I. 386
journée --- sur le moment, je l'avais simplement examiné distraitement,
ce fragment de fil de pêche --- que le chat avait été assassiné.
La nuit dernière.
Comment en effet expliquer la présence de ce fragment de fil de pêche
dans sa gueule ? Comment expliquer qu'un fil de pêche aussi dur et
résistant avait pu être rompu par l'animal lui-même ? Comment même,
à supposer qu'il y soit parvenu, expliquer la présence d'une ligne morte
dans le port à quelques mètres à peine du bord de la jetée alors qu'elle aurait
dû reposer au large par dix ou vingt mètres de fond ? Pourquoi, enfin,
l'extrémitié du fil était-elle coupée aussi proprement, comme sectionnée
net par une lame, si ce n'est parce qu'une fois le chat pris au piège que
Biaggi lui avait tendu la nuit dernière --- car Biaggi se trouvait dans
le village, j'en avais la conviction maintenant ---, il avait lentement
rembobiné sa ligne tandis que l'animal se débattait dans les eaux du port
l'hameçon accroché dans la gueule, et qu'il l'avait ramené à son rythme
comme il l'aurait fait d'un très gros poisson, cessant de rembobiner lorsqu'il
sentait une trop grande résistance et rembobinant à nouveau et très vite
chaque fois que les efforts du chat se relâchaient, et que, sortant le chat
de l'eau vivant et se convulsant de toutes ses forces au bout de la ligne tendue,
les yeux exorbités qui regardaient Biaggi fixement, il avait tranché net
le fil avec un petit couteau, le chat retombant alors dans le port dans un
fracas brutal, qui alla peu à peu en s'apaisant, quelques dernières vague-
lettes venant mourir doucement contre ses flancs ?
En fin d'après-midi,comme je promenaisla poussette de mon fils dans le village, je remarquai le chat était toujours à la mêmeplace dans le port,
qui continuait de dériver lentemententre les barques. Il avait dû aller
et venir ainsi toute la journée dans le même périmètre réduit, butant
mollement contre la paroi d'une coque et repartant à la dérive entre les
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journée --- sur le moment, je l'avais simplement examiné distraitement,
ce fragment de fil de pêche --- que le chat avait été assassiné.
La nuit dernière.
Comment en effet expliquer la présence de ce fragment de fil de pêche
dans sa gueule ? Comment expliquer qu'un fil de pêche aussi dur et
résistant avait pu être rompu par l'animal lui-même ? Comment même,
à supposer qu'il y soit parvenu, expliquer la présence d'une ligne morte
dans le port à quelques mètres à peine du bord de la jetée alors qu'elle aurait
dû reposer au large par dix ou vingt mètres de fond ? Pourquoi, enfin,
l'extrémitié du fil était-elle coupée aussi proprement, comme sectionnée
net par une lame, si ce n'est parce qu'une fois le chat pris au piège que
Biaggi lui avait tendu la nuit dernière --- car Biaggi se trouvait dans
le village, j'en avais la conviction maintenant ---, il avait lentement
rembobiné sa ligne tandis que l'animal se débattait dans les eaux du port
l'hameçon accroché dans la gueule, et qu'il l'avait ramené à son rythme
comme il l'aurait fait d'un très gros poisson, cessant de rembobiner lorsqu'il
sentait une trop grande résistance et rembobinant à nouveau et très vite
chaque fois que les efforts du chat se relâchaient, et que, sortant le chat
de l'eau vivant et se convulsant de toutes ses forces au bout de la ligne tendue,
les yeux exorbités qui regardaient Biaggi fixement, il avait tranché net
le fil avec un petit couteau, le chat retombant alors dans le port dans un
fracas brutal, qui alla peu à peu en s'apaisant, quelques dernières vague-
lettes venant mourir doucement contre ses flancs ?
En fin d'après-midi, le chat était toujours à la mêmeplace dans le port,
qui continuait de dériver lentemententre les barques. Il avait dû aller
et venir ainsi toute la journée dans le même périmètre réduit, butant
mollement contre la paroi d'une coque et repartant à la dérive entre les
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journée --- sur le moment, je l'avais simplement examiné distraitement,
ce fragment de fil de pêche --- que le chat avait été assassiné.
La nuit dernière.
Comment en effet expliquer la présence de ce fragment de fil de pêche
dans sa gueule ? Comment expliquer qu'un fil de pêche aussi dur et
résistant avait pu être rompu par l'animal lui-même ? Comment même,
à supposer qu'il y soit parvenu, expliquer la présence d'une ligne morte
dans le port à quelques mètres à peine du bord de la jetée alors qu'elle aurait
dû reposer au large par dix ou vingt mètres de fond ? Pourquoi, enfin,
l'extrémitié du fil était-elle coupée aussi proprement, comme sectionnée
net par une lame, si ce n'est parce qu'une fois le chat pris au piège que
Biaggi lui avait tendu la nuit dernière --- car Biaggi se trouvait dans
le village, j'en avais la conviction maintenant ---, il avait lentement
rembobiné sa ligne tandis que l'animal se débattait dans les eaux du port
l'hameçon accroché dans la gueule, et qu'il l'avait ramené à son rythme
comme il l'aurait fait d'un très gros poisson, cessant de rembobiner lorsqu'il
sentait une trop grande résistance et rembobinant à nouveau et très vite
chaque fois que les efforts du chat se relâchaient, et que, sortant le chat
de l'eau vivant et se convulsant de toutes ses forces au bout de la ligne tendue,
les yeux exorbités qui regardaient Biaggi fixement, il avait tranché net
le fil avec un petit couteau, le chat retombant alors dans le port dans un
fracas brutal, qui alla peu à peu en s'apaisant, quelques dernières vague-
lettes venant mourir doucement contre ses flancs ?
En fin d'après-midi,comme je promenaisla poussette de mon fils dans le village, je remarquai le chat était toujours à la mêmeplace dans le port,
qui continuait de dériver lentemententre les barques. Il avait dû aller
et venir ainsi toute la journée dans le même périmètre réduit, butant
mollement contre la paroi d'une coque et repartant à la dérive entre les
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journée --- sur le moment, je l'avais simplement examiné distraitement,
ce fragment de fil de pêche --- que le chat avait été assassiné.
La nuit dernière.
Comment en effet expliquer la présence de ce fragment de fil de pêche
dans sa gueule ? Comment expliquer qu'un fil de pêche aussi dur et
résistant avait pu être rompu par l'animal lui-même ? Comment même,
à supposer qu'il y soit parvenu, expliquer la présence d'une ligne morte
dans le port à quelques mètres à peine du bord de la jetée alors qu'elle aurait
dû reposer au large par dix ou vingt mètres de fond ? Pourquoi, enfin,
l'extrémitié du fil était-elle coupée aussi proprement, comme sectionnée
net par une lame, si ce n'est parce qu'une fois le chat pris au piège que
Biaggi lui avait tendu la nuit dernière --- car Biaggi se trouvait dans
le village, j'en avais la conviction maintenant ---, il avait lentement
rembobiné sa ligne tandis que l'animal se débattait dans les eaux du port
l'hameçon accroché dans la gueule, et qu'il l'avait ramené à son rythme
comme il l'aurait fait d'un très gros poisson, cessant de rembobiner lorsqu'il
sentait une trop grande résistance et rembobinant à nouveau et très vite
chaque fois que les efforts du chat se relâchaient, et que, sortant le chat
de l'eau vivant et se convulsant de toutes ses forces au bout de la ligne tendue,
les yeux exorbités qui regardaient Biaggi fixement, il avait tranché net
le fil avec un petit couteau, le chat retombant alors dans le port dans un
fracas brutal, qui alla peu à peu en s'apaisant, quelques dernières vague-
lettes venant mourir doucement contre ses flancs ?
En fin d'après-midi, le chat était toujours à la mêmeplace dans le port,
qui continuait de dériver lentemententre les barques. Il avait dû aller
et venir ainsi toute la journée dans le même périmètre réduit, butant
mollement contre la paroi d'une coque et repartant à la dérive entre les