouillé

de son dos luisant sous les derniers rayons du soleil. Il avait dû aller

et venir ainsi toute la journée dans le même préimètre réduit, butant mol-

lement contre la paroi d'une coque et repartant à la dérive entre les barques

sans jamais s'éloigner vers le large. Ses moustaches étaient encore dressées

à la verticale, raides et pathétiques, et, hors de sa gueule, émergeant

à peine de l'eau et complètement désagrégée à présent, décarcassée et les

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dans sa gueule ? Comment expliquer qu'un fil de pêche aussi dur et

résistant avait pu être rompu par l'animal lui-même ? Comment même,

à supposer qu'il y soit parvenu, expliquer la présence d'une ligne morte

dans le port à quelques mètresà peine du bord de la jetée alors qu'elle

aurait dû reposer au large par dix ou vingt mètres de fond ? Pourquoi,

enfin, l'extrémité du fil était-elle coupée aussi proprement, comme

sectionnée net par une lame, si ce n'est pasce qu'une fois le chat pris

au piège que Biaggi lui avait tendu la nuit dernière --- car Biaggi se

trouvait dans le village, j'en avais la conviction maintenant ---, il

avait lentement rembobiné sa ligne tandis que l'animal se débattait dans

l'eau l'hameçon accroché dans la gueule, et qu'il l'avait ramené à son

rythme comme il l'aurait fait d'un très gros poisson, cessant de rembobiner

lorsqu'il sentait une trop grande résistance et rembobinant à nouveau et

très vite chaque fois que les efforts du chat se relâchaient, et que, le

sortant de l'eau vivant et se convulsant de toutes ses forces au bout de

sla lignemorte,, les yeux exorbités qui le regardaient fixement, il avait tranché

net le fil avec un petit couteau, le chat retombant alors dans le port dans

un fracas brutal, qui alla peu à peu en s'apaisant, quelques dernières

vaguelettes venant mourir doucement contre ses flancs ?

 En fin d'après-midi, comme je me promenais dans le port en compagnie

de mon fils qui se tenait sagement dans sa poussette, je longeai la petite 

jetée de pierres et  remarquai que le chat était toujours là, qui continuait

de dériver très lentement à la surface de l'eau dans le port, le poil noir et mouillé

de son dos luisant sous les derniers rayons du soleil. Il avait dû aller

et venir ainsi toute la journée dans le même préimètre réduit, butant mol-

lement contre la paroi d'une coque et repartant à la dérive entre les barques

sans jamais s'éloigner vers le large. Ses moustaches étaient encore dressées

à la verticale, raides et pathétiques, et, hors de sa gueule, émergeant

à peine de l'eau et complètement désagrégée à présent, décarcassée et les

I. 359

dans sa gueule ? Comment expliquer qu'un fil de pêche aussi dur et

résistant avait pu être rompu par l'animal lui-même ? Comment même,

à supposer qu'il y soit parvenu, expliquer la présence d'une ligne morte

dans le port à quelques mètresà peine du bord de la jetée alors qu'elle

aurait dû reposer au large par dix ou vingt mètres de fond ? Pourquoi,

enfin, l'extrémité du fil était-elle coupée aussi proprement, comme

sectionnée net par une lame, si ce n'est pasce qu'une fois le chat pris

au piège que Biaggi lui avait tendu la nuit dernière --- car Biaggi se

trouvait dans le village, j'en avais la conviction maintenant ---, il

avait lentement rembobiné sa ligne tandis que l'animal se débattait dans

l'eau l'hameçon accroché dans la gueule, et qu'il l'avait ramené à son

rythme comme il l'aurait fait d'un très gros poisson, cessant de rembobiner

lorsqu'il sentait une trop grande résistance et rembobinant à nouveau et

très vite chaque fois que les efforts du chat se relâchaient, et que, le

sortant de l'eau vivant et se convulsant de toutes ses forces au bout de

sa ligne, les yeux exorbités qui le regardaient fixement, il avait tranché

net le fil avec un petit couteau, le chat retombant alors dans le port dans

un fracas brutal, qui alla peu à peu en s'apaisant, quelques dernières

vaguelettes venant mourir doucement contre ses flancs ?

 En fin d'après-midi, comme je me promenais dans le port en compagnie

de mon fils qui se tenait sagement dans sa poussette, je longeai la petite 

jetée de pierres et  remarquai que le chat était toujours là, qui continuait

de dériver très lentement à la surface de l'eau , le poil noir et mouillé

de son dos luisant sous les derniers rayons du soleil. Il avait dû aller

et venir ainsi toute la journée dans le même préimètre réduit, butant mol-

lement contre la paroi d'une coque et repartant à la dérive entre les barques

sans jamais s'éloigner vers le large. Ses moustaches étaient encore dressées

à la verticale, raides et pathétiques, et, hors de sa gueule, émergeant

à peine de l'eau et complètement désagrégée à présent, décarcassée et les

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