II, 303
Ce soir-là, après avoir couché mon fils*, je descendis
dîner dans la
salle à manger de l'hôtel. Le patron*faisait le service lui-même, servait <#D1>leles repas [D1]lui-même et sa femme
faisait laétait dansrestait dans la cuisine qui lui donnait à l'occasion un coup de
main dans la
salle. Nous n'étions pas plus de deux ou trois clients dans
l'hôtel, peut-
être y en avait-il d'autres, mais je ne voyais pratiquement
personne. Mon
fils* avait des horaires très
réguliers, et son petit
estomac était reglé comme
une petite horloge prussienne,
apparemment, ce qui le rendait assez poin-
tilleux sur la question des
horaires. Je lui donnais donc ses repas à heures fixesà heures fixes,
dans ma chambre en généralà heures fixes, après l'avoir installé sur le lit les jambes écartées
et le
bavoir autour du cou, et, tandis que ses yeux avides regardaient dans
l'assiette, je lui présentais avec gourmandise des cuillèrées
d'une pâte pâtée
indéfinissable, de couleur rouille ou saumon,
issue de petits pots tout préparés que
j'étais descendu faire réchauffer
dans les cuisines de l'hôtel. Les pre-
mières fois que j'étais descendu
aux cuisinesavec mes petits potsd'ailleursdu reste,
la patronne* de l'hôtel me les avait
réchauffés les mes petits potsdes pots que je lui avais emmenésapportés d'assez mauvaise grâce mais
elle s' y était habituée au rituel maintenant, et rajoutait même
parfois
quelquefriandiseextra de son cruà l'adresseau repas de mon fils* un filet de poisson frais par exemple dé-
congelé du jour, ou une vieille pomme ou
une poire qu'elle découpait en petits quartiers harmonieux avant de
les poseret
posait sur le rebord de l'assiette. Parfois, à
midi, quand mon fils* avait
mangé, je le descendais
avec moi dans la salle à manger et il avait tout
loisir d'assister à mon
repas depuis sa poussette , plaisir dont il se
régalait avec un
bonheur égal je remarquai, sage et perplexe dans sa petite
poussette, battant parfois maladroitement dedans ses mains encombrées de pain
et de 'un bouquet de
petites cuillères. Les autres clients, quand il y en avait, considé-
raient
toujours mon fils* avec bienveillance me faisantm'englobant[D2]d'ailleurspro- fiter demoi-même danscette bienveillance par ricochetgénérale<#D2>, comme si la présence de mon fils*
à mes côtés me rendait soudain moins antipathique, ou <#D3>
moins distant [D3]tout
du moins, et nous adressaient des
petits bonjours polisà distancedepuis leur tablede table à table, tandis que mon fils*, impénétrable avec les
hommes, faisait du charme
aux femmes avec un culot qui me sciait de la part
d'un aussi petit roupignoulet.
II, 303
Ce soir-là, après avoir couché mon fils*, je descendis
dîner dans la
salle à manger de l'hôtel. Le patron* servait le repas lui-même et sa femme
faisait laétait dans cuisine qui lui donnait à l'occasion un coup de
main dans la
salle. Nous n'étions pas plus de deux ou trois clients dans
l'hôtel, peut-
être y en avait-il d'autres, mais je ne voyais pratiquement
personne. Mon
fils* avait des horaires très
réguliers, et son
estomac était reglé comme
une petite horloge prussienne,
apparemment, ce qui le rendait assez poin-
tilleux sur la question des
horaires. Je lui donnais ses repas
dans ma chambre en général, après l'avoir installé sur le lit les jambes écartées
et le
bavoir autour du cou, et, tandis que ses yeux avides regardaient dans
l'assiette, je lui présentais avec gourmandise des cuillèrées
d'une pâte
indéfinissable, rouille ou saumon,
issue de petits pots tout préparés que
j'étais descendu faire réchauffer
dans les cuisines de l'hôtel. Les pre-
mières fois que j'étais descendu
aux cuisinesavec mes petits potsd'ailleurs
la patronne* de l'hôtel me les avait
réchauffés d'assez mauvaise grâce mais
elle s' était habituée au rituel maintenant, et rajoutait même
parfois
quelquefriandiseà l'adresse de mon fils* un filet de poisson frais dé-
congelé du jour, une pomme ou
une poire qu'elle découpait en quartiers et
posait sur le bord de l'assiette. Parfois, à
midi, quand mon fils* avait
mangé, je le descendais
avec moi dans la salle à manger et il avait tout
loisir d'assister à mon
repas depuis sa poussette , plaisir dont il se
régalait avec un
bonheur égal je remarquai, sage et perplexe dans sa
poussette, battant parfois maladroitement de ses mains encombrées de pain
et de
petites cuillères. Les autres clients, quand il y en avait, considé-
raient
toujours mon fils* avec bienveillance me faisantd'ailleurspro- fiter demoi-même danscette bienveillance par ricochet, comme si la présence de mon fils*
à mes côtés me rendait soudain moins antipathique, ou
moins distant tout du moins, et nous adressaient des
petits bonjours à distancedepuis leur table, tandis que mon fils*, impénétrable avec les
hommes, faisait du charme
aux femmes avec un culot qui me sciait de la part
d'un aussi petit roupignoulet.
II, 303
Ce soir-là, après avoir couché mon fils*, je descendis
dîner dans la
salle à manger de l'hôtel. Le patron*faisait le service lui-même, servait <#D1>leles repas [D1]lui-même et sa femme
faisait laétait dansrestait dans la cuisine qui lui donnait à l'occasion un coup de
main dans la
salle. Nous n'étions pas plus de deux ou trois clients dans
l'hôtel, peut-
être y en avait-il d'autres, mais je ne voyais pratiquement
personne. Mon
fils* avait des horaires très
réguliers, et son petit
estomac était reglé comme
une petite horloge prussienne,
apparemment, ce qui le rendait assez poin-
tilleux sur la question des
horaires. Je lui donnais donc ses repas à heures fixesà heures fixes,
dans ma chambre en généralà heures fixes, après l'avoir installé sur le lit les jambes écartées
et le
bavoir autour du cou, et, tandis que ses yeux avides regardaient dans
l'assiette, je lui présentais avec gourmandise des cuillèrées
d'une pâte pâtée
indéfinissable, de couleur rouille ou saumon,
issue de petits pots tout préparés que
j'étais descendu faire réchauffer
dans les cuisines de l'hôtel. Les pre-
mières fois que j'étais descendu
aux cuisinesavec mes petits potsd'ailleursdu reste,
la patronne* de l'hôtel me les avait
réchauffés les mes petits potsdes pots que je lui avais emmenésapportés d'assez mauvaise grâce mais
elle s' y était habituée au rituel maintenant, et rajoutait même
parfois
quelquefriandiseextra de son cruà l'adresseau repas de mon fils* un filet de poisson frais par exemple dé-
congelé du jour, ou une vieille pomme ou
une poire qu'elle découpait en petits quartiers harmonieux avant de
les poseret
posait sur le rebord de l'assiette. Parfois, à
midi, quand mon fils* avait
mangé, je le descendais
avec moi dans la salle à manger et il avait tout
loisir d'assister à mon
repas depuis sa poussette , plaisir dont il se
régalait avec un
bonheur égal je remarquai, sage et perplexe dans sa petite
poussette, battant parfois maladroitement dedans ses mains encombrées de pain
et de 'un bouquet de
petites cuillères. Les autres clients, quand il y en avait, considé-
raient
toujours mon fils* avec bienveillance me faisantm'englobant[D2]d'ailleurspro- fiter demoi-même danscette bienveillance par ricochetgénérale<#D2>, comme si la présence de mon fils*
à mes côtés me rendait soudain moins antipathique, ou <#D3>
moins distant [D3]tout
du moins, et nous adressaient des
petits bonjours polisà distancedepuis leur tablede table à table, tandis que mon fils*, impénétrable avec les
hommes, faisait du charme
aux femmes avec un culot qui me sciait de la part
d'un aussi petit roupignoulet.
II, 303
Ce soir-là, après avoir couché mon fils*, je descendis
dîner dans la
salle à manger de l'hôtel. Le patron* servait le repas lui-même et sa femme
faisait laétait dans cuisine qui lui donnait à l'occasion un coup de
main dans la
salle. Nous n'étions pas plus de deux ou trois clients dans
l'hôtel, peut-
être y en avait-il d'autres, mais je ne voyais pratiquement
personne. Mon
fils* avait des horaires très
réguliers, et son
estomac était reglé comme
une petite horloge prussienne,
apparemment, ce qui le rendait assez poin-
tilleux sur la question des
horaires. Je lui donnais ses repas
dans ma chambre en général, après l'avoir installé sur le lit les jambes écartées
et le
bavoir autour du cou, et, tandis que ses yeux avides regardaient dans
l'assiette, je lui présentais avec gourmandise des cuillèrées
d'une pâte
indéfinissable, rouille ou saumon,
issue de petits pots tout préparés que
j'étais descendu faire réchauffer
dans les cuisines de l'hôtel. Les pre-
mières fois que j'étais descendu
aux cuisinesavec mes petits potsd'ailleurs
la patronne* de l'hôtel me les avait
réchauffés d'assez mauvaise grâce mais
elle s' était habituée au rituel maintenant, et rajoutait même
parfois
quelquefriandiseà l'adresse de mon fils* un filet de poisson frais dé-
congelé du jour, une pomme ou
une poire qu'elle découpait en quartiers et
posait sur le bord de l'assiette. Parfois, à
midi, quand mon fils* avait
mangé, je le descendais
avec moi dans la salle à manger et il avait tout
loisir d'assister à mon
repas depuis sa poussette , plaisir dont il se
régalait avec un
bonheur égal je remarquai, sage et perplexe dans sa
poussette, battant parfois maladroitement de ses mains encombrées de pain
et de
petites cuillères. Les autres clients, quand il y en avait, considé-
raient
toujours mon fils* avec bienveillance me faisantd'ailleurspro- fiter demoi-même danscette bienveillance par ricochet, comme si la présence de mon fils*
à mes côtés me rendait soudain moins antipathique, ou
moins distant tout du moins, et nous adressaient des
petits bonjours à distancedepuis leur table, tandis que mon fils*, impénétrable avec les
hommes, faisait du charme
aux femmes avec un culot qui me sciait de la part
d'un aussi petit roupignoulet.